Cette situation de charivari sur fond d’irrégularités constatées dans plusieurs localités du pays fait planer le doute, quant à la sincérité et crédibilité du dit scrutin. Mais le cas de Lakota est assez révélateur. Les joutes pour s’adjuger le fauteuil de maire se sont transformées en une véritable poudrière qui s’est soldée avec une perte en vie humaine. D’où la nécessité de la reprise des élections dans cette circonscription électorale.
C’est un secret de polichinelle. Lakota était au nombre des communes qualifiées de « zones à risques » par les observateurs avertis de la scène politique ivoirienne. À cause des tensions qui ont précédé le scrutin. D’ailleurs, le 10 septembre 2018, le maire de Lakota Samy Merhy a saisi le superviseur de la CEI pour règlement ‘’d’un grave conflit d’intérêts’’ (exploit d’huissier). “En sa qualité de Chef de Cabinet de la Ministre de l’Éducation Nationale, il est donc le supérieur hiérarchique des Enseignants que la CEI a coutume d’investir Présidents et Assesseurs de nos bureaux de vote”, révélait le premier magistrat de Lakota. En effet, pour Samhy Merhy, “de toute évidence, par procuration de ses subordonnés, Monsieur Kouyaté Abdoulaye, Chef hiérarchique des Enseignants appelés à présider nos bureaux de vote ou à en être des assesseurs, se trouvera de facto, ‘’Juge et partie’’ à cette élection municipale ….ce qui par ailleurs, rendrait sujette à caution l’indépendance de la Commission Électorale que vous représentez dans notre région…”.
Du gangstérisme à haute voltige
Des informations proches des populations surtout celles du maire sortant dénonçaient les rumeurs persistantes relatives à l’envoi de certains badauds pour perturber le scrutin. À cela, il faut ajouter les menaces du candidat Kouyaté à l’endroit des instituteurs qu’il a aidés à rentrer au Cafop.
Sur le second point des témoignages et non des moindres tiraient la sonnette d’alarme.“ Il faut se rallier au RDR contre ton gré pour être dans les bonnes grâces de M. Kouyaté. Il traumatise les enseignants dans la mesure où, si vous n’êtes pas avec lui, vous n’aurez que vos yeux pour pleurez », soutient le secrétaire général de la section du Mouvement ivoirien des droits et de défense des instituteurs (Midd) de l’IEP II de Lakota, qui a vu son ‘’salaire mis sous contrôle’’ durant l’année scolaire 2016-2017 par le ministère de l’Education national. Fou, fou…
“ Si tu n’es pas avec lui, c’est que tu es contre lui, mais cela ne nous fait ni chaud, ni froid », a t-il renchéri.
Pour avoir la version de l’honorable Kouyate Aboulaye, joint par téléphone le dimanche 26 août 2018 aux environs de 11h 50mn, ce, après moult tentatives (SMS et appels vocaux), le député élu, Kouyaté Aboulaye, sur un ton amer nous a répondu: ‘’Monsieur, je voudrais que vous fassiez du journalisme vrai, je ne réponds pas à ces genres de questions… ‘’. Après s’être sûrement ressaisi, Il nous invite à être à ses ordres. ‘’…Je suis à un certain niveau de responsabilités au ministère où je suis en fonction, je ne saurai m’inscrire dans ces querelles de clocher et ces débats de bas étages (…) Je sais qu’il y’a certaines personnes qui vous donnent de l’argent pour écrire des articles tendancieux sur ma personne. Je suis au courant. D’ailleurs, plusieurs de tes confrères, m’ont appelé pour me poser la même question (…) J’aurais voulu que vous m’appeliez pour me poser des questions relatives à mon programme pour Lakota. C’est ce dont ont besoin les populations et non de ragots de menaces…”, a t-il conclu.
Et le pire arriva. La chienlit grincheuse de refaire surface. Bilan des heurts du 13 octobre, un mort et des armes saisies et transférées au commissariat de police de Lakota, devenue une poudrière du simple fait de la non crédibilité du vote des électeurs.
Le nommé Oumar Diguiba dit ‘’La terreur’’ est bien connu à Lakota pour ‘’accomplir des missions occultes’’, selon M. Merhy.
L’assassinat de Lakota, pour lequel le maire a porté plainte donnera des pistes de solutions aux rumeurs qui enflent. « Je reste ouvert aux questions des journalistes. Je souhaite que les enquêtes aboutissent et que les responsabilités soient situées. Je me suis sécurisé par des éléments identifiables et légaux », a répondu le maire sortant Samy Merhy. Avant de poursuivre : « Ma vie est menacée jusqu’à ma résidence à Abidjan. Je ne rentre pas dans certains détails, mais les heures qui suivent, une conférence de presse sera prononcée.»
Au regard de tous ces faits empreints d’irrégularités, de menaces et autres tensions entretenues par des hommes supposés proches de Aboulaye Kouyaté, des dispositions doivent être prises pour reprendre le scrutin électoral des élections municipales à Lakota. La préservation de la paix et de la cohésion sociale passe par cette mesure rigoureuse, estiment plusieurs témoins ici.
Par Hippolyte GOURMANTIER
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