La Grande coalition Gëm sa bopp résiste à la grosse tempête sur fond d’acharnement qui s’abat sur elle. Écartée à l’élection présidentielle de février 2019, pour défaut de parrainage et aux législatives du 31 juillet prochain pour les mêmes raisons. Beaucoup y voient un acharnement. Ont-ils tout à fait tort ?
Le sort semble s’acharner sur Bougane Guèye Dani au fil des épreuves des joutes décisives auxquelles sont conviés les électeurs du pays. Deux rendez-vous manqués pour ce jeune leader multi-cartes à l’intelligence débordante au prix d’une forte et longue transpiration. Bougane GUEYE et ses militants sont convaincus qu’il ne s’agit guère de décisions impersonnelles et qu’il s’agit plutôt d’une campagne de « destruction » orchestrée par un régime qui voit en lui un opposant peu accommodant. Des faits apparents lui donnent raison, du moins mettent en exergue certaines curiosités. Car, il est difficilement compréhensible d’expliquer ces «ratages » de Bougane Gueye avec son mouvement qui a un certain ancrage national contrairement à des « nouveaux nés » qui ont pourtant réussi à passer le cap du parrainage. Cet homme d’affaires, magnat de la presse et de la communication paie-t-il pour son opposition frontale contre le régime de Macky Sall qu’il vitupère non sans audace ? Paie-t-il pour ne pas adopter la ligne du patronat sénégalais trop « flexible » avec les régimes, adepte régulier des compromis voire des compromissions pour ne pas fâcher la puissance des pouvoirs respectifs qui étalent leurs susceptibilités ?
Avec un score honorable lors des dernières élections locales du 22 janvier 2022, le patron du groupe de presse DMédia et du Holding Boygues, avait toutes les raisons de participer tranquillement aux élections législatives du 31 juillet 2022. Sa stature politique et sa main généreuse envers les couches les plus vulnérables de la société sénégalaise, lui ouvraient un boulevard d’être parmi les potentiels « faiseurs de rois » dans le jeu politique. Le parrainage-citoyen a été encore une « occasion en or » pour le régime de l’éliminer. S’il a eu à participer aux dernières locales, c’est sans doute parce que ce filtre n’était pas de mise. « Le parrainage-citoyen pour les élections locales devrait être abandonné, et ce dans les plus brefs délais (Recommandation 8). Si la procédure du parrainage-citoyen peut être justifiée dans son principe pour l’élection présidentielle, son application aux élections locales pose des problèmes » note-t-on dans les Recommandations faites par l’Union européenne à la suite de la présidentielle 2019. L’Ue soulignait ainsi une procédure « attentatoire aux droits fondamentaux ».
C’est pourquoi, elle conseillait «pour les autres élections « de mener une réflexion d’ensemble sur l’opportunité de conserver en l’état les dispositifs de parrainage-citoyen (règles, critères de validation, méthodes de vérification, institution en charge de vérifier les listes de parrainage) ». Des discussions devraient être ainsi conduites dans un cadre de concertation impliquant l’opposition et la société civile.
Là où le bât blesse..
Des préoccupations qui recoupent entièrement celles de Bougane Gueye qui exigeait un accès au fichier électoral à tout moment, comme le recommande l’UE.
«Il est recommandé d’amender le Code électoral de façon à accorder aux partis politiques et aux entités regroupant des candidats indépendants un droit d’accès à tout moment aux données figurant sur le fichier électoral à la condition qu’ils s’engagent par écrit à ne pas en faire un usage commercial », peut-on lire dans le rapport final de l’Union européenne sur la présidentielle de 2019.
Bougane Gueye et tous les autres recalés sont victimes de cet entêtement de l’État du Sénégal à faire fi des dénonciations de la Société civile sénégalaise et des recommandations de la Cour de Justice de la Cedeao contre le parrainage et des autres instances internationales comme l’Union européenne. Le jeune magnat de presse, loin de baisser les bras, se dit convaincu que c’est le président de la République lui-même qui s’en prend à lui et à sa coalition. Il lui faudra beaucoup d’énergie pour tenir les assauts intempestifs des officines politiques du régime SALL d’ici 2024. Avant la grande bouée de sauvetage.
Par Hippolyte GOURMANTIER (Confidentiel Afrique)
RSS