
L’urbanisation de l’Afrique, à l’instar de l’évolution du peuplement des autres parties du monde, se poursuit. Toutes les parties prenantes à l’organisation du Somment Africités 8, attendu au mois de novembre à Marrakech, se sont donné rendez-vous à Rabat, pour le lancement des travaux préparatifs. Plus de 5000 personnes, des participants représentant tous les protagonistes de la vie locale africaine, ainsi que leurs partenaires des autres régions du monde, s’y donnent rendez-vous, une 2ème fois après la rencontre de 2009 dans la ville ocre.
Cette 8ème édition des journées panafricaines des autorités locales et territoriales sera axé sur «La transition vers des villes et des territoires durables, le rôle des collectivités locales africaines». A en croire M. Jean-Pierre Elong Mbassi, Secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique), la rencontre se donne pour objectif de relier une pensée de l’avenir à long terme, aux actions à entreprendre dans l’immédiat, compte tenu de la situation actuelle du continent. Au menu, la situation de l’Afrique dans la mondialisation et l’urbanisation, des éclaircissements sur les dimensions de la transition à partir des mutations en cours et des exposés sur lr rôle et la stratégie des Collectivités territoriales africaines dans la transition. Pour identifier les mutations qui définissent les dimensions de la transition, Africités 8 retient la transition écologique, la transition économique et sociale, la transition géopolitique, la transition politique et démocratique, la transition culturelle, scientifique et idéologique, a-t-il indiqué. Il est aussi ressorti dans son intervention que compte tenu du rôle essentiel que joueront les Collectivités territoriales africaines dans la transition vers les villes et trritoires durables, l’enjeu pour elles est de définir et mettre en œuvre une nouvelle articulation, au niveau local, entre les institutions, les populations et les territoires. Justifiant le choix du thème, le Secrétaire général de CGLU Afrique a souligné que la question des migrations, question stratégique centrale des années à venir, connecte les mouvements démographiques liés à l’urbanisation et ceux liés à la mondialisation. Aussi, relativement aux deux grandes questions qui se posent, à savoir «Quel rapport entre les migrations, le développement et la répartition des richesses entre les pays ?», et «Comment respecter et garantir les droits fondamentaux des migrants, des travailleurs migrants et de leurs familles ?», il a défendu que les collectivités locales sont amenées à articuler les réponses à l’urgence et l’inscription des actions dans un projet de transformation sociale et urbaine. De ce point de vue, croit-il, les collectivités territoriales africaines doivent adopter une approche stratégique qui consiste à répondre aux urgences, mais en inscrivant cette réponse dans la perspective d’une transformation structurelle.
Incontournable transition
Unanimes sur le fait que la transition vers des villes et des territoires durables en Afrique n’est pas une option pour le devenir du continent ou du monde, les intervenants trouvent qu’elle est incontournable pour que l’Afrique prenne toute sa part dans l’adoption de nouveaux modèles de production et de consommation, l’adoption de modèles de développement plus attentifs aux limites de l’écosystème au niveau des territoires, des régions et de la planète entière, mais aussi la promotion de nouveaux rapports sociaux fondés sur l’égale dignité des êtres humains, le respect des droits humains fondamentaux, le refus des inégalités et des discriminations, où les valeurs de solidarité sont mises en avant par rapport à la compétition de toutes et tous contre toutes et tous.
Sur Africités, en tant que tel, M. Jean-Pierre Elong Mbassi a assuré que le Sommet concrétise un choix et une volonté. De son avis, il s’agit de renforcer le rôle des collectivités territoriales dans le développement du continent et de contribuer à construire l’Afrique à partir de ces collectivités. Il a ajouté que ce projet s’est déployé à travers les sommets Africités successifs et les thèmes qu’ils ont traités et que le Sommet Africités 8 s’inscrit dans la succession des Africités qui se sont déroulés dans les 5 sous-régions d’Afrique. Il a alors rappelé qu’Africités 1, à Abidjan en janvier 1998, avait pour thème : Reconnaître le rôle incontournable des collectivités locales dans le développement de l’Afrique, Africités 2, à Windhoek en mai 2000, avait pour thème : Financer les collectivités locales africaines pour assurer le développement durable du continent, Africités 3, à Yaoundé, en décembre 2003, avait pour thème : Accélérer l’accès aux services de base au sein des collectivités locales africaines, Africités 4, à Nairobi, en septembre 2006, avait pour thème : Construire des coalitions locales pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement au sein des collectivités locales africaines, Africités 5, à Marrakech, en décembre 2009, avait pour thème : La réponse des collectivités locales et territoriales africaines à la crise globale : promouvoir le développement local durable et l’emploi, tandis qu’Africités 6, à Dakar, en décembre 2012, avait pour thème : Construire l’Afrique à partir de ses territoires : quels défis pour les collectivités locales ?, et Africités 7, à Johannesburg, en novembre 2015, avait pour thème : Construire l’avenir de l’Afrique avec les peuples : la contribution des collectivités locales à l’Agenda 2063.
Un menu appairé aux agendas comuns
De manière un peu plus détaillé Marrakech 2018 sera autour de 3 segments. Les sessions thématiques permettront d’approfondir le thème de la transition vers des villes et des territoires durables ainsi que l’élaboration des politiques et stratégies des collectivitésterritoriales africaines pour répondre aux besoins des populations dans les situations concrètes. Quant aux sessions ouvertes, elles permettront à différents réseaux d’autorités locales africaines ou à des institutions ou organisations souhaitant travailler avec les autoritésterritoriales africaines de présenter leurs propositions et de contribuer aux réflexions. Et au niveau des sessions politiques qui synthétisent le Sommet que seront prévues les rencontres politiques des maires et des autorités territoriales, des ministres, des partenaires au développement, ainsi qu’une rencontre de dialogue politique entre maires, ministres, et partenaires au développement., voire chefs d’Etat.
Aussi, plusieurs événements de grande importance ponctueront Africités 8, notamment l’Assemblée Générale élective de CGLU-Afrique, la Rencontre des ministres africains membres du Comité Technique Spécialisé de l’Union Africaine sur la fonction publique, le développement urbain, les collectivités territoriales et la de décentralisation (CTS8) , la rencontre de dialogue politique tripartite entre maires, ministres, et partenaires au développement, l’Assemblée Générale élective de REFELA (Réseau des Femmes Élues Locales Africaines), la Rencontre des anciens chefs d’État africains, membres d’honneur de CGLU Afrique, les rencontres des élus africains avec les élus chinois, latino-américains, européens, turcs … le Forum sur la question de la migration, la présentation du rapport des Nations Unies sur les afro-descendants, l’organisation d’une Bourse inter africaine de la coopération décentralisée, les évènements spéciaux des villes marocaines, la cérémonie d’attribution du Prix du Meilleur Maire Africain et du Meilleur Budget Participatif en Afrique, lesrencontres B2B dansle cadre de la Bourse des projets organisée au sein du Salon, le Forum sur la construction de coalitions locales entre collectivités territoriales et acteurs locaux, la Rencontre des Grandes Entreprises Africaines et des Leaders des collectivités territoriales d’Afrique, les assemblées électives des réseaux des professionnels des administrations territoriales d’Afrique (secrétaires généraux et directeurs des services, directeurs ou chefs des services financiers, directeurs ou chefs des services techniques, responsables des ressources humaines), la Rencontre des Autorités traditionnelles, la Rencontre du Réseau des Media Africains pour le Développement local (MADEL). Des événements, comme l’ensemble des activités d’Africités 8, dont la couverture sera assurée par les médias nationaux et internationaux et qui seront relayés par le quotidien Africités-Daily diffusé tous les matins dans les hôtels et sur le site, Africités TV et Radio Africités, la conférence de presse quotidienne, les points presse spécifiques, le site internet Africités et le 8 Portail de CGLU Afrique, ainsi que sur les réseaux sociaux, tels que Facebook, Twitter…
Un Sommet plébiscité
M. Bernard Zinsou Dassigli, ministre béninois de la décentralisation et de la gouvernance et président du Comité technique spécialisé n°8 de l’Union africaine (CTS8, 3ème instance de l’UA), a assuré que les membres de cet organe considèrent le Sommet Africités comme l’une des meilleures opportunités offertes à l’Afrique pour parler d’une même voix sur la question de la décentralisation. Il s’est révélé comme une formidable plateforme d’échanges de réflexionsn et de dialogue sur la définition et la mise en œuvre des politiques de décentralisation, a-t-il renchéri. Un hommage a été rendu à CGLU Afrique pour ses efforts dans la structuration du mouvement des Collectivités territoriales en Afrique. Il n’a pas manqué de souhaiter que soit inscrite à l’ordre du jour du Sommet la question de la signature et de la ratification de la Charte africaine sur les valeurs et principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du dévéloppement local (non encore entrée en vigueur à l’UA et qui n’a été ratifiée que par 3 pays).
Même son de cloche auprès de Mme Célestine Ketcha Courtès, Présidente du Réseau des Femmes Élues Locales d’Afrique (REFELA). Mme Rose Christiane Ossoukra Raponda, maire de Libreville et Vice-présidente Afrique CGLU monde, et membre de la Commission politique d’Africités, n’a pas omis de saluer, entre autres personnalités, M. Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar etr Président de CGLU Afrique (toujours incarcéré au Sénégal). Rappelant que Marrakech va abriter pour la seconde fois le Sommet Africités, elle a approuvé un th ème qui cadre avec les préoccupations du moment en termes de lutte contre les changements climatiques et l’instauration du dévelopement durable. La maire de Libreville croit dur comme fer que Africités 8 marquera d’une pierre blanche la trajectoire vers la transformation structurelle du continent en phase avec l’Agenda 2063.
Dans ce meme sillage, le directeur général des collectivités locales du Ministère marocain de l’intérieur, venu remplacé le minsitre M. Abdelouafi Laftit, empêché, ou encore SE Mouhamadou Youssifou, ambassadeur du Cameroun à Rabat, ont loué une rencontre, dont le choix du thème réflète la grande clairvoyance des initiateurs, et qui permet de donner un coup de fouet à la coopération Sud-Sud, mais aussi le rapprochement de femmes et d’hommes en Afrique, mission première de la diplomatie. En gros, les différets intervenants se sont réjouis d’un Sommet qui va apporter sa contribution dans la résolution d’actions contenus dans les agendas communs pour relever les défis auxquels le continent fait face singulièrement dans la gestion des cités.
Par Boubker Badri, depuis Rabat
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