Confidentiel Afrique : Le Président Mahamadou Issoufou a placé sa confiance en vous, en vous nommant Directeur Général de l’Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019, plus communément appelée Agence UA Niger 2019, cumulativement avec vos fonctions de Ministre Conseiller Spécial du Président de la République. Quelles missions intrinsèques vous a-t-il confiées ?
Mohamed Saidil Moctar: Je crois que vous avez bien compris par votre question que la création de l’Agence est l’affirmation de la ferme volonté politique des plus hautes autorités du pays à faire de la Conférence de l’Union Africaine prévue au Niger une grande réussite. La structure que j’ai l’honneur de diriger est en effet dédiée exclusivement à la préparation et à l’organisation de l’événement.
Plus spécifiquement, il s’agit pour nous d’assurer, pour le compte de l’État, les fonctions de maître d’ouvrage délégué et d’agence d’exécution pour toutes les infrastructures entrant dans le cadre de l’organisation de la Conférence de l’Union Africaine. Nous avons aussi pour mission de suivre la réalisation et la mise à niveau des infrastructures nécessaires à la tenue de la Conférence dans les délais requis. L’Agence a également comme mission de susciter, d’encourager et de soutenir les initiatives privées pouvant contribuer à la réussite de la tenue de la Conférence. Nous sommes en plus chargés d’acquérir et de gérer tous les équipements et moyens logistiques liés à la tenue de la conférence; de mobiliser, en relation avec le Ministère chargé des Finances et le Ministère chargé de la Coopération, les financements nécessaires à la réalisation et à la réhabilitation des infrastructures requises pour la tenue de la Conférence. Enfin, il relève de notre responsabilité d’assurer, en rapport avec le Ministère chargé des Affaires Étrangères et les autres ministères et acteurs impliqués, le bon déroulement des travaux de la Conférence.
Pour mener à bien toutes ces missions, l’Agence UA Niger 2019 dispose d’un Conseil d’Orientation et de Contrôle composé de 16 personnalités dont 13 ministres, avec,comme Président, le Ministre Directeur du Cabinet du Président de la République, et Vice-Président, le Ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur.
Confidentiel Afrique : Le Niger reçoit l’Afrique avec quelque 4000 participants à la 33ème conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA, quel est aujourd’hui l’état de la cadence des chantiers hôteliers et autres infrastructures mises à contribution pour accueillir tout ce beau monde ?
MSM : Fort des attributions, nous avons mis en chantier l’essentiel de la vingtaine de projets dont les plus critiques pour assurer la tenue de l’événement dans les meilleures conditions et dans le respect des normes internationales, sont les infrastructures hôtelières, la rénovation et la modernisation de l’Aéroport international Diori Hamani, la construction d’une voie express reliant l’aéroport au centre-ville de Niamey, la réhabilitation et l’extension du Palais des Congrès de Niamey, la construction d’une Cité de l’Union Africaine et de villas présidentielles de très haut standing. Pour le reste, nous sommes en train de travailler d’arrache-pied avec différents acteurs impliqués pour avoir des restaurants et des espaces de loisirs et de spectacles aux standards internationaux, prévoir suffisamment d’équipements de transport et de sécurité, disposer de grandes voies de circulation urbaine pour un accès facile aux sites de la conférence et aux lieux d’hébergement, réaliser un ambitieux programme de formation et de renforcement des capacités d’acteurs relevant des métiers de l’hôtellerie et de la restauration, du protocole, de la santé, de l’assainissement, de la sécurité, etc.
En d’autres termes, je me félicite de cette ébullition et de cette cadence intenses qui nous poussent tous vers le respect des échéances fixées.
Le Gouvernement du Niger est conscient du défi que constitue l’organisation d’un tel évènement
Cette organisation prévue en juillet 2019, intervient dans un contexte de tension de trésorerie, quels sont les mécanismes de financements mis en place par l’État nigérien pour assurer en quiétude les financements de toute cette pléiade d’infrastructures et de chaîne de logistique ?
Vous avez parfaitement compris le principal défi que nous avons à relever. Le Gouvernement du Niger est conscient du défi que constitue l’organisation d’un tel évènement dans un contexte de difficultés financières et économiques, aussi bien au plan national qu’au plan international.
Il est aussi convaincu de la nécessité pour le pays de se doter d’infrastructures aux standards internationaux et d’un savoir-faire pouvant lui permettre d’être capable d’organiser des rencontres de haut niveau et de tirer profit de son positionnement géographique. Nous avons réfléchi à toutes les contraintes financières puis nous avons opté pour differentes approches innovantes qui nous permettent d’éviter d’accroitre le ratio d’endettement de l’État, et de recourir très peu aux caisses de l’État. Pour la réalisation des projets d’infrastructures, qui constitue le volet le plus coûteux de l’organisation de l’événement, nous avons essentiellement fait appel à des investisseurs privés nationaux et internationaux, soit sous forme d’investissements directs, soit sous forme de BOT (BuiltOperate and Transfer). Pour le financement du fonctionnement de l’Agence que je dirige, nous avons mis en place une stratégie d’autofinancement qui nous permet aujourd’hui de mobiliser des ressources additionnelles à la dotation annuelle de l’État.
En ce qui concerne le financement du déroulement de la conférence de l’Union Africaine, l’État s’est engagé à assurer des dépenses telles que l’hébergement des hôtes de marque ainsi que le transport des délégations.
Enfin, au chapitre du financement des besoins en équipements et en formation, nous allons faire appel à l’appui des partenaires et pays amis du Niger qui sont prêts à nous accompagner.
Cet événement revêt deux dimensions majeures: celle de la communication politique et celle du positionnement du Leadership diplomatique international du Niger. Qu’envisagez-vous ?
En confant au Niger l’organisation de la 33ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, les Chefs d’État africains reconnaissent par cet acte le leadership démontré et éprouvé de notre pays et de ses gouvernants sur de grands défis tels que la lutte contre le terrorisme, le libre-échange à l’échelle du continent, le contrôle des flux migratoires à visage humain entre l’Afrique et l’Europe, etc. Fort de cette reconnaissance et de son désir d’offrir aux Nigériens une vitrine exceptionnelle de leur savoir-faire et de leur sens de l’hospitalité, le Président Mahamadou Issoufou, s’est engagé devant ses pairs à organiser la conférence de l’Union Africaine au Niger.
Fort de son leadership, le Président Mahamadou Issoufou, s’est engagé devant ses pairs à organiser la conférence de l’Union Africaine en 2019 au Niger.
Ce faisant, le Chef de l’État s’est fixé trois objectifs. Premièrement, renforcer notre action diplomatique et accroître la visibilité du Niger sur la scène africaine et internationale; deuxièmement, permettre aux opérateurs économiques de tirer profit des retombées de cet évènement et, troisièmement, renforcer les capacités du Niger en termes d’infrastructures et de savoir-faire et donner ainsi la possibilité à notre pays d’accueillir d’autres évènements d’envergure Internationale.
En résumé, je dirai que la conférence que nous allons accueillir, est non seulement un signe fort de la vitalité de notre diplomatie mais aussi et surtout une grande opportunité pour notre pays de se hisser au rang des pays en mesure d’organiser de grands évènements.
Le Ministre Conseiller Mohamed Saidil Moctar serein et optimiste à relever le défi de l’organisation du Sommet UA au Niger en 2019
Êtes-vous optimiste à relever le pari de tenir en juillet 2019 ce Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine conformément au chronogramme défini ?
Je suis totalement optimiste, dans la mesure où nous avons la maîtrise totale de notre tableau de bord. Nous savons parfaitement ce que nous allons faire, nous connaissons les sources de financements de ce que nous allons réaliser, nous avons notre planning et notre cahier des charges. Par-dessus tout cela, nous sommes rassurés par la volonté politique des plus hautes autorités du pays, ce qui nous permet d’armer que rien n’est impossible. En effet, à partir du moment où le Président de la République s’est engagé, avec le Premier Ministre et l’ensemble des membres du Gouvernement, à réaliser le projet de la tenue de la Conférence de l’Union Africaine au Niger et du fait que l’essentiel de nos projets sont lancés, aucun doute ne plane sur sa tenue et son bon déroulement. Nous avons élaboré une stratégie de communication qui nous permet de tenir l’ensemble des Nigériens régulièrement informés de l’état de la préparation de cette conférence et d’être mobilisés autour de ce projet national.
Quel est le message que vous-voudrez bien lancer à la population nigérienne ?
Nous invitons tous les Nigériens à se mobiliser pour la réussite de ce projet. Mais le doute n’est plus de mise car il y a des indicateurs et des faits qui nous permettent de croire que nos compatriotes font déjà bloc. C’est l’engagement du gouvernement, c’est aussi l’engouement des Représentants du peuple, de la société civile et de la population, lorsque nous leur avons présenté le projet, ses retombées et sa portée pour l’ensemble des Nigériens. Nous avons également senti cette adhésion à travers les encouragements, les manifestations de disponibilité de Nigériens à nous accompagner de manière bénévole et désintéressée. Cela constitue pour toute mon équipe et moi une source de motivation pour la bonne conduite de ce projet qui est un projet de l’ensemble des Nigériens pour les Nigériens.
Propos recueillis par nos envoyés spéciaux à Niamey, Ismael AIDARA et Hippolyte Gourmantier
Interview Parue dans » SPÉCIAL NIGER HORS SÉRIE » Confidentiel Afrique
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