L’or noir attire et travailler dans ses plateformes pétrolières devient un gagne pain de bon nombre de jeunes gabonais, qui ont perdu espoir de décrocher un job dans l’administration. C’est le grand rush sur les plateformes pétrolières. Cette nouvelle motivation explique l’intérêt suscité de ces grosses vannes noires. Les jeunes prennent d’assaut ces plateformes désormais devenues des bâtisses de survie dressées en haute mer.
Pain béni en haute mer
Ce travail exige parfois d’y rester pendant plusieurs semaines, voire des mois. Mais le salaire au bout de l’effort malgré l’isolement en vaut la peine.
Fuir la misère à terre et vivre le paradis à plusieurs kilomètres en haute mer, est devenue une réalité car les jeunes se dotent de « bouées de sauvetage » sur les plateformes en mer pour fuir le chômage et le rejet par la famille.
Nicolas Lombé Nsole, la trentaine, a été embauché comme opérateur sur un site en haute mer par la compagnie pétrolière Total Gabon. Il nous explique les raisons de son choix d’avoir suivi une formation à l’IPG.
« Habituellement les formations proposées dans les lycées techniques sont très théoriques avec une partie marginale dédiée à la pratique. Le secteur technique pétrolier est un domaine pointu qui demande beaucoup de rigueur et de productivité. Tous ces facteurs m’ont incité à opter pour cette formation », nous confie Lombe Nsolé.
15 jeunes retenus sur 200 postulants
S’agissant de son activité sur le site, il se réjouit de constater que « le travail d’équipe est très encouragé. Mon recrutement s’est déroulé en deux phases : l’une dite de présélection ( dépôt de dossier avec des critères à remplir : âge, niveau scolaire etc.) et l’autre consistant en un concours auquel ont pris part environ 200 candidats. Seuls 15 d’entre eux ont été retenus pour suivre une formation de 15 mois et sanctionnée par le Brevet d’opérateur de production ».
Interrogé sur son passage à la vie professionnelle, il déclare ne pas avoir rencontré de difficultés d’adaptation car l’encadrement a été parfait ayant par le passé déjà exercé dans le secteur de la consignation des navires, il était fort bien préparé à la rigueur qu’exige son nouvel environnement de travail.
« Nous nous trouvons sur une sorte de petite île flottante et isolée dans l’océan atlantique avec son lot de travailleurs qui fourmillent qu’un niveau à l’autre de la plateforme pétrolière », explique-t-il.
L’autre aspect soulevé par notre jeune diplômé de l’IPG est la sécurité. « Les visites des installations pétrolières sont toujours précédées par un rappel succinct des règles de sécurité qui passe, notamment, par la reconnaissance des points de rassemblement en cas de danger ».
Un travail qui exige discipline et éveil
Le travail en mer offre de larges possibilités d’emplois mieux rémunérés qu’à terre où le chômage sévit très fort et l’espoir de décrocher un emploi stable, sans réelle qualification, devient une sérieuse préoccupation pour les parents. Cet institut va désormais recevoir les jeunes Africains désireux d’embrasser les filières de l’industrie pétrolière. Le projet IPG est la matérialisation de la volonté de mettre en place au Gabon un système éducatif capable de répondre aux exigences d’une économie pétrolière moderne, génératrice de croissance et de développement durable. Comme d’autres jeunes ne trouvant pas facilement un métier à terre (onshore) Nicolas Lombé Nsolé fait partie de la 2ème promotion des techniciens qui ont décroché leur Brevet d’opérateur de production.
Plusieurs promotions sont déjà sorties de l’Institut : 52 diplômés ont été embauchés par des société pétrolières opératrices. Les locaux de l’Institut du pétrole et du gaz ont été inaugurés en janvier 2014 et sa construction a été financée par la Provision pour investissement diversifié (PID) de Total Gabon avec un budget d’investissement de 5,5 milliards de francs CFA.
Pas besoin de transiter par la Libye pour rejoindre l’Europe
Les jeunes qui rêvent de visiter ou de vivre en Europe n’ont pas besoin de subir le calvaire de leurs frères africains qui transitent par la Libye et y subissent les sévices les plus inhumains. Avec une bonne dose de sérieux et de baraka, nos techniciens du pétrole et du Gaz peuvent poursuivre leurs formations dans les filiales de l’étranger, en France, à Londres ou en Hollande ou encore dans les capitales pétrolières américaines (Texas, Californie) dans le cadre d’une formation de spécialisation ou de stages précis. C’est aussi une possibilité de fuir la monotonie du pays où le chômage est devenu endémique.
Avec cette facilité d’intégration qui leur donne la possibilité de travailler à travers le monde, les jeunes peuvent rêver. Depuis peu, des alliances ont été nouées avec des partenaires industriels pour permettre aux programmes de formation de répondre aux exigences réelles du milieu industriel.
Ainsi, les référentiels et programmes de formation permettent à de nombreux jeunes une spécialisation pluridisciplinaire pointue dans un contexte d’apprentissage très proche des conditions d’exercice de la profession. Avec un bon salaire et un avenir assuré, les jeunes sont prêts à tout !. Le Gabon devient un hub pétrolier incontestable alliant la formation des jeunes vers ces secteurs pointus et émergents et emploi.
Reportage au Gabon de Hugues DESORMAUX
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