Issoufou Mahamadou, l’insubmersible
À trois ans de la fin de son deuxième quinquennat (2016- 2021), Issoufou Mahamadou (66 ans) tient sur de solides béquilles. Depuis son accession au palais de Niamey en 2011, suite à des élections apaisées et démocratiques, les lignes bougent. Le pétrole coule des vannes de la raffinerie de Zinder avec son avènement au pouvoir. Une Baraka du ciel. Ses prédécesseurs n’ont pas bénéficié de cette aubaine. Pour ironiser, des Nigériens se plaisent à dire que c’est le ciel qui a béni Issoufou Mahamadou.
Chantiers à foison
Le compteur affiche plein pot. Ponts, échangeurs, routes reliant des villes de l’intérieur changent le visage du Niger. La capitale s’est embellie. Le » Niamey Nyalla, ville coquette » prend forme. L’érection de l’hôpital de référence, un plateau médical ultra-moderne, le plus équipé de la sous-région, construit par les Chinois, est le fruit d’une coopération dynamique sino-nigérienne.
Qu’on l’accepte ou pas, les infrastructures sortent de terre. La centrale électrique Gorou Banda, inaugurée décembre 2017, est aussi une des grandes réalisations du Président Issoufou . Le hic, est que cette centrale n’est pas toujours au point, avec un réseau trop souvent lézardé. Le gouvernement s’y attèle.
Image repolie
Le Niger a gagné des points. Le Plan Renaissance 2 engagé par les autorités gouvernementales a bien porté ses fruits. Pour preuve; la dernière table ronde des bailleurs à Paris fut une belle moisson. Le pays a pu lever 23 milliards d’euros pour des besoins estimés à 17 milliards d’euros. Une grosse prouesse. Signe aussi de la crédibilité de la signature de l’État sur les places financières internationales.
Le Niger reçoit l’Afrique en juillet 2019. L’Union africaine y tiendra sa 33 ème Conférence des chefs d’État et de gouvernement. Le défi est grand. Niamey est déjà en chantiers via des méga-projets hôteliers et une Cité d’affaires high tech pour accueillir quelque 4000 participants au sommet. L’Agence UA Niger 2019 est au four et moulin. Un baroud d’honneur pour la notoriété et le leadership du Président Issoufou Mahamadou. Même motivation chez le Ministre Conseiller Spécial du Président de la République et Directeur Général de l’Agence UA Niger 2019, Mohamed Saidil Moctar qui multiplie l’offensive et monte en première ligne ( Lire l’interview exclusive du Ministre en Pages 28-31 dans le Spécial NIGER HORS SÉRIE).
Champion de la ZLEC
L’homme fort de Niamey s’est illustré ces derniers mois par son engagement pour la mise en œuvre de la Zone Libre d’Echange Économique Continentale. Il a conduit et supervisé ce Projet phare de l’Union africaine jusqu’au Sommet de Kigali du 21 mars 2018. Avec brio. L’avenir du Lac Tchad est sur son tableau de bord. Il s’est investi et continue à faire entendre sa voix sur l’échiquier international.
Adrénaline
Sous le magistère du Président Issoufou Mahamadou, tout ne brille pas. L’opération «Mains propres» ou «Corruption 0» traîne les pieds. Depuis l’affaire CaïmaGate, ce scandale sulfureux à la Madoff, on attend impatiemment de voir. À quand aussi les autres gros pontes de la République rendront-ils compte ?
Pour l’instant, on parle d’une bouteille dans la mer. Beaucoup ergotent que l’arrivée à la HALCIA (Haute Autorité pour la Lutte contre la Corruption et Infractions assimilées) du magistrat émérite, réputé pour son intégrité, Gousmane Abdourahamane, a donné du tonus au gendarme de l’État. L’emprisonnement courant mars 2018 de certains représentants de la société civile et des forces syndicales mettent un trait noir dans le tableau du régime. Sans doute. Même si le régime parle d’atteinte à la sécurité publique. L’exercice du pouvoir est une épreuve démocratique. Un art.
Celui ci d’une certaine façon confère un quitus de concession entre les acteurs du jeu politique. Le pays traverse une crise sociale. Ébullition tous azimuts. Le grand déballage sur la Loi des Finances fait désordre. Stratégie de Com de l’État a pêché. Des millions de Nigériens attendent les retombées de la production pétrolière. L’or noir dont la production ne dépasse pas les 20 000 barils/ jour, ne lubrifie pas la calebasse. Le méga barrage de Kandadji, d’un montant de plus de 560 milliards de Fcfa- qui doit être érigé dans la région ouest (Tillaberi ), ce grand rêve des Nigériens- est sur toutes les lèvres. Aux dernières nouvelles, le projet dit-on avance et le constructeur a été retenu. Une exclusivité de Confidentiel Afrique. Il s’agit du Chinois, CGGC. Mirage ou réalité? Kandadji, si ça se réalise, serait l’un des plus grands chantiers du bilan d’Issoufou Mahamadou au terme de la fin de son second quinquennat.
Syndrome du vide
Exilé en France, Hama Amadou est encore loin du jeu politique. D’ici à 2021, tout se fait et se défait. Sur le ring, point de poids lourds. Faute de combattants aguerris. Presque. Son parti (Moden- FA- Lumana ) piloté par ses proches collaborateurs s’attellent à sauver les meubles.
Trouveront-ils l’alchimie à restaurer le charisme et l’écrin de Hama Amadou, le Sphinx de Youri ? Le reste de la légion dont le dernier des Mohicans de la scène politique nigérienne, est Mahamane Ousmane, ne fait pas peur, rassurent les partisans d’Issoufou. Quelle opposition fera face donc à l’échéance présidentielle prochaine au parti au pouvoir ? Surprise d’un destin caché.
Par Ismael AIDARA, Directeur Éditorial
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