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Diamniadio lake city, Kilamba, Konza City
L’Afrique « expose » ses « nouveaux dragons »
De villes nouvelles en Afrique, on en connaissait déjà Abuja au Nigeria et Yamoussoukro en Côte d’Ivoire pour les plus anciennes. Depuis quelques années, c’est comme une marche forcée qui s’annonce du coté de Kilamba en Angola, Konza city au Kenya, Hope City au Ghana, ou encore Diamniadio au Sénégal. Impressionner et faire frémir d’émotions ceux qui y arrivent, voilà qui semble être le nouveau mot de passe des uns et les autres à la tête des pays sur le continent. Et, pendant que les villes anciennes, sans aucun avenir, se meurent, il semble qu’on rêve désormais, de choses plus sophistiquées. Dans cet univers de rêve où l’on cherche à faire la promotion de cette expertise en pleine émergence sur le continent, il s’agit juste d’un test majeur qui veut prouver au monde que l’on peut nous aussi concevoir et mener à terme de véritables projets urbains à tous les coups et au feeling. C’est pour contribuer à ce débat fascinant sur le futur de la cité que, votre journal Sud Quotidien vous invite, ce mois-ci, à ce voyage charmant sur tous ces projets en cours sur le continent. En n’oubliant pas que dans ce monde fascinant, surgissent aussi des questions de fonds sur les points forts comme sur les faiblesses de ces « monstres » en tout genre en gestation un peu partout sur le continent.
Le XXI ème siècle sera africain ou ne sera pas, aurait-on pu dire en voyant ce que le continent essaie de faire de les domaines de l’urbanisme, de l’architecture et de l’aménagement des nouvelles villes. Dans une Afrique presque décomplexée, les pouvoirs ont fait le choix de jouer sur cette « folie » des nouveaux pôles urbains et du coup, tous les rêves devenus possibles ou probables. Au Ghana, au Kenya, en Angola, au Nigeria, au Sénégal, l’on voit surgir ici et là, des cités d’un autre temps qui n’ont rien à voir avec les premiers projets urbains lancés il y a une vingtaine voire une trentaine d’années un peu partout.
L’Afrique des nouveaux dragons ; voilà qui serait aussi un bon titre de film pour symboliser le caractère fou des caricatures que le génie des urbanistes, autres architectes et artistes essaient de vendre aux décideurs du continent, à tous les coups. A tous les prix. Après les Dragons d’Asie comme l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, voici venue l’heure de l’Afrique des nouveaux monstres. Là, au lieu de les bouffer, ils sont plantés au cœur des villes sous toutes les formes avec toute sorte de matériaux : le fer, le bois, le vert, les couleurs etc. Au gré des voyages, et des découvertes, chaque chef d’Etat revient avec ses rêves et une certaine folie des grandeurs. Et, tout doit changer d’un coup de baguette magique.
Pour faire beau, il faut tout changer ; mais comment ? Et, c’est ainsi que sortent des tiroirs des vieux projets de cités, de villes de prestige, mais encore d’espaces d’innovations sans commune mesure avec ce qui existe déjà en mieux. On oublie tout et l’on s’y met. On annonce un peu de tout pour faire soft et hard en même temps. Devant tant de courbes sorties du génie humain, le design ainsi que les dessins en tout genre simplifiés par les ordinateurs pour certains, permettent toutes les prouesses et une forme de béatitude pour le visiteur impressionné. Cependant, beaucoup de questions se posent aussi autour pour qu’on ne tombe pas dans quelques années, dans les travers des nouvelles cités qu’on a connues dans un passé récent à travers le monde.
N’est-ce pas la Chine, pays des projets gigantesques, qui a osé ouvrir la voie et donné le ton là où l’occident calculait et restait bloqué sur son histoire contrastée sur le continent et selon les pays. Et, voilà qu’une vingtaine d’années après que Shanghai et son nouveau port, le premier au monde, ont fini d’impressionner tout le monde que l’Afrique avec l’Angola, le Kenya, le Nigeria, la Guinée Equatoriale, le Nigeria, s’y met. Rêve de gigantisme, simplement l’envie de faire géant et plus soft sont devenus les nouveaux crédos des pays qui veulent « forcer » l’émergence.
Pendant qu’urgence et priorités se mélangent et ne semblent pas bien définies, l’on fait avec les phénomènes à la mode pour un mandat et non pour des générations. C’est le moment des petites folies, mais aussi de la folie des grandeurs. Nouvelles tendances, nouvelles folies… Diamniadio Lake City (Dlc) se construit au Sénégal pour un coût estimé à quelque 2 milliards de dollars Us. 1300 milliards FCfa, pour faire une nouvelle cité, cela vaut-il la peine dans un pays même dit émergent ? Où va l’urbanisation au Sénégal et en Afrique dans ce contexte où loin de la côte ouest-africaine, l’Angola un peu plus bas vers le sud, avec Kilamba, mais encore le Kenya du coté de l’est, avec le défi Konza city, osent autre chose ? « Le monde change et nous, avec lui », semble-t-on dire.
Gigantisme et folie au cœur du rêve
Dans une Afrique un peu mieux cotée au niveau des indices de développement pour sa croissance économique qui ne cesse de gonfler entre 5 et 8%, l’on tente des choses inimaginables il y a peu de temps. Cela, déplorent certains experts et démographes, au mépris de toutes les règles de recomposition et de consolidation des territoires. La région, son territoire, ses réalités, ses forces et ses faiblesses ne semblent plus intéresser personne, l’on crée des villes irréelles, sans aucune note sérieuse sur l’avenir et le reste de la terre proche ; selon qu’on parle d’agriculture, de paysages ruraux ou encore de développement rural.
Parce que certains comme l’Angola et le Nigeria ont tout « détruit » pour et par le pétrole au moment où les autres pays comme le Sénégal, parce qu’ils en découvrent de nouveaux gisements, se mettent eux aussi à rêver de gigantisme, de villes fantomatiques du genre Diamniadio, Konza City, Kilamba pour ne citer que ces exemples.
Pendant ce temps, dans un occident, à l’heure des smartcities, l’on essaie de moderniser encore plus des villes anciennes comme Prague, Milan, New York, Montréal et même Paris en direction des Jeux Olympiques de 2024. Rien que de vieilles villes, qui, parfois, n’ont pas la moitié de l’âge de la cité historique et culturelle de Saint-Louis qui a été érigée en ville depuis 1659. Saint-Louis, dans le domaine du « Wintage urbain », cela veut bien dire quelque chose pour les urbanistes des 18 ème, 19 et 20 ème siècles.
Pendant que Paris et ses maires successifs tentent à chaque fois de moderniser davantage les paysages ; cela grâce au génie des planificateurs, des artistes et autres inventeurs et théoriciens de la cité, ici on tente autre chose. Et, pendant ce temps, rien ne bouge toujours pas du coté de la vieille ville. Le smart lightning, c’est pour les autres. Le charme, c’est encore vers ces nouvelles perles urbaines. La lumière aussi et le tourisme d’un autre genre sur le continent d’aujourd’hui, c’est aussi vers Konza et les autres. Pendant que Yamoussoukro et Abuja, sont aujourd’hui bien dépassés, c’est l’heure des big new cities en Afrique.
Sur la liste, l’Angola qui veut créer la perle de l’Afrique, selon les propres mots de José Antonio Maria Da Conceiao e Sylva, jeune ministre angolais de l’Urbanisme et du Logement, est bien un pays précurseur. Il faut dire que pour un pays dévasté par la plus longue guerre civile connue en Afrique après les indépendances, bâtir devient tout de suite, une priorité une fois la paix revenue. Et impressionnée par les réussites d’un pays pas loin, la Guinée Equatoriale riche de son pétrole, l’Angola et ses autorités, à commencer par le président José Eduardo Dos Santos, ont compris qu’ils pouvaient faire plus et mieux que ce petit pays.
Après avoir poursuivi et fini les opérations de déminage, le pays se devait de s’attaquer à la question de l’éducation mais encore celle de l’urbanisation, des infrastructures sanitaires et de la sécurisation des villes et villages. Voilà qui explique le contexte de lancement des novas cidades comme Benguela sur la côte, mais surtout Kilamba. Il faut préciser qu’avec un stock d’actifs évalué à environ 70 milliards de dollars, le pays est à présent, le troisième marché financier d’Afrique subsaharienne après le Nigeria et l’Afrique du Sud. Et voilà pour le contexte. Un plus loin, vers l’est, du continent, le Kenya, sur le modèle de la Sillicon Valley, en Californie, tente autre chose du coté de Konza city.
Zoom sur…
Kilamba, la « perle » angolaise
On dit de Kilamba, que c’est la première et la plus avancée des novas cidades (nouvelles villes en portugais) qui émergent en Angola. Située à une trentaine de kilomètres de Luanda, la capitale du pays, c’est une toute autre cité que les autorités angolaises ont fait le pari de reconstruire avec des routes bien tracées, des passages piétons très larges adaptés à la marche, mais encore des immeubles flambant neufs et des parkings adaptés aux nouvelles fonctions données à la ville et à chaque appartement.
Le projet urbanistique a été lancé en 2008, à l’initiative des organismes Citic Group et de la banque Icbc de Chine populaire, en échange d’un accès prioritaire aux ressources naturelles du pays (notamment le pétrole). Inauguré en 2011, le projet s’achève finalement fin 2012. Destinée à accueillir au moins un demi-million de personnes, la Nova cidade de Kilamba a été construite par une entreprise publique chinoise, la China International Trust and Investment Corporation ( Citic) en trois ans pour une somme estimée à 3,5 milliards de dollars (environ 2 ,8 milliards d’euros).» Astronomique pour un projet qui ne l’est pas moins.
Etendue sur 5200 hectares, Kilamba est l’une des plus importantes cités construites par les Chinois en Angola, et également l’un des chantiers immobiliers les plus conséquents d’Afrique, pour les défenseurs du projet. Adossé sur le fleuve Kwanza qui lui fournit son eau, il fait suite à la promesse du président José Eduardo Dos Santos de construire un demi-million de logements dans le pays durant son mandat.
La nouvelle ville a été divisée en 24 quartiers qui regroupent un total de 715 immeubles, qui abritent 20.000 appartements. Le plus charmant pour celui qui arrive, est aussi dans la couleur des façades adoptées pour rendre la ville plus douce et plus attrayante : à savoir, le bleu, le vert, le marron et la crème. Dans un pays bien arrosé par les pluies tropicales comme l’Angola, l’on ne devrait pas s’étonner que des espaces verts apparaissent alors que cela devait être la norme. Avec un plan directeur d’urbanisme conçu par un cabinet chinois, (quoi de plus normal pour un pays dirigé par le Mpla depuis 1975, date de l’indépendance angolaise), il s’agit pour les autorités de ce pays du sud-ouest de l’Afrique qui s’étend sur une superficie de 1.246.000 km 2 (23 ème pays parmi les plus grands au monde), pour une population estimée à seulement quelque 24.383.00 habitants (recensement de 2014), d’un projet gigantesque.
Un projet dont s’est approprié le gouvernement avec des spécifications bien angolaises au cœur desquelles, le président Dos Santos qui a lui-même demandé aux architectes pour le logement, « que les appartements à quatre pièces aient une superficie de 110 mètres carré au lieu des 100 mètres carré habituels. » Kilamba selon lui, est d’abord un projet pour le peuple angolais. C’est ainsi qu’aujourd’hui, le prix d’un appartement quatre pièces prévu pour coûter 125 000 dollars a été abaissé par l’Etat angolais à environs 70.000 dollars. Alors que pour les grands appartements, le prix qui était estimé à quelque 200.000 dollars au départ, ne devrait pas dépasser 180 000.
L’autre exigence étant que le site soit située aux environs des sources fiables d’eau et d’électricité. Belles exigences s’il en est pour un président qui fait un projet pour son pays et non, pour l’extérieur. C’est aussi cela, le charme d’une ville comme Kilamba.
Au final, en dépit de ces charmes, le monde des spécialistes n’est pas totalement charmé par le projet. Il se pose des questions sur la durabilité d’un tel projet urbain qui consiste à créer un concept totalement angolais de ville. Ce qui n’est pas mal. En 2012, déjà peu d’habitants peuplaient encore cette ville dite fantôme à ces débuts. Une journaliste de la Bbc a visité Nova Cidade de Kilamba, décrivant un endroit « étonnamment silencieux, les voix rebondissant sur les murs de béton tout frais et les routes vides. Il n’y a guère de voitures et encore moins de personnes, juste des dizaines de rangées d’appartements colorés se répétant à l’infini, les volets fermés et les balcons vides. Après avoir conduit pendant quinze minutes, nous n’avons rien vu à part des ouvriers chinois, dont beaucoup vivaient dans des préfabriqués autour du site. »
Par la qualité des matériaux utilisés, leur adaptation aux conditions physiques et climatiques du territoire angolais, des questions de normes et de la viabilité de l’expertise chinoise se posaient aussi.
Konza city
Le Kenya aussi à l’heure des cities
La construction du projet grandiose de Silicon Savannah ou Konza city a commencé également au Kenya il y a quelques années. A l’opposé de Kilamba, qui devrait être une ville habitable et paisible, Konza City a été perçu par les autorités kenyanes comme une ville virtuelle. L’idée des autorités kenyanes est de construire, comme sur le modèle de Diamniadio, une ville entièrement dédiée à la technologie, avec des start-up, des bureaux, des universités mais aussi des logements. Le tout sur un seul et même espace.
Située à 60 kilomètres de la capitale kényane, cette nouvelle ville prévoit la création de 200 000 emplois d’ici à 2030. Bienvenue dans la Silicon Valley made in Kenya ! Le président Kibaki, qui a présidé au lancement des travaux de la « Silicon Savannah », en janvier 2013, avait, avant son départ de la présidence Kenyane, présenté le projet comme « ultra moderne et visionnaire ». Située, elle, à 60 kilomètres de Nairobi, la nouvelle cité sera installée sur 2000 hectares de savane, soit 1,5 million de mètres carrés de bâtiments.
Le projet prévoit de construire 22 000 logements et d’accueillir des centaines d’entreprises et de lieux d’apprentissage. Mais, contrairement au projet Hope City du Ghana qui est prévu sur trois ans, Konza city mettra vingt ans pour atteindre son objectif final, selon KoTDA l’autorité en charge des travaux. Aujourd’hui, tout reste à faire pour transformer cette savane en place centrale de l’économie nationale : la route, le réseau ferroviaire, l’acheminement de l’eau, de l’électricité…
Entre 10 et 14,5 milliards de dollars, des milliers d’hectares de savanes, un objectif de 200 000 emplois… Les chiffres de ce projet immobilier, technologique et économique font tourner la tête. Tout miser sur les nouvelles technologies, voilà l’objectif du pays. Avec un Pib estimé à 62 milliards de dollars en 2014 et une croissance de 5 %, le Kenya est l’économie la plus importante d’Afrique de l’Est. Mais cela devrait-il mener les autorités actuelles ou à venir vers de telles folies ?
Aujourd’hui, le gouvernement du président Uhuru Kenyatta encore bien malmené au sortir de la présidentielle de ces derniers jours, veut favoriser les Tics, les technologies de l’information et de la communication. Les retombées qui en découleront devraient largement dépasser l’investissement initial qui a été validé par le gouvernement kényan et qui devrait s’élever à près de 210 millions $.
Focus sur…Diamniadio
Folie des grandeurs, innovations, business et encore…
Une ville verte. Une cité de toutes les innovations, une cité de nulle part comme dans un cliché digne d’Eurodisney ou Disneyland, voilà la formule autour de laquelle s’activent depuis trois ans ou plus, ingénieurs, architectes, autres planificateurs, défenseurs et « sorciers » des news cities, et investissent tout leur savoir. Un travail énorme. Géant pour dire, mais qui prendra fin quand ?
Projet d’un mandat ou de deux, voire et plus raisonnablement, projet de générations, ce défi mérite tous les regards. Au cœur de la zone verte Cap-Verdienne, le Sénégal a décidé de camper ses premiers principes d’innovations sous le sceau d’une ouverture vers ce qui se fait de mieux au monde en matière d’ingénierie urbaine. Mais, le saut en vaudrait-il la chandelle quand tout n’est pas aussi rose dans le pays ?
On aura chanté les mérites de ce projet d’envergure rarement tenté par un pays du continent, la question de la maintenance des infrastructures, celle de leur bonne gestion se poseront un jour. Quel profil devrait avoir le futur maire de cette grosse agglomération située entre Dakar, Thiès et Mbour ? A-t-on pensé aux habitants, et résidents de la ville, dont certains ne seront que de passage pendant que d’autres, les résidents permanents se verront désormais comme des étrangers ? Réfléchit-on concrètement à ce que devrait-être les budgets de fonctionnement et d’investissement d’une telle infrastructure ? Toutes ces questions sont devant les tenants de cette nouvelle ville. Mais, qui y pense en ce moment.
Il y a toute une littérature autour de ce projet quand on prend le soin de lire. Il est écrit ainsi que « Contrairement à Dakar où, malgré les efforts des gouvernements successifs pour améliorer la mobilité, l’enclavement provoque des embouteillages cauchemardesques, Diamniadio a pris les devants en matière de desserte. D’abord, avec l’autoroute à péage, qui, depuis août 2013, permet de parcourir les 30 km séparant le centre de la capitale de la ville nouvelle en vingt minutes, contre quatre-vingt-dix auparavant. »
Dans cette même littérature, l’on a noté que « C’est la première autoroute de ce type en Afrique de l’Ouest et la première infrastructure routière réalisée dans le cadre d’un partenariat public-privé au sud du Sahara. Le tronçon de 16,5 km reliant Diamniadio à l’aéroport international Blaise-Diagne (Aibd) de Diass, réalisé par Eiffage-Sénégal, est presque terminé, et China International Water and Electric Corp. (Cwe) prend le relais pour prolonger l’autoroute de 55 km, de l’Aibd à Thiès via la cité balnéaire de Mbour.
Piloté par l’Agence de promotion des investissements et grands travaux (Apix), on peut aussi noter que le chantier du train express régional (Ter) électrique, première liaison ferroviaire rapide du pays, doit commencer dans le courant du second semestre, pour une mise en circulation en 2019. Depuis la gare centrale de Dakar, il desservira 14 stations jusqu’au nouvel aéroport. Un trajet de 57 km, qu’il effectuera en quarante-cinq minutes, pour un trafic passagers estimé à 115 000 voyageurs par jour. Le Nirvana n’est plus loin. On rêve d’un trajet du genre Brighton-Heathrow à Londres…
Construit en un temps record pour abriter le XVe sommet de la Francophonie, en novembre 2014, il accueillera à terme un grand hôtel, une dizaine de bâtiments d’affaires et, surtout, un parc numérique de 26 ha. La première des deux plateformes industrielles intégrées prévues dans le plan d’aménagement de Diamniadio est, elle, presque terminée. Dotée d’un hangar de 7 000 m2, elle pourra accueillir 60 entreprises, sur 52 ha.
Enfin, depuis le chantier de la SD City, on peut observer le chassé-croisé incessant des camions chargés de latérite sur le chantier de la future deuxième université de Dakar : l’université Amadou-Mahtar-Mbow. C’est le cabinet ivoirien DNK (de Dominique Doumi-Kouakou) qui a remporté l’appel d’offres international pour la réalisation de ce nouveau campus. Coût estimé : 75 milliards de Fcfa (114 millions d’euros). La pose des fondations s’achevant tout juste et le terrassement venant de commencer, il est cependant peu probable que l’établissement puisse ouvrir comme prévu pour la rentrée académique d’octobre. Voilà pour le décor. Mais tout cela fera-t-il pour autant, une ville africaine ?
N’est-on pas seulement entrain de copier les grandes villes occidentales avec leur côté folie, grandeur, et simplement mythique ? Une ville pour le business et les affaires, Dakar a montré la mauvaise voie en devenant la cité de l’anarchie et des marchands ambulants. Diamniadio sera-t-il à l’abri de ce mal des grandes villes africaines comme Lagos, Cotonou, Abidjan, avec comme seule norme, la propension d’une certaine jeunesse rurale à vivre de l’exode et à faire du centre, leur lieu d’émancipation à travers les petits boulots. Peut-on faire une ville et demander aux marchands ambulants qui voient les voitures rutilantes bloquées dans les embouteillages, sans les envahir.
Ou bien faudrait-il créer ou former un nouveau type de citoyen sénégalais qui vivra dans la ville sans « bousculer » personne avec des produits de moindre valeur ? Du rêve à la réalité, le puzzle ne se fermera pas correctement quelle que soit la ville qu’on va ériger même avec ses tours sorties d’un autre monde, qui risque d’attirer encore plus de gens autour du centre ville de Diamniadio, à commencer par les populations pauvres du vieux village qui n’auront pas changé de voies et de métiers entretemps ; étant habitués à passer toute la journée dehors à offrir des produits du terroir, des mangues, autres noix d’acajou et des fruits des fermes proches de Sébikhotane. Le casse-tête.
Lignes de forces…
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Logement, infrastructures, services…
Pour qui fait-on la ville ?
Finir le projet Diamniadio et se poser des questions sur son avenir, voilà qui serait une belle folie. Pour ne pas tomber dans les petits travers notés avec Kilamba, ne faudrait-il pas ou ne serait-il pas souhaitable que dès à présent, l’ont se mette à l’heure de la reconfiguration des aires de nos vieilles cités ? Pour qui fait-on la ville d’ailleurs ici en Afrique ?.
La question est posée. Et l’équation est de repenser les villes africaines pour les besoins des résidents, mais aussi des investissements. Voilà ainsi, qui devrait constituer le défi majeur pour l’Etat et les futurs élus sur le continent. La tâche est ardue et n’est pas à la portée seulement d’un seul parti politique ou d’une petite coalition qui gagne une élection. C’est une question nationale, régionale et même continentale.
Pour développer les pays et le continent, les autres générations devront nul doute emprunter d’autres voies plus simples et moins couteuses quoique les politiciens et leurs techniciens d’aujourd’hui diront ; parce que ces entités nouvelles consommeront quoi qu’on veuille dire, une bonne part de budget, mais encore beaucoup plus d’énergies. Parce que trop chère à entretenir ; trop complexe à gérer et différentes de tout ce qu’on a connu jusque-là.
Les inondations, les saletés, la mal gouvernance, le leadership municipal en mal, ces quelques mots ne résument pas la situation malheureuse des villes sénégalaises d’aujourd’hui. Pour celles de demain, l’on se demande quel sera le niveau des problèmes ? Dans le lot, une ville comme Mbour est dans la fournaise d’un hivernage qui a du mal à démarrer ; mais qui a fini d’installer ses immondices dans les quartiers avec des sacs remplis d’ordures et de mouches qui pillulent de part et d’autres de la cité, un contexte connu dans toutes les communes sénégalaises dès que l’eau vient du ciel. Qu’en sera-t-il de Diamniadio ?
Sans assainissement correct, les grandes comme les petites villes sont dans la même situation au niveau de la faiblesse de la gouvernance territoriale, mais aussi dans le cadre de l’organisation correcte de leur budget. Avec 100 millions, même avec 1000 millions de francs, ces cités sans reflet sont aujourd’hui, dans une situation telle que toutes les formations des acteurs, à commencer par les maires des communes et communes d’arrondissement ou ce qu’il en reste, n’ont presque servi à rien. Enda Ecopole, avec Bachir Kanouté se battent chaque jour autour de ces questions ; Onu-Habitat, n’a cessé de montrer la voie avec des mesures, des études, propositions en orientations… Mais à quelles fins ? Les rapports sont dans les armoires d’un ancien maire, du maire actuel ou d’un technicien du ministère sans lendemain.
Sans périmètre communal identifiable, peu de villes comme Mbour, Thiès, sont à la solde des conseils ruraux ou départementaux aux alentours. Le conseil départemental lui-même est à leur solde pour des raisons bassement politiciennes et électoralistes. Aujourd’hui, de par les facéties de la politique, des localités ou des quartiers, ou les anciens villages comme Saly, Malicounda, Sandiara pavoisent plus aujourd’hui du fait de leur position de territoire-centre au cœur de villes dont ils ne devraient être que le prolongement.
Parler de périmètre communal dans ce cadre, n’a plus de sens. Les villages s’étendent ainsi sur les villes au lieu du contraire et ces grandes agglomérations comme Mbour, Thiès ou Kaolack, et demain Diamniadio, (si elle n’est pas protégée par un statut spécial), ne peuvent connaître un développement sain, organisé, à l’image de ce que l’Etat voudrait montrer dans l’aménagement et la construction de la nouvelle ville.
Alors, pour qui fait-on la ville aujourd’hui. Pour l’urbain, le citadin, le citoyen ou simplement l’allié politique de circonstance ? Toute la question est là.
Dossier réalisé par Mame Aly KONTE ( Sud Quotidien )
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