
Khalifa SALL et Karim Wade sous la chaudière politique ont fait les choux gras de la presse d’ici et d’ailleurs. L’année 2018 a été une année judiciaire pour la plupart des hommes politiques. Surtout pour ces deux hommes qui ont le plus retenu l’attention des observateurs qui ont suivi toutes les péripéties judiciaires retentissantes. Des procès renvoyés au recours sans suite, Confidentiel Afrique dans sa rétrospective retrace le film judiciaire.
Chaudière politique sans fin
La fortune de Karim Wade, évaluée à 700 milliards de francs CFA (1,1 milliard d’euros), intrigue la justice sénégalaise. Le fils de l’ancien Président de la République du Sénégal Abdoulaye Wade (2000-2012) est mis en demeure le 15 mars 2013, après une audition par la commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI).
Candidat malheureux à la municipalité de Dakar en 2009 et ayant occupé plusieurs portefeuilles ministérielles sous le magistère du Président Wade, son pater, il sera inculpé le 23 mars 2015 pour «enrichissement illicite » à une peine de prison de 6ans ferme avec une amende de 138 milliards. Et c’est là le début d’une bataille politico-judiciaire entre avocats du présumé et ceux commis par l’État du Sénégal. Dans le même temps, il est désigné par les instances de son parti, le PDS, candidat à la prochaine élection présidentielle, qui doit se tenir en février 2019.
Après trente huit mois passés sous les verrous, le Président Macky Sall dans la nuit du 24 juin 2016 gracie Karim Meissa Wade, lequel quitte le territoire sénégalais à bord d’un jet privé pour le Qatar dans la soirée. Cette mesure ne concerne que la peine d’emprisonnement restant à courir, les sanctions financières demeurent. Un procès qui jusqu’à présent fait parler de lui et rêvet des zones d’ombre.
L’idylle de la capitale écroué à Rebeuss, Khalifa Sall, est un homme politique sénégalais, membre du Parti socialiste, plusieurs fois ministre sous la présidence d’Abdou Diouf, maire de Dakar de (2009 à 2018). Dans la nuit du 7 au 8 mars 2017, Khalifa Sall est placé en détention avec cinq de ses collaborateurs pour détournement de fonds publics. Cette arrestation fait suite au rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) faisant état d’un détournement d’un montant de 1,83 milliards de francs CFA (l’équivalent de 2,7 millions d’euros) dans les caisses de la mairie.
L’ensemble des charges retenues contre Khalifa Sall et ses collaborateurs sont liées à la caisse d’avance de la ville de Dakar. Après un procès tumultueux, le verdict est rendu le 30 mars 2018. Khalifa Sall écope d’une peine de 5ans de prison. L’idylle de la capitale dakaroise, élu plusieurs fois député, a été réélu depuis sa cellule lors de la législature en cours. Mais le 25 novembre 2017, l’Assemblée nationale du Sénégal lève l’immunité parlementaire de Khalifa Sall, suite à une demande du Parquet.
Ambitions politiques recalées
Malgré ses nombreuses défaites face à la justice, et le manque de soutien de ses ex-collaborateurs socialistes, l’enfant de Grand-Yoff (quartier populeux de Dakar) ne désespère pas. De sa cellule, par déclaration écrite Khalifa Sall annonce sa candidature à l’élection présidentielle de février 2019.
Le Sénégal perd face à des puissants…
A la suite d’une plainte de ses avocats, le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, lors de sa session d’avril 2015 a qualifié la détention de Karim Wade d’arbitraire. La Raddho (rencontre africaine de la défense des droits de l’homme) a aussi dénoncé des manquements lors du procès de Karim Wade.
En septembre 2016, le Tribunal de grande instance de Paris s’oppose à la saisie de biens de Karim Wade (un appartement dans le 16ème arrondissement et un compte bancaire) dans le cadre d’une demande d’entraide judiciaire entre la France et le Sénégal.
Voies et moyens de recours irrecevables
Après la condamnation de leurs clients les avocats de Karim Wade et de Khalifa Sall ont eu à déposer plusieurs recours notamment à la Cour Suprême qui s’est déclarée incompétente, la Cour de la CEDEAO, la Cour d’appel de Dakar. Ses instances judiciaires ont rejeté les recours des avocats de la défense. Cette condamnation pourrait priver Khalifa Sall de ses droits civiques et l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de février 2019. Le verdict de ce procès est attendu ce 03 janvier 2019.
Le 30 août 2018, la Cour d’appel confirme la culpabilité ainsi que la condamnation à cinq ans de prison. Le lendemain, le président Macky Sall révoque Khalifa Sall de ses fonctions de maire de Dakar par décret présidentiel.
Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade ont marqué les esprits à travers une bataille politico-judiciaire sans fin. Les deux candidats à la présidentielle de 2019 ont déposé leur candidature le même jour. Hasard ou coïncidence, leurs destins sont entre les mains des sages du Conseil Constitutionnel.
Par M.MB pour Confidentiel Afrique
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