Le Marquis, humble, respectueux et l’homme de foi s’en est allé. A 83 ans, le Patriarche Aliou SOW avait une vie épanouie pour avoir construit les routes de l’espoir qui reliaient les pays du continent d’un point à l’autre. Au prix du poignet des petites machines aux caterpillars dernière génération. Lui, le Peulh, tel un nomade du désert qui sait apprivoiser son univers dans la précarité des contingences et aller vers les points d’eau utiles à faire de sa vie une « pierre précieuse « . L’homme a toujours travaillé au fil de sa longue carrière. Comme un forcené éprouvé qui semait les graines pour les récolter. Aliou Sow était devenu une fierté d’abord pour la communauté peulhe d’Afrique, qui voyait en lui le chantre d’une révolution économique africaine qui se préparait. Timidement. Il l’a réussie avec brio. Malgré la rude concurrence des multinationales qui ont le monopole des marchés du BTP en Afrique, le Patriarche Aliou SOW à la tête de la Compagnie Sahélienne de l’Entreprise ( CSE ), a tenu sur de bonnes béquilles en écrivant les plus belles pages de la success-story de l’entreprise devenue un conglomérat solide, bien structuré et organisé. De Dakar à Niamey en passant par le Mali, Sierra Léone, Cameroun, Monrovia etc.., ses gigantesques travaux dans le secteur des infrastructures routières et autres ouvrages d’art ont poussé comme des champions. Un proche à lui nous confie que son apogée dans le secteur s’est le plus illustré au delà des frontières du Sénégal. A priori, il avait le don et le secret de faire tourner les machines pour préserver l’outil de production. Une sorte de fétichisme de gagner sa vie dans la sueur d’affronter les grands défis . Au Niger et au Burkina plus précisément, au gré de nos différentes missions professionnelles, nous avons pu déceler la présence d’une grande communauté sénégalaise bien intégrée dans le tissu social du fait d’une expatriation des travailleurs de la CSE. Un véritable process intégrateur en dehors des couloirs diplomatiques officiels. Des familles métissées se sont créées grâce à l’arrivée sur ses sols africains des employés de l’entreprise. Des centaines de familles s’y sont fixées après l’exécution des travaux. C’est aussi l’autre visage du Vieux Aliou SOW. Ponts, routes bien tracés par l’architecte ont porté haut, plus loin, le nom de Aliou SOW, une fierté non seulement sénégalaise mais africaine. Un cas d’école pour les jeunes entrepreneurs africains qui aspirent trouver et consolider la clé de la réussite.
Dimension philanthropique solitaire
Le Vieux était un homme pieux, tourné vers DIEU, Son Créateur. C’est cela qui explique tout le versant de sa fibre généreuse, altruiste et solitaire. Un symbole qui fascine. Il n’aimait pas l’extravagance et était plus moulu dans l’effacement, la discrétion d’aider des personnes en détresse. Sans gêner, déranger et se faire voir. Sa vie ressemblait plus à celle d’un moine qu’à celle d’un Maitre arrogant ou affligeant. Aliou SOW était une Lumière cachée dans l’obscurité. Au delà d’être le bâtisseur des routes, il a beaucoup investi dans l’humanitaire et le mécénat islamique. Comme les dunes de sable du désert et les tourments au fil de l’eau, il a construit des puits, forages, mosquées et fait vivre des centres d’orphelinat un peu partout en Afrique de l’Ouest. Aliou Sow est notre Hamoudi d’Ethiopie, ce philanthrope éthiopien qui est l’artisan de l’industrialisation au Pays de Haile Sélassié. Le Patriarche avait une vie à la fois remplie et épanouie et laisse derrière lui un empire entre les mains de son fils Omar SOW qui a pris le flambeau d’un Pater à l’éclipse dorée. Tout étant parti de ce bas monde, le Vieux qui a rejoint son vieil ami et confident inséparable, le Colonel Birago DIOUF, décédé samedi dernier, veille d’un œil près sur les fruits de ce qu’il a semés pour des générations et des générations entières. Al Barka Papa Aliou !
Par Ismael AIDARA
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