Après la lune de miel, c’est désormais la lune de fiel. Vingt ans après, la SEEN, la société qui avait en charge l’exploitation des eaux du Niger, filiale du géant français de l’assainissement et de l’environnement quitte le Niger. Son contrat d’affermage avec l’État du Niger vient d’être rompu. Les autorités militaires de la transition ont décidé de congédier la filiale de Veolia, qui exploitait les eaux du Niger et pris le contrôle et la gestion du patrimoine hydrique, en la nationalisant. La SEEN devient ainsi la Nigérienne des Eaux avec une nouvelle feuille de route et un organigramme relifté. Un départ presque peu honorable du français, aux robinets bizutés, après 20 ans de présence au Niger et dont le bilan tire vers le bas, malgré plusieurs tentatives de sortir la tête de l’eau. Cette décision de rupture du contrat survient dans un contexte très tendu où la présence française dans une partie de la région sahélienne est contestée.
Autant le coup est dur chez Véolia France, l’acte franchi par le gouvernement nigérien est applaudi par les millions de consommateurs nigériens. La nationalisation du secteur de l’eau au Niger reste une exigence de premier plan. Tout laisse croire que les autorités sont déterminées à changer la donne. La rupture est actée et tout sauf un retour en arrière. Le Niger est engagé à prendre en charge le secteur de l’eau dans le pays en adoptant un projet de décret des statuts d’une toute nouvelle Société d’État chargée de l’exploitation de l’eau potable, dénommée «la Nigérienne des Eaux ».
C’est cette société nationale qui prend désormais le relais à la place de la SEEN dont le contrat d’affermage est arrivé à terme depuis le 31 décembre dernier. Son bilan peu reluisant laisse des gorgées chaudes aux principaux actionnaires du tour de table (Véolia, actionnaire majoritaire, État, personnel de la société, privés). Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, le dernier chiffre d’affaires de la filiale française engrangé est estimé à 25 milliards de FCFA pour un capital de 1 milliard FCFA, libéré. Les tentatives de recapitalisation et les objectifs de fourniture de service et de distribution de qualité se sont avérés infructueux. La junte militaire compte désormais pssser à la vitesse supérieure en prenant les choses en main. Le rôle de la nouvelle société mise en place est d’assurer la distribution dans tous les centres urbains et semi-urbains du pays.
La SEEN, un contrat peu performant
Le présent projet de décret a donc pour objet de satisfaire cette exigence et permettre ainsi à la Nigérienne des Eaux de disposer des règles d’organisation et de fonctionnement pour accomplir ses missions. Pendant plus d’une vingtaine d’années, VEOLIA a eu la charge exclusive de l’exploitation du service public de la production, du transport et de la distribution d’eau potable en zone urbaine et péri-urbaine, touchant 54 centres fonctionnels et qui sont confrontés encore aux problèmes de qualité, principalement à Niamey, Zinder, Maradi…
Pour rappel, le Niger avait fait appel en 2001 à la multinationale française VEOLIA pour un contrat d’affermage destiné au service public. L’accord entre les deux parties a connu une prolongation de 10 ans en 2011.
Par Safiatou COLY (Confidentiel Afrique)
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