Douze banques et deux structures excellant dans la microfinance à l’instar de SAHFI (Société Sahélienne de financement) jouent leur partition. Dans un marché dominé en fin 2017, par le quarté majeur. SONIBANK, leader indéboulonnable, BOA Niger (Groupe BMCE, Maroc ), Ecobank et Banque Atlantique tiennent le haut du pavé. Depuis 2016, la BOA bouscule la hiérarchisation classique en détrônant la BIA, qui tenait les cartes de la deuxième banque du pays en main, juste derrière la SONIBANK. Désormais à la tête de BIA Niger, une égérie du secteur bancaire, la nigérienne Mme Nana Aissa ANGO, celle que beaucoup présentent comme l’artisan des grosses performances de la Banque Atlantique. Les dirigeants marocains du Groupe BCP au lendemain de l’acquisition de BIA Niger ont misé sur cette professionnelle du secteur, l’une des rares DG femme du Groupe BCP au Sud du Sahara, pour faire bouger les lignes et rattraper sa place de deuxième établissement bancaire du pays. Le quarté gagnant, SONIBANK, BOA, Ecobank et BAN se partagent une belle cagnotte estimée à 558 milliards de fcfa en termes de dépôts en octobre 2017 (soit 67% des parts de marché) sur un marché de 876 Mds. Les dépôts de BIA Niger sont passés de 84 Mds octobre 2016 à 69 Mds en octobre 2017 avec une part de marché qui a chuté de 3 points. Un gros challenge pour la nouvelle Directrice Générale qui s’attèle à fond afin de remonter la pente. Suivent dans la ligne, la BSIC (Banque Sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce) qui totalise 79 milliards de dépôts avec 9% des parts de marché devant la BIA, tombée dans le giron du Groupe bancaire marocain BCP), la Banque islamique du Niger, la BAGRI (8 ème position, 46 milliards de fcfa en dépôts et 5% des parts de marché), Orabank (9 ème rang sur les 12 banques commerciales) avec des dépôts de 30 milliards. Orabank Niger opère aussi sa mue. Depuis l’arrivée de son nouveau Directeur Général, le nigérien Abdoul Younoussi, les lignes bougent. Preuve à l’appui, la part de marché a grimpé d’1%, avec des dépôts atteignant la barre des 30 Mds en octobre 2017. Au bas de l’échelle, figurent CBAO, succursale du Groupe marocain Attijari Wafa Bank et la Banque commerciale du Niger, filiale de Foreign Bank Libya. Les deux banques respectivement cumulent en octobre 2017, des dépôts de 14 milliards (dont 10 Mds CBAO et 4 pour la BCN ). CBAO Niger, succursale d’Attijari Wafa Bank, qui était tenue par des directeurs généraux de nationalité sénégalaise -avant l’arrivée d’une nigérienne, ex pensionnaire d’Ecobank Niger- évolue progressivement d’année en année. En dépit de sa stagnation de part de marché qui est de 1%. Changement de mains à la tête de la Banque commerciale du Niger, filiale de la holding libyenne Libyan Foreign Bank.
La BCN, dernière du peloton
Drivée par Essam Mosbah Aburgia depuis fin août 2017, en remplacement du très «franco- phile» Khaled Faitour, rappelé au siège à Tripoli, la dernière des banques du pays vient de renflouer ses caisses à hauteur de 7 milliards de Fcfa pour être en phase avec les exigences de la BCEAO. La banque prend de nouvelles couleurs et voit grand à l’horizon 2022. Essam Aburgia occupait un poste stratégique à la Banque commerciale du Sahel (filiale malienne de Libyan Foreign Bank).
La BAGRI, pari réussi d’une politique agricole inclusive
Orientée en grande partie vers les producteurs ruraux essentiellement,la BAGRI joue bien sa partition dans le financement de l’économie nigérienne. Signe de son leadership, le Conseil d’Administration du Fonds d’Adaptation vient de l’accréditer à Bonn (Allemagne ) à l’occasion de la COP 23 comme 27 ème entité nationale d’Exécution pour l’accès direct des pays en développement au Fonds Climat. Une consécration pour l’État nigérien et son Directeur Général Abdoulaye DJADAH. Ce dernier a laissé bonne impression à la SONIBANK, son dernier terreau avant d’atterrir à la tête de la BAGRI.
La BRM, la 12 ème banque de la place financière
La Banque régionale des marchés a ouvert ses guichets à Niamey depuis le 23 mai 2017. Après l’obtention de son agrément auprès de la Commission bancaire. La banque a privilégié de s’implanter au Niger et en Côte d’Ivoire en green field. L’offensive d’aller à l’assaut des marchés hors siège, constitue un maillon déterminant de la politique de développement et de la stratégie d’expansion de la banque vers les autres marchés de la zone Uemoa à fort potentiel. Les hautes autorités de l’institution bancaire ont jeté leur dévolu sur la chevronnée banquière sénégalaise Mme Kaltome Niang SY, réputée rigoureuse et puriste dans l’âme. BRM Niger présentera ses premiers résultats financiers de 2017. Plus qu’une nouvelle banque, elle se veut être une autre banque de par sa spécialisation dans les activités de banque de marchés et de banque d’affaires. La SONIBANK(Société Nigérienne de Banque) consolide sa position de leader sur la place financière de Niamey. Elle détient 21% de la taille du marché. Son champ d’activités s’élargit au delà des frontières du Niger avec l’option sérieuse de s’ouvrir aux autres marchés de l’UEMOA. Signe de vitalité de sa vision de développement et d’expansion, Sonibank a ouvert officiellement sa filiale au Bénin le 23 mars 2018.
Améliorer l’accès aux financements
Les prêts impayés domestiques se sont accrus et le crédit domestique a connu une expansion. L’accès aux financements est limité, une proportion de moins de 5 % de la population utilisant les produits financiers, sous une forme ou une autre. Le taux de bancarisation au Niger est l’un des plus faibles ratios à l’échelle régionale. Aussi, les activités des marchés des capitaux sont très limitées au Niger. Le gel de bon nombre de projets miniers et surtout la lenteur des investissements dans le domaine de l’industrie pétrolière et extractive ont beaucoup plombé l’envol des établissements financiers du pays. Globalement, le marché bancaire nigérien reste tout de même attractif.
Par Ismael AIDARA, Directeur Editorial
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