Un véritable capharnaüm entoure le dossier d’attribution de la gestion et l’exploitation du BESC, même à « titre provisoire », selon les termes référencés bien notifiés dans les correspondances épistolaires officielles entre le Ministre des Finances et des Transports, obtenues par Confidentiel Afrique. Le géant Catalyst voit filer entre ses doigts le marché du BESC ( Bordereau électronique de suivi des Cargaisons) au profit de la société dénommée System First Guinea SA, propriété du sulfureux homme d’affaires belge Léo Grosman, qui débarque bagages, valises, espèces sonnantes et trébuchantes sur le tank de Conakry. Ce dernier est amené selon des informations de Confidentiel Afrique par une poignée de collaborateurs et conseillers proches du Président Mamadi Doumbouya. Du gros fromage dit-on. Ils ont manœuvré à fond aux allures d’un « gangstérisme » pour éjecter hors norme l’entreprise Catalyst, laquelle a respecté dans toute sa plénitude les clauses du cahier de charges. L’exécution du contrat BESC par Catalyst n’a fait l’objet d’aucune défaillance ou de manquements notifiés par les autorités de la transition. Depuis plusieurs mois, le palais de Conakry, selon des sources autorisées, s’est érigé à un souk à ciel ouvert où les gros deals de l’État sont noués et actés. Une victime de la liste exhaustive de ce qu’on pourrait appeler le « noyau dur au katcher » est Catalyst, après les Résidences 2000 des KADDOUR, passées aussi à la moulinette. La nouvelle société System First Guinea, créée à la sauvette, le 11 novembre 2022 sur l’axe Bruxelles-Conakry a bénéficié du coup de pouce de cette poignée de conseillers et missi dominici du palais pour truster le juteux marché du BESC, confirmant des sources concordantes parvenues à Confidentiel Afrique, qui voient derrière cette attribution, une sorte de mafia imposée aux acteurs et professionnels évoluant autour de l’activité. Prise de court, suite à la décision des autorités de la transition de retirer à Catalyst la gestion et l’exploitation du BESC, L’AGUICOM prend des balles dans les pieds et digère la pilule. Comme un souffre-douleur, AGUICOM électrocutée, désarçonnée est contrariée à composer avec la nébuleuse System First Guinea de Léo Grosman. Pour combien de temps ? Un an selon l’État guinéen, comme une correspondance officielle adressée à L’AGUICOM l’a si bien précisé. « Du bluff, du saupoudrage » ergotent plusieurs fins connaisseurs du marché portuaire, contactés par nos soins. Le nouvel opérateur System First Guinea SA serait-elle une société d’écran du palais de Conakry ? Mystère et boule de gomme ?
Un deal à plus de 8 millions d’euros
Le sulfureux homme d’affaires belge Leo Grosman a décidément les épaules larges. Un bon samaritain.. Pour mettre la main sur ce juteux contrat, sous le nom de System First Guinea, notarié en un temps record à Conakry, en novembre 2022, chez Me Fatoumata Amadou Barry, sis à la résidence de Dixinn école, a bénéficié de la complicité de pontes afin de « lubrifier » l’opération de charme de Leo Charles Grosman auprès des autorités guinéenes de la transition. Hallucinant, System First Guinea SA est doté d’un capital 140 000 000 de FG. L’entreprise ne jouit d’aucune expertise technique avérée et de capacité financière solide pour s’adjuger cette taille de marché à prééminence technique. Les dealers du palais de Conakry n’en ont cure. A la faveur d’une machine bien huilée, harponnée par l’ARMP, les Ministres des Transports et des Finances, Leo Grosman peut dérouler sa roulette belge sur un patrimoine estimé à plus de 8 millions d’euros. Au bien vouloir seulement d’une bande d’amis. Une source très au parfum du dossier souffle à Confidentiel Afrique que » la récupération du contrat du BESC au profit de System First Guinea est une entorse à la réglementation de la passation des marchés ». Les critères sont bien définis pour soumissionner à ce type de contrat commente notre source. Confidentiel Afrique a compilé les correspondances officielles entre le Ministre des Transports et celui des Finances d’une part et celles adressées à L’AGUICOM. Pour goupiller le « deal » de la bande à Leo Grosman, la Banque Islamique de Guinée a été retenue par le nouveau entrepreneur « chouchouté » du Colonel Président Mamadi Doumbouya. Cette institution bancaire mal en point sert de domiciliation à System First Guinea et recevra les revenus tirés de ce gigantesque et juteux contrat du BESC. Pourquoi le choix de la Banque Islamique de Guinée ? Ça brûle les lèvres. Selon nos informations, dans l’opération de liquidation de Catalyst, l’ARMP (Autorité de régulation des marchés publics de Guinée) a fourni le rapport pour déchirer le contrat de la société américaine Catalyst, irréprochable dans l’exécution du marché.
Le plus hilarant est la correspondance de l’argentier de l’État, qui s’est érigé en avocat de la société du belge Leo Grosman, adressée au Président de l’AGUICOM.
« Monsieur le Président, je viens par la présente, porter à votre connaissance que le gouvernement a décidé de mettre fin au contrat qui lie la société Catalys au Conseil guinéen des chargeurs CGC dans le cadre des prestations relatives au bordereau électronique de suivi des cargaisons (BESC) »
« Par conséquent les redevances y afférentes seront désormais directement versées de cette société dont les coordonnées bancaires sont les suivantes : banque islamique de Guinée, numéro de compte 56362 251109 »
« Je vous invite donc à faire une large diffusion des présents changements et clarifications auprès de l’ensemble des armateurs concernés par le paiement du BESC en République de Guinée ». La danse s’emballe. Son collègue des Transports joue à grosses cordes sur la roulette de Leo Grosman. Extraits.
» Objet: Demande de résiliation de la convention de concession de service public de mis en place et de gestion du Bordereau électronique de suivi des cargaisons BESC, ainsi que son avenant signé entre le ministère des Transports et la société Catalyst business Sarl.
» Monsieur le Ministre, j’accuse bonne réception de votre lettre n°0046/MT/CAB/2023/MITP/CAB/DNRN du 11 janvier 2023 par laquelle vous avez bien voulu me transmettre la requête de résiliation de la convention de délégation de service public, liant le Ministère des Transports et la société Catalyst dans le cadre de la gestion du BESC ». Point final.
Le tout nouveau patron de l’ARMP, Monsieur Lamine CAMARA, que beaucoup présentent comme un « crack » et qui règne en Seigneur depuis le régime de l’ancien Président Alpha Conde, jouerait sa partition. Son nom avait circulé, l’on se rappelle autour d’un marché nébuleux et gigantesque de lampadaires, estimé à plus de 25 millions de dollars US. L’affaire avait fait grand bruit. Sans être astreint devant la juridiction compétente guinéenne.
Par Pierre RENÉ et Hippolyte GOURMANTIER ( Confidentiel Afrique)
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