Les crises mondiales ont souvent été le reflet de crises économiques et idéologiques calquées sur des géographies bien définies. Aujourd’hui, les situations sont beaucoup plus complexes. On défend dans le même temps son pays et une vision du monde au sens propre.
Alors que les grandes crises ont été des moments de ruptures, non seulement des trajectoires des sociétés mais aussi des paradigmes qui les fondent ou les reflètent (fin de la position dominante du « consensus de Washington », rôle croissant des discours sur le marché autorégulateur, nouvelles légitimations de l’intervention régulatrice de l’État, les débats sur le développement durable et la croissance verte, ceux sur les reconquêtes des marchés intérieurs dans un contexte de chute du commerce mondial et de la croissance tirée par les exportations), ce qui se passe aujourd’hui n’est plus seulement à expliquer sur un planisphère accroché à un mur. Il entre en compte des problématiques historiques, religieuses, économiques, d’une telle complexité que nous en arrivons à une globale à multiples dimensions.
Vers un nouveau paradigme du développement international
Le processus de destruction est d’une intensité exceptionnelle, dans lequel les pays et les territoires vont s’insérer inégalement, en fonction de leurs capacités à mettre en œuvre des politiques susceptibles de contenir les effets collatéraux de la destruction néolibérale.
Cette crise va-t-elle conduire à un nouveau paradigme du développement ? Qu’elle est sa nature, comment peut-on la caractériser au plan économique, technologique, culturel et social ?
Les intellectuels et chercheurs du sud ont décidé d’agir pour sortir du paradigme néolibéral. En hommage à Samir Amin, des solutions seront proposées pour faire face à la crise multidimensionnelle dans le monde ;
Plus de 300 intellectuels, chercheurs et universitaires attendus.
Profitant du 1er anniversaire du décès du Pr Samir Amine, des intellectuels, des chercheurs et des universitaires provenant de plusieurs institutions, fidèles à son héritage et voulant s’inspirer de sa pensée, vont se retrouver lors d’un symposium du 18 au 20 décembre prochain à Dakar.
Ce symposium fait partie d’une série d’initiatives organisées dans plusieurs pays à travers le monde pour honorer la mémoire de ce chercheur émérite et célébrer ses contributions remarquables au combat pour l’émancipation intellectuelle, politique et économique de l’Afrique et des autres pays du Sud.
Samir Amin, ce penseur engagé
Le symposium sera organisé sous l’égide du Forum du Tiers Monde (FTM), du Forum Mondial des Alternatives, de l’Ecole de Dakar (FMA), du CODESRIA, d’Enda Tiers Monde, de l’IDEP, du Forum social sénégalais et de plusieurs autres organisations. Il se penchera sur des sujets qui ont été au cœur du combat intellectuel et politique du Pr. Samir Amin.
Le thème général portera sur « la gestion de la crise multidimensionnelle du système mondial : les réponses des pays du Sud ».
Pour le professeur Moustapha Kassé, président du comité scientifique du symposium, « Samir amin nous a légué une œuvre colossale qu’il faut poursuivre, réactualiser et approfondir ».
«Samir Amine était un penseur engagé. Même les institutions internationales ont cessé de faire de la place à ceux qui, comme lui, plaçaient la critique très haut et le Sud au centre de leur réflexion », a de son côté affirmé, l’économiste tunisien et ancien ministre de l’Économie et des Finance Hakim Ben Hammouda.
Messieurs, Kassé et Ben Hammouda ont tous les trois connu Samir Amin et ont étroitement collaboré avec lui pendant des années.
Pour les initiateurs de ce symposium, il s’agit non seulement d’analyser la crise du système mondial du point de vue des pays du Sud, mais également et surtout de proposer des réponses en dehors de celles conventionnelles servies par le paradigme néolibéral.
Le symposium verra la participation d’éminents chercheurs et intellectuels du Sud et du Nord, ainsi que celle des instituts de recherche basés au Sénégal, des universités de Dakar et de Saint-Louis et des mouvements sociaux sénégalais.
Outre les universitaires, les intellectuels et les chercheurs, les autorités sénégalaises, des diplomates ainsi que de nombreuses personnalités issus de divers secteurs d’activité sont attendus à ce symposium.
À Propos de Samir Amin
Samir Amin est né au Caire d’une mère française et d’un père égyptien, tous deux médecins. Il a passé son enfance et son adolescence à Port-Saïd où il suivit les cours d’une école française et obtint son baccalauréat (de type français), en 1947. De 1947 à 1957, il étudie à Paris où il passe avec succès un second baccalauréat option « mathématiques élémentaires » au lycée Henri-IV à Paris puis il décroche un diplôme de sciences politiques à Sciences Po Paris (1952) avant son diplôme en statistique (1956) et en économie (1957). Il est aussi professeur agrégé en sciences économiques.
En 1963 il rejoint le Mali de Modibo Keita qu’il quittera pour s’installer à Dakar en 1966. Il vivra au Sénégal jusqu’en 2018. Il a enseigné plusieurs années à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
Hospitalisé depuis le 31 juillet 2018, il décède le 12 août 2018 à Paris, atteint par une tumeur au cerveau. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (97e division).
Pour en savoir plus
1) Alpha Waly Diallo, téléphone : 771292422
RSS