
«Il n’y a pas de raison que le quartier général de l’Africom soit maintenu en Allemagne », une conviction du Président Muhammadu Buhari du Nigéria. Alors que l’Ouest et le Centre du continent, le golfe de Guinée, la région du lac Tchad et le Sahel font face à des défis sécuritaires inédits, la relocalisation de l’Africom doit se faire. Le Président nigérian Muhammadu Buhari a invité les États-Unis à renforcer leur aide aux pays africains dans le cadre de la lutte contre l’insécurité sur le continent.
Le commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom) doit avoir son siège sur le continent. Une proposition du Président Muhammadu Buhari qui l’a fait au Secrétaire d’État américain Anthony Blinken. Il a lancé un appel à son homologue américain Joe Biden, selon nos confrères du quotidien Dakar Times parcouru par Confidentiel Afrique.
« J’ai demandé aux États-Unis d’envisager de relocaliser le siège de l’Africom de l’Allemagne vers l’Afrique, près du théâtre d’opération ; dans un contexte de défis sécuritaires croissants en Afrique de l’Ouest et centrale, dans le golfe de Guinée, dans la région du lac Tchad et au Sahel », a plaidé le Président du Nigéria. Une annonce qui sonne comme le début d’une autre ère dans la lutte contre l’insécurité en Afrique, plus particulièrement dans des zones confrontées à la menace terroriste telle que le Sahel où l’opération française Barkhane semble échouer.
L’Africom est une entité qui coordonne toutes les activités militaires des États-Unis sur le continent africain, sauf l’Égypte. Elle dispose d’un effectif d’au moins 2000 hommes destiné à couvrir tout le continent africain, dans le cadre de la lutte contre l’insécurité. Depuis sa création en 2007 et sa mise en service en juillet 2008, elle tient son quartier général à Stuttgart en Allemagne. La pertinence d’une telle orientation a toujours été sujet de questionnements. Au début du lancement des activités du Commandement, cette localisation transitoire ne devrait durer qu’une année, mais, depuis, 13 années sont passées. Lors du démarrage des activités du Commandement américain, les autorités américaines étaient en pourparlers avec certains pays africains pour abriter le siège de l’Africom, mais elles faisaient face à certaines réticences.
L’Afrique n’est toujours pas ciblée
Le général Stephen Townsend, chef de l’Africom a annoncé le 31 juillet 2020 que les plans de relocalisation de l’Africom sont en cours, mais, que le continent africain n’est toujours pas la cible, et, ce malgré le débat interne.
Des efforts sont en cours pour développer des plans et des options pour relocaliser l’Africom hors d’Allemagne. Le Commandement examinera d’abord les options ailleurs en Europe, mais, aussi aux États-Unis », affirme le général dans un communiqué.
Abuja pourrait abriter le QG du Commandement
La relocalisation de l’Africom est donc un sujet très actuel sur lequel l’administration Biden a désormais la possibilité de donner des orientations. Dans son appel, le Président Buhari a insisté sur le fait qu’il est nécessaire pour les forces américaines d’être au plus près des foyers de tension.
La situation sécuritaire au Nigéria est intenable et, ceci avec l’augmentation des actes de banditisme et d’enlèvement. De plus, avec la mort d’Idriss Déby qui était considéré comme un rempart dans la lutte contre le terrorisme dans la région, Abuja craint désormais que les attaques djihadistes passent à un niveau supérieur.
Lors d’une sortie médiatique en 2010, le général William Ward précisait : « Nous n’allons que là où nous sommes invités. Nous ne nous imposons nulle part ». Les gouvernements africains ont-ils des chances de convaincre Joe Biden et son administration de ramener enfin le QG de l’Africom en Afrique ?
En tout cas, l’appel du Président Muhammadu Buhari pourrait bien cacher la volonté du Nigéria de vouloir abriter le quartier général de l’Africom.
Par Maguette Mbengue (Confidentiel Afrique)
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