La Banque centrale populaire (BCP), le deuxième groupe bancaire du Maroc, prend pied désormais sur la place financière de Niamey. Mariage à la fois stratégique et de raison. La major marocaine s’offre le contrôle de la Banque internationale pour l’Afrique au Niger (BIA-Niger) à hauteur de 69,7% du capital de l’institution. La BCP devra mobiliser un investissement initial de plus de 22 millions d’euros pour relifter et booster la BIA Niger, l’une des banques historiques du pays. Aprês deux lunes de miel qui ont viré à la lune de fiel ( BNP Paribas et Coris Bank ), le deal d’acquisition de la BIA par le groupe marocain BCP se concrétise.
Des sources concordantes ont confirmé à Confidentiel Afrique, que l’Etat a cédé 40% sur les 43,21% de ses parts qu’elle détient au tour de table aux Marocains. Cette cession avait été formalisée en 2015 à Paris par l’ancien ministre nigérien des Finances, M. Saidou Sidibé.
Rétropédalage de Tahirou Mangal
Seulement voilà, le richissime homme d’affaires Tahirou Mangal ( 25% du capital ) a refusé après plusieurs rounds de discussions via son avocat mandataire de céder ses actions aux Marocains. Ces derniers ont proposé de racheter des actions à une valeur nominale faible. Ce qui explique le rétropédalage de l’homme d’affaires Tahirou Mangal qui entend vendre ses parts à un prix raisonnable.
La cérémonie de signature de la convention s’est déroulée à Niamey en présence des représentants de l’Etat nigérien : M. Hassoumi Massaoudou, Ministre des Finances, M. Ahmat Jidoud, Ministre délégué au Budget, et M. Maman Laouali Abdou Rafa, Directeur Général des Opérations financières et des Réformes au ministère des Finances.
BCP, à travers son holding africain Atlantic Business International (ABI), projette dans son plan de développement de racheter les parts d’autres actionnaires minoritaires ( Holding Cofipa de Baber Tounkara, Groupe Sunu et des privés nigériens ) afin de porter sa participation globale au sein de BIA-Niger à près de 70 %. Les Marocains jouent la montre et devront vite remédier progressivement au portefeuille malsain de la BIA Niger ( plus de 37 milliards de Fcfa de créances douteuses ). Toutefois, le marché nigérien est trop complexe et a ses exigences. La méthode Coris Bank de l’époque pour recouvrer ses prêts n’a pas été payante. Les Marocains devront à priori tirer des leçons de leurs prédécesseurs. Même Ecobank avait effectué une due diligence pour racheter la BIA Niger. Sans succès.
Une bonne moisson pour la BCP qui en plus du réseau bancaire de sa filiale Banque Atlantique Niger ( 10% des parts de marché) se positionne comme première banque du marché. Courant fin 2018, le Groupe BCP devra s’offrir la place de leader devant SONIBANK.
Par Ismael AIDARA
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