Sa trajectoire ressemble à un fil d’Ariane qui coud habilement l’écosystème financier et politique nigérien. À la croisée des lignes qui ont forgé le destin de cet homme, celui que beaucoup d’observateurs présentent comme l’un des plus grands serviteurs de l’État nigérien. Voilà bientot trois décennies. D’un calme olympien qui ressort la grandeur de son esprit sain et altruiste, Ouhoumoudou Mahamadou, enfant du bled (région de Tahoua ) a bataillé ferme, comme un forcené pour grimper du bas de la pyramide vers le haut. Au lendemain de la Conférence nationale historique qui a remis sur orbite le Niger au devant de la scène diplomatique internationale, Ouhoumoudou Mahamadou était au rendez-vous de l’équipée gouvernementale de 91 à 93, comme Ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Industrie. Sa carrière passa d’un bout à l’autre. Réputé doué financier, son métier de base, qui l’a mené vers l’international, où il eut tissé ses réseaux, Ouhoumoudou Mahamadou, rattrapé par son destin de grand commis de l’État reviendra aux affaires avec l’avènement au pouvoir du Président Issoufou. Nous sommes en avril 2011. Il monte le pavé comme l’argentier de la 7ème République post-Salou Djibo. Un fauteuil stratégique. Il va garder les clés des coffres de la Tour argentière de 2011 à 2012.
Il quittera ses fonctions de ministre des Finances pour atterrir aux commandes de BIA Niger, une banque détenue majoritairement par l’État du Niger. Suite à la sortie du capital de la BIA de Coris Bank international, qui venait de jeter l’éponge.
Une mission commando pour les autorités de Niamey. La banque devait être relancée, reliftée pour la céder à un repreneur stratégique de renommée internationale.
C’est lui et l’ancien argentier du pays Saidou Sidibe, actuellement à la tête de la Cour des Comptes, qui ont conduit les négociations et nalisé l’opération d’acquisition de BIA avec les autorités de la holding marocaine. Une belle moisson pour l’État nigérien d’une part et mission réussie avec brio par Ouhoumoudou. La fidélité et la loyauté constituent les deux traits de caractère chez lui. Puis cap à la Présidence. Le Chef de l’État Issoufou Mahamadou le nomme à ses côtés comme Ministre, Directeur de Cabinet. Depuis 2015, il officie au Palais de Niamey. Sans bruits. Il est l’un des hommes les plus écoutés et consultés de la République. Il sait tout. Ou presque. Ouhoumoudou Mahamadou, celui que l’on considère comme le plus proche collaborateur des hommes du premier cercle du Président, fascine les visiteurs du Palais présidentiel.
Force tranquille du palais
Sa courtoisie raffinée, sa capacité d’écoute et son sens décomplexé de l’humour devant la conjecture des enjeux du moment font de lui une véritable force tranquille du Palais. Un diplomate international nous confiait qu’il est un moine des dossiers. Au sens vrai du terme. L’homme n’est pas un accroc du bling bling ostentatoire.
Encore moins d’une posture belliqueuse et affligeante. Il est loin des projecteurs des plateaux de télévisions. Il accorde peu d’interviews aux médias. Ou presque pas. Ouhoumoudou respecte ses interlocuteurs d’en haut et d’en bas, ergotent bon nombre d’observateurs nigériens. Même les redoutables détracteurs du régime d’Issoufou le confessent. L’homme n’est pas dans les calculs politiques et jouit d’une sérénité permanente dans les épreuves politiques les plus dures. Un adepte des «bons codes» dit-on. Le Président a porté son choix sur lui pour diriger le directoire de campagne du parti au pouvoir (PNDS- Taraaya) et ses alliés, lors de la campagne présidentielle de 2016. Objectif largement atteint avec la réélection du Président pour un second mandat. Entre Ouhoumoudou Mahamadou et le Président Issoufou, c’est comme l’histoire du Maréchal Sully et de son mentor Henri IV.
Par Ismael AIDARA, Directeur Editorial
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