La Banque islamique de développement (BID), qui a déjà accompagné le Maroc pour son PERG (Programme d’électrification rurale généralisée)- » aujourd’hui, réussi à 99%- et les projets de l’ONEE (Office national de l’électricité et de l’eau potable) en Afrique au sud du Sahara, remet la main à la poche. »
D’aucuns ont évoqué une coopération forte entre deux institutions partageant la même vision pour le développement de l’Afrique.
Déjà, pour le PERG, les centres de production, et le réseau de transport et de distribution, les financements de la BID à l’ONEE montent à 820 millions €, soit environ 9,08 milliards de dh. Le mauritanien Sidi Mohamed Taleb, Directeur du bureau régional de la BID, soulignera une coopération riche avec un pays-membre fondateur de la BID. Une institution, notée AAA, mais où la solidarité n’est pas un vain-mot et qui tend à se diversifier pour aller vers un partenariat trilatéral doté d’accompagnements de manière participative, annoncera-t-il. M.Medkouri de la BID exposera de cette nouvelle approche du Reverse Linkage ou le développement par le partage.
Cette fois-ci, une enveloppe d’au moins 71,99 millions de $ sera dégagée pour financer des programmes d’électrification rurale au Mali ( 2 centrales solaires pour 17,06 millions $), au Niger (3 centrales solaires pour 32,03 millions $) et au Tchad (1 centrale solaire pour 22,09 millions $). Aussi, il s’agit d’une tendance lourde qui s’inscrit dans une approche d’appui à l’électrification rurale dans cette partie du continent, après des success-stories au Sénégal, en Gambie, au Sierra Leone, en Guinée, au Cap Vert, au Tchad, au Niger, en Mauritanie, au Mali, au Cameroun, en Côte d’Ivoire… Dans son allocution, Abderrahim El Hafidi, directeur général de l’ONEE, qui a paraphé l’accord, lundi 7 mai 2018 à Rabat, avec M. Sidi Mohamed Taleb, rappellera que tout est parti du Mémorandum d’entente (MoU), signé entre leurs deux institutions, le 17 novembre 2016 à Marrakech, lors de la COP22.
Une opération pragmatique
M. Aziz Rebbah, ministre marocain de l’Energie, des mines et du développement durable a rehaussé de sa présence la cérémonie de signature, aux côtés de M. Saïd Mouline, directeur général de l’AMEE (Agence marocaine de l’efficacité énergétique), de SE Mohamed Methqal, directeur général de l’AMCI (Agence marocaine de la coopération internationale), et d’une partie du corps diplomatique accrédité à Rabat, singulièrement du Cameroun, de Côte d’Ivoire, de Gambie, du Mali, du Sénégal… Il a salué une belle opération pratique et pragmatique, née d’expériences acquises de certains pays. Le ministre de tutelle a justement noté que son pays, qui a atteint depuis 5 ans la réalisation à 100% du PERG, est en train d’aller vers une globalisation de l’électrification, à même de hisser le développement économique et social en zones rurales, l’agriculture se mécanisant de plus en plus… M. Aziz Rebbah a donc indiqué : «Nous sommes prêts à partager notre modeste expérience avec nos frères du reste du continent». Il a ajouté que l’accompagnement de la BID est un gage pour aller plus loin, à condition de trouver le Business Model adéquat… Il croit qu’il est possible d’aller encore plus loin dans cette dynamique maroco-africaine. Avec l’office qui gère aussi l’eau potable, il serait possible d’aller vers un développement global, a-t-il surenchéri. Quant aux solutions idoines et adaptées, elles pourraient provenir de Joint-ventures à créer, d’un Centre d’excellence, terreau d’experts, cadres et retraités de l’ONEE… croit-il.
De l’accès à l’électricité
Face au réel besoin qui existe (2 citoyens sur 3 n’ont pas accès à l’électricité en Afrique au Sud du Sahara) le Directeur général de l’ONEE n’a pas manqué de signifier qu’il s’agit d’apporter l’appui nécessaire aux projets d’électrification rurale éligibles à l’initiative. Le soutien de l’ONEE et de la BID ira de la structuration au développement des capacités, en passant par la réalisation des études y afférentes et la formation, a-t-il soutenu. Le Directeur général de l’ONEE a ensuite précisé que l’initiative couvre en premier lieu les projets utilisant les énergies renouvelables. N’occultant pas les succès au Ghana, au Rwanda ou encore au Sénégal où, avec 2 contrats de concession sur 25 ans, la Comasel (Compagnie maroco-sénégalaise d’électricité, détenue à 80% ONEE et 20% SFI) fournit l’électricité dans les zones rurales de Saint-Louis et Louga. Il a fait remarquer une présence de l’ONEE dans une trentaine de projets au cours des dernières années en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Ainsi, il est revenu sur la réhabilitation du courant électrique à Freetown en 2006-2007, la supervision de l’installation des moyens de production à Banjul, capitale de la Gambie, la modernisation du réseau de Ndjamena au Tchad, l’assistance au développement d’une centrale de 350 MW en Côte d’Ivoire… sans omettre la formation, via le Centre de l’ONEE/Electricité, classé Centre d’Excellence par l’association des entreprises d’électricité d’Afrique où plus de 300 stagiaires africains sont passées les 3 dernières années. M. El Hafidi s’est aussi réjoui du statut de membre observateur, depuis 2007, du West African Power Pool (WAPP), organe spécialisé de la Cedeao, chargé du développement du secteur.
Dans le prolongement de cette coopération, la convention signée à Rabat, porte sur l’assistance à 3 projets de développement d’électrification rurale (100% renouvelable) au Mali (7 000 foyers), au Niger (19 000 foyers) et au Tchad (7 000 ménages).
Au chapitre des bonnes nouvelles, M. Sadouk, qui est revenu sur la coopération déjà fructueuse et la volonté de partage entre ONEE (1 400 MW) et le reste du continent, a fait allusion à l’interconnexion très prochaine, tandis que le directeur du bureau régional de la BID a annoncé un pipeline financier avec l’AMCI et la Côte d’Ivoire pour 1000 places pédagogiques. Aussi pour le secteur privé l’Arab African Bridge pour disposer de financements adaptés, tenant compte de la gestion du risque, du développement de plateformes logistiques et des corridors à fluidifier.
Par Boubker Badri, Rabat
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