Confidentiel Afrique : La situation de la communauté peulhe au Mali se dégrade dans un rythme exponentiel. Au regard du nombre de victimes et de populations déplacées, peut-on parler d’une forme de syndrome génocidaire qui prend de l’épaisseur ?
Abdarahmane WONE: Le fait est un génocide en soi. Tout est organisé en parfaite intelligence entre des groupes armés qui se rendent régulièrement chez les peulhs pour tuer des femmes et des hommes, des jeunes et des vieux. Sans compter les cas de viols et d’enlèvements. Quand on cible une communauté de la manière aussi organisée en exterminant toutes les classes d’âge, cela s’appelle génocide. Car, comme le dirait, Claude Welch, un des professeurs qui a le plus théorisé sur le concept génocide, les victimes sont ciblées du seul fait de leur appartenance à un même groupe. Au passage, nous saluons le Professeur Welch qui nous a encadré à l’Université de Buffalo.
Confidentiel Afrique : Pourquoi en est-on arrivé là ?
AW : La situation a été accentuée par la présence de groupes armés djihadistes auxquels se sont affiliés quelques Peulhs. Et l’amalgame a été vite fait. En plus, le Mali va vers une élection présidentielle que IBK (les initiales du Président Ibrahim Boubacar KEÏTA) pourrait perdre. Étant impuissant devant les vrais djihadistes, il crée à son acabit pour s’offrir des mirages de victoire. Pour ce faire, il monte ses communautés les unes contre les autres en ayant déjà pris le parti de soutenir les siens.
Les vidéos qui circulent ces derniers jours sont épouvantables et parlent d’elles -mêmes, à qui profite ces crimes?
Justement, ce sont les vidéos qui ont éventré le complot ourdi par IBK et la France sur fond de lutte contre le terrorisme pour donner sens et substance au G5 Sahel qui n’est là que pour exterminer les Peulhs.
Qu’est ce qui explique ce silence de la France, l’UA, les Nations-Unies ?
Si la France est partie prenante, les autres puissances sont peut-être pour le moment mal informées. Les langues commencent tout de même à se délier du côté de la communauté internationale au regard des sorties récentes sur la question de certaines chancelleries.
En tant que panafricaniste et analyste politique averti, ne sommes-nous pas au cœur d’un conflit foncier ou et de l’eau ?
La vérité est qu’on cible des Peulhs et les tue. Le reste sera un butin à se partager quand la peur aura gagné le camp des éventuels rescapés et qu’ils auront quitté les terres de leurs aïeuls. Dans tous les cas, nous ne pouvons cautionner de tels fais quel qu’en soit le motif.
Propos recueillis par Ismael AIDARA
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