
«L’attractivité du Burkina Faso, s’est construite sur la compétitivité globale de son économie»
Confidentiel Afrique: Pouvez-vous présenter l’Agence Burkinabè des Investissements à nos lecteurs?
Madame Bintou DIALLO,DG ABI: L’Agence Burkinabè des investissements (ABI) ex Agence de Promotion des Investissements du Burkina Faso (API-BF) a été créée en 2013 et a changé de dénomination à la faveur d’une restructuration intervenue en Juin 2018.
L’ABI est un établissement public à caractère économique, dont le rôle est d’assister le Gouvernement dans la mise en œuvre de sa politique en matière de promotion des investissements et d’accompagnement des promoteurs. Elle est reconnue comme le coordonnateur au plan national de la promotion des investissements. À ce titre, elle fédère, coordonne et rationalise l’ensemble des initiatives et actions gouvernementales en matière de promotion des investissements.
Notre vision : «être une Agence forte et dynamique à même de faire du Burkina Faso, l’une des destinations privilégiées des investissements dans l’espace CEDEAO».
Nous prévoyons consolider l’ABI sur le plan institutionnel et opérationnel afin de fédérer tous les efforts de promotion et de facilitation des investissements du Gouvernement. A ce titre, une stratégie nationale de promotion des investissements sera élaborée très prochainement.
Pouvez-vous décrire le climat des affaires au Burkina Faso?
L’attractivité du Burkina Faso, s’est construite sur la compétitivité globale de son économie et l’amélioration constante de l’environnement des affaires qui a permis de créer un climat juridique propice aux affaires et aux investissements dans le contexte du marché sous régional intégré et harmonisé.
L’environnement des affaires marqué par la libéralisation effective de l’économie et l’ouverture de principaux secteurs d’activités au privé, l’adoption d’une politique d’ouverture quasi-totale aux Investissements Etrangers Directs (IDE) et la suppression des monopoles.
Le Burkina Faso dispose d’un cadre règlementaire en matière d’investissements, conforme aux standards internationaux. En effet, le Burkina Faso est membre de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) dont l’objectif est d’harmoniser la règlementation et de remédier à l’insécurité juridique et judiciaire. Il est également membre des principaux traités de garanties et de protection des investissements (MIGA, CIRDI,CNUDCI, CCI, CCJA de l’OHADA,ITIE).
L’attractivité du pays repose sur une croissance soutenue et durable, une inflation maitrisée et un environnement des investissements en perpétuelle amélioration dont l’attractivité a été renforcée par l’adoption d’un nouveau code des investissements en octobre 2018.
Les réformes continues ont permis :
• la mise en place d’un cadre macroéconomique assaini;
• l’amélioration substantielle du cadre juridique et institutionnel de promotion et de sécurisation de l’investissement ;
• la réduction des délais de traitement des dossiers, les coûts et les procédures de création d’entreprises (capital social minimum pour les SARL 5000 F CFA et 24 heures pour enregistrer votre entreprise ) ;
• l’application du traitement national aux investisseurs étrangers ; • la création de structures d’appui au secteur privé ;
• la création des guichets uniques;
• la création d’un Centre d’Arbitrage, de Médiation et de Conciliation de Ouagadougou (CAMCO) et l’opérationnalisation des tribunaux de commerce etc. ;
• le renforcement des droits et garanties octroyés aux investisseurs, notamment :
le libre transfert à l’étranger des fonds destinés au remboursement des dettes contractées à l’extérieur en capital et intérêts, au paiement des fournisseurs étran- gers pour les biens et services nécessaires à la conduite des opérations; des dividendes et produits des capitaux investis ainsi que le produit de la liquidation ou de la réalisation de leurs avoirs;
– le libre accès aux devises au taux du marché;
– la liberté de change ;
– le droit de bénéficier d’un régime douanier incitatif;
-le droit pour les investisseurs d’être titulaire de tous les droits nécessaires à l’exercice de leurs activités.
Quels sont les grands projets d’investissement au Burkina Faso?
Au lendemain des élections présidentielles, notre pays s’est doté d’un Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) très ambitieux avec trois grands axes stratégiques que sont :
Axe 1 : Réformer les institutions et moderniser l’administration, Axe 2 : Développer le capital humain,
Axe 3 : Dynamiser les secteurs porteurs pour l’économie et les emplois.
Le PNDES a défini plusieurs projets prioritaires dans des secteurs tels que l’agriculture, l’industrie, l’énergie, la santé et l’éducation, les infrastructures, l’urbanisme et l’habitat. etc
Le pays est aujourd’hui en pleine construction à travers les nombreux projets en cours de réalisation : la construction des logements sociaux, la construction de centres médicaux et d’écoles, les voiries urbaines, l’autoroute de contournement de la ville de Ouagadougou, les aménagements des zones industrielles et agricoles, la centrale solaire de Zagtouli, l’aéroport de Donsin, l’autoroute Ouaga-Yamoussokro, le chemin de fer etc…
Au-delà de ces projets prévus dans le PNDES, l’Agence dispose d’une banque de projets privés en quête de financement. Il faut noter que de nombreux projets privés sont en cours d’exécution en partenariat avec l’Etat ou les hommes d’affaires nationaux ou étrangers. Il s’agit entre autres de la reprise de l’usine textile de l’ex FASO FANI, le projet de transformation intégré de coton A STAR Burkina, la mine d’or de Houndé, le projet de fabrication de kits solaires ALIOTH system.
Quels sont les succès de l’Agence Burkinabè des Investissements (ABI) ?
L’Agence a traversé plusieurs crises socio-politiques depuis sa création en 2013. Nous avons connu plusieurs régimes politiques avec chacun une vision différente. Cependant, nous avons su travailler afin d’atteindre les objectifs qui nous ont été fixés avec le peu de ressources disponibles.
Au titre des actions de promotion, au niveau international, l’Agence a organisé des missions de promotion et des journées économiques du Burkina Faso sur quatre (04) continents notamment à Singapour, en Allemagne, aux Etats Unis, au Maroc, en Afrique du Sud, au Japon, à Dubaï… Elle a participé également à des missions présidentielles au cours desquelles elle a animé des foras économiques en présentant des opportunités d’investissements. Au niveau national, l’Agence a organisé la première édition du SICOT en Septembre 2018, le plus grand salon dédié au coton et au textile sur le continent. En marge de ce salon, Son Excellence Monsieur le Président du Faso a lancé les travaux pour la construction de l’unité d’égrenage de coton biologique, la première dans la sous-région.
L’Agence Burkinabé des Investissements (ABI) a également apporté son soutien à plusieurs investisseurs nationaux et étrangers en termes de facilitation. Les principaux secteurs d’activités des investisseurs assistés sont l’énergie, les mines, l’équipement, l’immobilier, l’agroalimentaire, la santé.
L’assistance de l’Agence a porté essentiellement sur la facilitation pour la création de l’entreprise, l’obtention des agréments techniques et des agréments au code des Investissements, l’obtention des avis de faisabilité environnementale, l’obtention des avis des Mairies, la mobilisation de financements, l’obtention d’autorisation d’implantation.
Ainsi, des entreprises telles que, ENNERA dans l’énergie solaire, SONALIKA dans le montage de tracteurs, A STAR et SECOBIO dans la transformation du coton, SNCE Afrique dans le domaine des aménagements hydrauliques, ZITOUNA Afrique dans le domaine de la santé et Burkina bio dans la transformation des produits carnés se sont installées et sont plus ou moins opérationnels.
Quel message lanceriez-vous à l’attention du secteur privé?
Le Gouvernement Burkinabè a fait le choix clair de s’appuyer sur le secteur privé pour le développement économique. Le dynamisme des structures d’appui au secteur privé tels que l’ABI, la Chambre de Commerce et d’Industrie, l’Agence de Financement et de Promotion des PME, la Maison de l’Entreprise du Burkina Faso, l’Agence pour la promotion des Exportations du Burkina (APEX Burkina) ou le patronat a beaucoup facilité la pratique des affaires dans le pays.
Le Burkina Faso en se dotant d’un nouveau code des Investissements, le Gouvernement permettra aux investisseurs nationaux et étrangers de bénéficier de plus de facilités. Aux investisseurs, les portes du Burkina Faso sont ouvertes, et l’ABI se tient à votre disposition pour vous accompagner.
Propos recueillis par Ismael AIDARA à Ouagadougou ( Spécial Burkina HORS SÉRIE)
BIO EXPRESS
Au terme de sa formation en France, Bintou DIALLO entame sa carrière professionnelle au sein d’ONG et d’organismes interna- tionaux.
En 2013 Madame Bintou Diallo est nommée Directeur Général de l’Agence de Promotion des Investissements du Burkina Faso (API-BF), devenue l’Agence Burkinabè des Investissements (ABI). Créé en 2013 sous la tutelle technique du Conseil Présidentiel pour l’Investissement (CPI).Selon un expert international qui a suivi le processus de recrutement, Bintou DIALLO incarne «un modèle de réussite et d’entregent chez les femmes burkinabè». Face aux exigences des bailleurs de fonds, qui réclament pour ce poste un manager de talent, elle est retenue à l’issue d’un test très sélectif.
Son influence au sein des milieux d’affaires ont fini par convaincre les autorités de lui confier les clés de la porte d’entrée des investisseurs au Burkina Faso. Avant d’occuper ce poste :
En 2011 elle est conseiller Afrique de l’Ouest du groupe français GéoCoton, le géant français de l’agroalimentaire, étendant ses compétences à cinq pays (Bénin, Burkina Faso, Mali, Togo, Sénégal).
En 1999, alors Directeur des ressources humaines de la SN-Citec (la principale huilerie du pays), à Bobo-Dioulasso, elle ne met pas beaucoup de temps à convaincre et est très vite nommée Directeur Général. Première femme à assumer de telles responsabilités au sein de la société, elle n’a pas peur des défis. De ce fait, sous sa houlette, durant 12 ans, la SN Citec regagne la confiance des partenaires.
En 1996, elle est chargée du suivi du Programme de Réfugiés Touaregs, Burkina Faso pour le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM).
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