L’ignoble commerce de domestiques et de mineurs originaires d’Afrique, d’Asie (Extrême Orient), se poursuit sur Internet. Pire, des géants du web, telles qu’Apple, Google, Facebook via sa plateforme Instagram, «cautionnent» une telle bassesse dans la mesure où ils abritent les Applications, téléchargeables sur App Store, Google Play, Instagram…qui ont pour nom 4Sale, Haraj… avec des hashtags explicites ou à peine voilés. En effet, des milliers de femmes de ménage et d’enfants mineurs (moins de 18 ans) sont vendus et achetés, à leur insu,sur ces plateformes. Ce qui est plus dramatique, c’est que la «marchandise» ignore tout des transactions auxquelles elle se trouve au centre. Dernièrement, un jeune libanais s’est amusé à vendre une nigériane sur Facebook pour 1 000 $… depuis, il s’est ravisé, créant un tollé sur la toile et fait l’objet d’une enquête. Les discussions sont en Arabe, une langue que ne comprennent pas ces ressortissantes de Guinée, des Philippines, d’Inde ou du Sri Lanka. Les annonces et pourparlers vont de «elle est âgée de … ans, propre et active», à «elle est très souriante et travailleuse… tu peux la réveiller à 5h du matin, elle ne rechignera pas», en passant par «si vous me donnez une avance, elle est à vous»…
Le ventre de la bête est encore fécond
Depuis l’enquête de BBC Afrique, pilotée par Jeff Kelly, Adam Brown… ces géants du numérique et leurs démembrements, excepté Haraj qui n’a pas daigné répondre, ont nié et juré leurs grands Dieux ! L’association Sandigan, fondée et présidée par Ann, une ancienne femme de ménage, exploitée et envoyée en prison pendant un an, apporte de nombreux témoignages qui prouvent que peu de choses ont changé.
Si aujourd’hui, le hashtag maidfortransfer de la plateforme koweitienne 4Sale n’existe plus en tant que telle, Apple, Google et Facebook ont tout nié en bloc et honteusement évoqué des allégations contraires à l’éthique qu’ils condamnent strictement, notamment le trafic d’êtres humains et l’exploitation d’enfants. Si les pays, dont sont originaires ces innocents, pris comme une simple marchandise à leur insu, ne se constituent pas garants pour défendre leurs ressortissants, taper sur la table de la Commission des Droits de l’Homme à Genève… et que les pays indexés, à savoir le Koweït, l’Arabie Saoudite, le Liban d’où des trafiquants sans scrupules sévissent, ne durcissent pas leurs lois et règlements contre de telles pratiques qui déshonorent l’être humain en 2020, il est grand temps que des associations de défense de Droit de l’Homme se constituent partie civile. Il est vrai que le Koweït a introduit des textes législatifs plus coercitifs en 2015, qui octroient plus de droits à cette catégorie, portant l’âge minimum des femmes de ménage à 21 ans, un jour de repos obligatoire par semaine, des horaires limités par jour… Malheureusement, les trafiquants et malotrus ne respectent pas les lois et continuent de pratiquer la rétention de passeport, l’interdiction de téléphones portables, la séquestration et pire la vente sur Internet! Pourtant, la rétention du passeport est illégale tant au regard des conventions internationales que des codes de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. Ces conventions sont inviolables et ne doivent pas être violées par des Etats civilisés !
Face à de telles vilénies, il est légitime de se demander quelles sont les réactions de l’Union africaine (UA), de l’Asean (Association of Southeast Asian Nations) qui devraient être sur la ligne de front du combat contre cet esclavage des temps modernes ?
Par Boubker BADRI (Confidentiel Afrique)
RSS