Afrique centrale: Ce qui se cache derrière la limitation drastique des plafonds de paiement et de retrait à l’extérieur de l’espace CEMAC par la BEAC ?
C'est par le biais d’un «surprenant courrier » du Gouverneur de la banque centrale des États de l'Afrique centrale qui est parvenu à la rédaction de Confidentiel Afrique, daté du 10 juin 2019 sous l’intitulé « Instruction n°008/GR/2019 relative aux conditions et modalités d'utilisation à l'extérieur de la CEMAC des instruments de payement électronique ». Confidentiel Afrique revient en exclusivité sur les contenus de ce courriel circulaire qui annonce une politique d’évaluation monétaire irréversible. Enquête
Afrique centrale: Ce qui se cache derrière la limitation drastique des plafonds de paiement et de retrait à l’extérieur de l’espace CEMAC par la BEAC ?
En 14 articles, le Gouverneur Abbas Mahamat Toly sérine des mesures qui provoquent chez beaucoup d’observateurs des interrogations légitimes. Après quelques définitions données de ce que sont les dits instruments visés par la lettre du Gouverneur, on peut lire à l’article 4 de l’instruction que « l’utilisation à l’extérieur de la CEMAC des instruments de payement électronique est restreinte aux transactions courantes dans la limite des seuils d’allocation de devise prévus par la réglementation des changes » avant de préciser dans l’article suivant : ce seuil à 5 millions de francs CFA pour les opérations de paiement et de retrait par personne et par voyage à l’extérieur de l’espace CEMAC.
Dans son instruction le gouverneur Abbas Toly souligne bien le rapport avec le « respect des dispositions en vigueur contre le blanchiment de capitaux, la lutte contre le financement du terrorisme et la prolifération des armes dans l’espace CEMAC. Pour l’instant, aucune réaction officielle au sein de la BEAC, encore moins auprès d’un représentant national de l’institution dans un des 5 pays membres.
La circulaire qui a mis presque trois semaines à passer entre les mains des différents responsables des opérations bancaires, vient seulement de resurgir dans les cabinets présidentiels et ministériels au sein des hauts cadres dont des esprits alertes n’ont pas hésité à la mettre en lien avec la fonte des réserves de change de l’espace CEMAC qui a fait soupçonner, on se rappelle un risque de dévaluation du CFA d’Afrique centrale (XOF) dont des organismes de change fixent le taux librement au delà de la valeur indiciaire arrimée à l’Euro sa monnaie de référence qui est de 656,97.
Dans notre enquête, il est clairement apparu que pour les commerçants et hommes d’affaires, la crainte d’une dévaluation est bien réelle dans les esprits avec cette instruction de limitation des seuils de retrait et de paiement pour les usagers particuliers des services bancaires de la zone XOF à l’extérieur de leur espace économique.
Par Oussouf Diagola, Grand reporter de Confidentiel Afrique à Paris (France)
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