
Quelques jours seulement après le réaménagement technique du Gouvernement SONKO 2, Confidentiel Afrique publie la Tribune de Papis Samba CISSÉ, militant de la Section communale de PASTEF Kounkané (département de Velingara). Ce militant citoyen inoxydable et engagé passe au laser les principaux pans de l’armature gouvernementale sur fond de rupture et d’action inclusive.
Dans la tradition politique sénégalaise, les nominations au sommet de l’État ont toujours été lues à travers une grille géographique : chaque région espérait ‘son’ ministre, gage de reconnaissance et de prestige.
PASTEF-Les Patriotes rompt avec cette logique en privilégiant la compétence sur l’origine. Du moins, c’est ce que semble montrer le Gouvernement SONKO2 formé ce samedi 6 septembre 2025 à la surprise presque générale après quinze mois de première mandature.
Photo: Papis Samba CISSÉ
Cette orientation, en phase avec l’idée de rupture systémique, mérite d’être interrogée à l’aune des attentes populaires et des réalités sociopolitiques.
1. Une logique de rupture assumée
PASTEF-Les Patriotes, dès son accession au pouvoir, a clairement affiché sa volonté de rompre avec certaines pratiques considérées comme archaïques dans la gestion du pouvoir d’État. Parmi ces pratiques, figure la tendance à composer les gouvernements et les hautes instances publiques en fonction d’équilibres régionaux ou d’appartenances géographiques.
L’option de PASTEF s’inscrit désormais dans une vision méritocratique : la compétence, l’intégrité et la capacité à incarner le projet politique passent avant les considérations de « terroir » ou de clientélisme électoral.
Cette posture traduit une ambition de changement, de se détacher des logiques de distribution de postes comme « récompenses » politiques et de rompre avec le réflexe d’ancrage électoral par la nomination.
2. Une perception sociopolitique contrastée
Cependant, cette rupture n’est pas sans conséquences dans l’opinion publique.
Les attentes locales : historiquement, les populations s’appropriaient les nominations comme une reconnaissance symbolique. Avoir « leur fils ou leur fille » au gouvernement était perçu comme un motif de fierté, mais aussi comme un canal d’accès aux ressources, aux opportunités et aux faveurs de l’État.
Le risque de frustration : rompre brutalement avec cette géographie des nominations peut être interprété comme une marginalisation, voire un mépris de certains territoires. Cette perception, même si elle n’est pas fondée sur la logique performante de gouvernance, peut fragiliser l’adhésion populaire et ouvrir des brèches dans la construction d’une légitimité politique.
3. L’exigence de conjuguer rupture et reconnaissance
Il apparaît donc qu’en politique, la rupture radicale n’exclut pas la nécessité d’une certaine continuité pragmatique.
Conjuguer les deux approches signifie continuer à mettre en avant la compétence comme critère cardinal, tout en veillant à une représentation équilibrée qui rassure les différentes composantes nationales.
Cette démarche n’est pas synonyme de clientélisme mais d’intelligence politique : l’État doit rester un espace d’équité et de représentativité, surtout dans un pays où l’appartenance communautaire et territoriale demeure un référentiel puissant dans l’imaginaire collectif.
Autrement dit, l’innovation politique doit s’adapter à la sociologie du pays, sous peine d’être mal comprise et de créer des tensions politiques à l’intérieur d’un parti.
PASTEF-Les Patriotes, en refusant les logiques classiques de nominations basées sur l’origine géographique, pose un acte de rupture fort en faveur d’un État moderne et méritocratique.
Toutefois, la gestion des sensibilités locales impose une approche équilibrée : conjuguer la compétence avec une représentation géographique. C’est dans cet équilibre subtil entre rupture et reconnaissance que le parti pourra transformer durablement la culture politique tout en consolidant son enracinement national.
Papis Samba CISSÉ, militant de la Section communale de PASTEF Kounkané (département de Velingara)
Par Confidentiel Afrique
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