L’affaire BESC du Port de Conakry reprend du service. Après plusieurs mois de douche froide. Sa gestion se révèle un véritable scandale qui empoisonne le sommet de la République de Guinée.
Pour rappel à nos lecteurs, l’appel d’offres international pour l’adjudication du contrat du BESC avait mis en lice 9 sociétés consultées, dont seules 4 sociétés ont répondu : ATPMS, TC&T, MCDC Group et Catalyst Business Solutions.
Phœnix TFS en vaudeville dans la boite du BESC
La commission d’analyse des offres auprès des Marchés Publics commence donc le travail d’analyse des offres à partir du 19 Avril 2017 mais, la société Phoenix TFS, qui n’a pas soumissionné, a continué depuis tout ce temps à perturber le processus d’appel d’offres au plus haut niveau de l’Etat avec des pratiques scandaleuses et méprisantes pour l’image de la République de Guinée.
Phoenix TFS n’a pas daigné répondre à l’appel d’offre sur le recrutement du nouvel opérateur BESC, mais a transmis le 18 Avril 2017, par l’entremise de Fatima Kaloko, Philippe Tabuteau, Patrick Emeriau (nous l’évoquions dans une précédente édition ) le faux DG de Phoenix qui signait les courriers de cette société en tant que DG tout en ayant été destitué de son poste quelques mois auparavant) et de Kalil Kaba, un courrier à la Présidence pour demander l’annulation de la procédure d’appel d’offres en cours.
Le Premier ministre câble la Directrice des marchés publics
Sur ordre express du Président, Alpha Condé, M. le Premier Ministre, Mamady Youla câble Mme Touré, Directrice des Marchés Publics, pour suspendre la procédure , le jour même du dépouillement des offres : un véritable scandale d’Etat ! Selon des investigations poussées de Confidentiel Afrique, cette intrusion dans le dossier de l’appel d’offre a chamboulé et mis à l’arrêt du processus. Sans aucune explication.
Depuis que s’est-il passé ?
Une réunion technique autour de la procédure d’appel d’offres s’est tenue les 05 et 06 mai à la Primature pour faire le point sur la procédure d’appel d’offres. Etaient représentés la Primature (entre autres la Directrice de Cabinet, Madame Nylalen Conde), l’ACGPMP (M. Mamadi Conde), le Ministère des Transports (Conseiller Juridique, Responsable des Marchés Publics, l’Office Guinéen des Chargeurs représenté par M. Sekou Camara) ainsi que le Ministère de l’Economie et des Finances (Directeur National Adjoint des Marchés).
Cette réunion a fait le point sur l’ensemble des étapes de l’appel d’offres, a souligné les perturbations opérées par Phoenix dans le processus d’appel d’offres et a renvoyé à l’autorité (Présidence de la République) la décision finale.
Selon des documents exclusifs en notre possession comme le rapporte un des rapports M. Sekou Camara, DG de l’OGC, estime que selon lui, « seule la société Phoenix détient les qualifications pour mener à bien ce travail (sic) ».
Un deuxième Rapport de l’Inspection Générale d’Etat daté du 05 Juillet 2017 renseigne que le Président de la République a mandaté l’Inspection Générale d’Etat, de lui faire un rapport complet sur le processus d’appel d’offres, pour décision.
Les principales conclusions de ce rapport d’Inspection Générale d’Etat sont les suivantes :
• Les contestations de Phoenix n’ont en rien entamé la validité de la procédure
• La clause capitalistique proscrivant tout conflit d’intérêt contenue dans le cahier des charges est pleinement légitimée par l’article 22 de la Loi L/2012/020/CNT qui dispose que « toute personne intervenant (…) dans la chaine de passation des marchés publics et délégations de service public (..) sont soumis aux dispositions législatives et règlementaires prohibant les pratiques frauduleuses et les conflits d’intérêt dans la passation des marchés ou délégation de services publics »
• Les énièmes réclamations portées par Phoenix le 13 Avril 2017 alors que l’ouverture des plis était prévue le 18 Avril 2017, Phoenix était hors délai légal pour solliciter toute modification de l’appel d’offres
• En cas d’annulation de la procédure d’appel d’offres, l’Etat Guinéen s’expose à des poursuites juridiques de la part des soumissionnaires. Pour contrer ce risque, 2 scénarii sont possibles :
1) que la procédure d’appel d’offres aille à terme car il n’existe à ce jour aucun motif sérieux susceptible de l’invalider : scénario qualifié de « souhaitable et logique »
2) l’autre scénario, plus polémique et risqué, serait de rendre l’appel d’offres infructueux. Mais un appel d’offres ne peut être rendu infructueux « qu’en l’absence d’offres ou lorsqu’il n’a pas été obtenu de propositions conformes au dossier d’appels d’offres ».
• Le rapport de l’Inspection d’Etat souligne que cette dernière hypothèse d’infructosité est juridiquement très dangereuse pour l’Etat Guinéen et engagerait l’Etat Guinée, dans des procédures judiciaires préjudiciables.
En effet, l’Etat Guinéen ne pourra pas en aucun cas prouver qu’il n’y a pas eu d’offres ou qu’aucune proposition n’était conforme aux spécifications techniques. En guise de rappel, 4 soumissionnaires de renommée internationale ont répondu à l’appel d’offres, dont l’opérateur actuel, ATPMS.
Le Président Alpha Condé préside la réunion de Synthèse et demande la relance du dépouillement
Cette réunion s’est tenue le 25 Juillet 2017 en la présence de :
• M. Le Président de la République de Guinée, Alpha Condé
• M. le Premier Ministre, Mamadi Youla
• M. l’Inspecteur Général d’Etat, Aliou Bah
• M. le Ministre d’Etat en charge des PPP, Ibrahima Kassory Fofana
• M. le Ministre d’Etat en charge des Transports, Oyé Guilavogui
• M. le DG de L’OGC, Sekou Camara,
• M. le DG de l’AGCPMP, Mamadi Condé (Thalés)
Au terme de cette réunion de synthèse, le Président de la République a instruit de relancer le dépouillement et l’analyse des offres pour que la procédure aille à son terme, rien n’ayant entaché la procédure. Le Chef de l’état qui a piqué une vive colère selon des sources autorisées parvenues à Confidentiel Afrique- a même reconnu s’être trompé sur la société Phoenix, après les avoir soutenu, société qu’il a lui-même qualifiée de « société mafieuse».
Les manœuvres de Kalil Kaba, Malado Kaba et Sékou Kamara
Rebelote !. La procédure reprend donc son cours mais est une nouvelle fois stoppée par Kalil Kaba, qui soutient son poulain du RPG Sékou Camara, DG de l’OGC et représentant de la société Phoenix en Guinée.
Kalil Kaba et Sekou Camara seraient soupçonnés selon des sources d’avoir instruit à un certain M. Touré, le chef du service Enquête et Inspection de l’ARMP, réputé proche de Sekou Camara (DG de l’OGC) de diligenter un rapport défavorable à la relance de l’analyse de l’appel d’offres et ce malgré les instructions claires données par le Président de la République, qui a déjà tranché sur le sujet. Ce rapport n’a pas été signé et notifié par le DG de l’ARMP, M. Jonas. Il n’a donc aucune valeur officielle. Il a cependant été transmis « sous le manteau », sans notification, ni lettre de transmission à la Direction Nationale des Marchés Publics le 24/10/17 pour tenter d’influencer le processus de façon frauduleuse, renseignent des sources crédibles. De fil en aiguille, l’affaire devient un véritable et gigantesque serpent de mer.. Entre les bras de la République d’Alpha Condé. Avec la complicité de Madame Nyalen Conde, Directrice de Cabinet de la Primature, qui a passé toute sa nuit du 23 au 24 Octobre 2017 pour rechercher ce faux rapport enfoui dans un tiroir de l’ARMP.
Le Directeur de l’ARMP, M. Jonas, en roue libre sur l’échafaud
Le premier patron de l’ARMP qui a eu vent de ce rapport clandestin et qui souhaite protéger son institution, avait demandé à ses techniciens de rédiger un rapport authentique sur la procédure d’appel d’offres, qui reprend essentiellement les conclusions du Rapport de l’Inspection Générale d’Etat. L’autre conclusion de ce rapport, cette fois-ci « officiel », de l’ARMP- est que l’OGC ayant comme tutelle le Ministère d’Etat en charge des Transports- ne peut outrepasser les prérogatives de son Ministère d’Etat qui était donc pleinement légitime à piloter cet appel d’offres.
Le Directeur de l’ARMP, M. Jonas, est extrêmement choqué que ce rapport clandestin et pirate, non officiel et commandité par les fossoyeurs de la procédure, ait été communiqué « sous le manteau » à la Direction Nationale des Marchés Publics. Il est en train d’en référer au Président de la République pour que les sanctions administratives à l’encontre des fauteurs de troubles puissent être diligentées dans les plus brefs délais.
La relance tronquée de la procédure, assortie d’une consigne non officielle d’infructuosité lézarde davantage la clarté et la transparence de l’appel d’offre du BESC. Entre temps, et suite à la réunion présidentielle du 25 Juillet dernier, M. le Ministre des Transports, Oyé Guilavogui, relance le Premier Ministre le 08 Aout 2017 pour comprendre pourquoi la procédure n’est pas officiellement relancée. Un jeu de ping pong s’invite au forceps dans ce dossier entre ministères compétents.
Oyé Guilavogui écrit au Président Alpha Condé
Devant l’absence de réponse du Premier Ministre, le Ministre d’Etat Oyé Guilavogui écrit au Président de la République le 11 Octobre 2017 pour notamment lui demander que les instructions qu’il a données au cours de la réunion du 25 Juillet 2017 puissent être effectivement mises en œuvre.
Sur instruction de Madame la Directrice Nationale des Marchés Publics, la procédure d’analyse des offres reprend le 23 Octobre 2017 à 10H00 mais Kalil Kaba, sentant que Phoenix ne peut plus gagner car n’ayant pas répondu à l’appel d’offres et que l’appel d’offres a été conduit de façon entièrement conforme au Code des Marchés Publics (conclusions du Rapport Officiel de l’ARMP et de l’Inspection Générale D’Etat), demande à sa Ministre des Finances, Malado Kaba, (Autorité de Tutelle de la Direction Nationale des Marchés Publics) de donner une consigne officielle à sa Direction de relancer la procédure mais de donner une consigne officieuse de rendre l’appel d’offres infructueux, et ce malgré tous les risques encourus par l’Etat Guinéen, et consignés comme tels par l’Inspection Générale d’Etat : un véritable Scandale d’Etat !. La Présidence de décapite en deux pôles: celui du Président et celui de Kalil KABA.
Selon nos informations, des fortes pressions ont été exercées et activées par les alliés souteneurs de Phœnix sur la Direction Nationale des Marchés Publics pour rendre infructueux un appel d’offres légitime et légal aux yeux de la loi.
Sollicité, le Chef de L’Etat a rappelé qu’il n’a donné aucune instruction en ce sens et qu’il est extrêmement surpris des manœuvres sordides et frauduleuses menées en sous- marin.
Qu’attend le Président de la République pour réagir ? Est-il seulement au courant de ce que certains courtisans historiques du RPG trament derrière son dos ?.
Par Pierre René et Hippolyte Gourmantier
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