Tout ça pour ça !. L’information sur l’existence d’un système d’infiltration et d’espionnage à l’Union africaine , publiée par le journal français Le Monde, durant la 30 ème session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’état et de gouvernement de l’UA, est un gros canulard.
Pourquoi en ce moment précis notre confrère Le Monde a lancé les boulettes en faisant état d’un faisceau d’éléments techniques d’espionnage au pôle technique de l’Union africaine. Pour quels buts on évoque cette affaire » d’espionnage » de l’équipementier chinois au cœur du réseau informatique, faisant l’objet d’un piratage abusif ?.
Confidentiel Afrique s’est approché d’officiels de l’organisation lesquels ont démenti avec énergie ces pratiques d’espionnage.
<< Nous ne savons pas les motivations du Monde en sortant de telles choses qui sont vraisemblablement fausses. Ce débat qu’on installe n’a aucun sens. Nos données sont sécurisées et nous sommes en parfaite entente avec les Chinois. Nous n’avons aucune inquiétude à ce niveau >> avoue cet officiel qui a requis l’anonymat.
L’offensive des Chinois dérange
Est-ce c’est le pavillon chinois dans sa stratégie agressive en Afrique qui dérange. Les entreprises chinoises et leurs guichets financiers sont au front et raflent les marchés sous le nez et la barbe des multinationales françaises, indiennes et turques. Son modèle participatif d’accompagnement et de développement pour les économies des états africains bouscule les codes. Son efficacité et le schéma proposé par la Chine aux gouvernements africains ont sans doute fait la différence. Plusieurs états ont dû réaliser leurs projets dans des domaines divers (infrastructures, énergie ), grâce aux entreprises chinoises. Au Congo Brazaville, il y’a quelques mois, la Chine a réalisé le méga projet portuaire de Pointe noire sur une distance de 500 km reliant les deux capitales. Un méga projet à forte incidence positive sur la trésorerie de l’état congolais a pu sortir de terre enfin après plus d’un quart de siècle. Ni les entreprises françaises, ni aussi européennes ont répondu à l’appel des autorités congolaises pour réaliser ce gigantesque projet. Idem pour beaucoup de pays africains notamment ceux du Sud du Sahara, ponts, routes, centrales électriques universités sont sortis de terre sur financement flexible des guichets Chinois et construits par les entreprises chinoises. Les compagnies françaises ont perdu du terrain et des parts de marché considérables face à la montée en puissance des entreprises chinoises. Le deal gagnant-gagnant est bien et mieux intégré par les Chinois que par d’autres pavillons off-shore, commente ce spécialiste en économie de développement. << Il faut qu’on arrive à décomplexer nos rapprts avec la France et les autres pavillons indiens et turques. Chaque état africain doit jouer sa partition, défendre sa souveraineté et mettre à l’avant ses intérêts économiques pour atteindre l’émergence économique>> reconnaît une source officielle. Que n’a pas donné l’Afrique aux Occidentaux ?. De qui se moque- t-on ?. À l’évidence, les process et les élites changent dans un certain nombre de pays. À l’heure où l’Union africaine, engage ses grandes réformes et ses vastes chantiers (ZLEC, marché unique de transport aérien, passeport unique aux états africains), l’Afrique doit prendre en main son destin en choisissant ses partenaires et définissant les règles du jeu pour le devenir et le bien être de sa population qui atteindra la barre de 2 milliards 200 millions en 2050. C’est l’enjeu de survie.
Port d’Abidjan, une grosse épine sous les pieds de l’état
Souvent, les chinois font des offres accessibles et font aussi de la maintenance continue. Leur flexibilité est imbattable et reste très attractive, assène un membre du gouvernement africain. L’absence de ressources financières longues pour les états africains explique la préférence des entreprises chinoises devant les multinationales hexagonales. L’exemple du Pont d’Abidjan baptisé Henri Konan Bédié, filé au consortium français Bouygues, est illustratif. Le coût de l’ouvrage fait 3 fois son prix initial. Selon des sources concordantes, cette infrastructure loin d’être une panacée est une véritable boule de gorge. Dans la structuration et le financement de cet ouvrage qui fait la fierté des Ivoiriens , c’est le facteur risque commercial que va devoir gérer l’état ivoirien. La française Bouygues – au delà de la cherté du coût du financement – n’a pas voulu prendre en charge le risque politique et économique. Plus malin que Bouygues, tu concasses… Dans les eaux du Pont HKB, le risque politique est garanti par la Banque mondiale ( MIGA) et le risque politique pris par l’état de Côte d’Ivoire.
Par Pierre René et Hippolyte Gourmantier
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