Les tractations d’un rapprochement qui coupent le souffle entre la junte militaire tchadienne au pouvoir et le jeune opposant Succès MASRA étaient dans les tuyaux depuis ces huit derniers mois. Un vrai « deal » sur la roulette russe qui vaut son pesant d’or. D’opposant irréductible et volubile de premier plan contre le régime du général Mahamat Idriss DÉBY ITNO Alias KAKA, Succès MASRA (41 ans) est devenu, un « ami » fréquentable et privilégié à la table du Président Mahamat, aussi de son entourage immédiat, celui du premier cercle des fidèles et inoxydables généraux du clan KAKA. Nommé premier ministre le 1er janvier 2024, alors que la rumeur enflait sur d’éventuels « arrangements souterrains » d’un blanc-seing qu’il délivrera à la furie macabre de la junte militaire tchadienne, suite aux manifestations réprimées d’octobre 2022, qui ont fait plus de 300 morts, Succès MASRA s’est décidé d’aller « souper » au banquet du haut etablishment aux côtés des gourous du clergé que dirige Mahamat Idriss DÉBY ITNO. A peine avoir foulé le sol du pays, contraint à le quitter manu militari, Succès MASRA donne son quitus à promulguer la nouvelle Constitution, cette sorte de chape de plomb juridique pour assouvir les desseins boulimiques d’un clan à la tête du pays, depuis la mort du maréchal Idriss DÉBY ITNO. Il a fallu 24 heures à l’opposant, devenu subitement le grand Sherpa du gouvernement post-Saleh Kebzabo, de former un gouvernement. Rien de spécial, ni de nouveau. Des » has been » pour la plupart, reconduits et requinqués pour amuser juste la galerie sous les oripeaux du chef. En accédant à ce poste stratégique certes, mais, enfoui de projectiles, Succès MASRA s’est crucifié et jeté dans la machine » broyeuse » du clan KAKA. Pari risqué pour la survie politique d’un jeune opposant- lumière il ya quelques mois seulement, à la fleur de l’âge, passé au finish à la moulinette. Une partie du jeu poker menteur, aux fragmentations insoupçonnées.
C’est une récompense ou un arrangement bien ficelé entre les deux parties, Succes Masra et Deby fils. Dans tous les cas, le déroulement des événements laisse croire que rien n’est encore joué et que cette décision d’hériter ce portefeuille est le début d’une désintégration de l’aura et de l’influence de Succès MASRA, qui tenait bien, pourtant, les cartes en main.
Selon des informations exclusives parvenues à Confidentiel Afrique, le clan dur du général Kaka veut l’amener à l’usure, afin de lui faire perdre, à petit feu, sa capacité de nuisance.
Être premier ministre à quel prix ?
Comment un farouche opposant, persécuté par le régime Deby-fils il y’a quelques mois, s’est-il retrouvé à la tête du gouvernement Tchadien ? Une source fiable a soufflé à l’oreille de Confidentiel Afrique qu’il s’agit d’un arrangement sonnant et trébuchant entre Succès et Deby Fils. Mais, le temps de survie de cette lune de miel subite reste la grande interrogation chez bon nombre d’observateurs avertis de la scène politique tchadienne.
Cette nouvelle alliance a pris des ramifications internationales aussi. Des sources autorisées parvenues à Confidentiel Afrique renseignent que ce rapprochement a été parrainé par Washington et Paris, deux puissances qui comptent garder leur influence sur le Tchad. Succès MASRA devient le pion chouchouté de Paris et Washington. En effet, le département américain veille sur le jeune MASRA, tandis que Paris, lui a donné son quitus pour stabiliser la région à partir du Tchad et faire de Ndjamena le dernier bastion stratégique de son dispositif militaire, après le retrait de ses troupes au Mali et au Niger.
Le nouveau premier ministre Tchadien, Succès Masra avait appelé ses partisans à manifester contre le prolongement de 2 ans de la transition militaire le 20 octobre 2022. La riposte a été brutale et les conséquences tragiques. Ce jeudi noir avait coûté la vie à 300 personnes, faisant plus de 700 blessés, quelque 2000 arrestations et des centaines de disparus. Le gouvernement avait par la suite instauré l’état d’urgence et lancé un mandat d’arrêt international contre l’opposant politique. Succès MASRA est- t-il devenu l’ombre de lui-même, à tel point, que sa cote de popularité a perdu si vite, de son écrin ?
Par Hugues DESORMAUX et Safiatou COLY (Confidentiel Afrique )
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