Casablanca fait désormais partie des étapes incontournables des professionnels de l’assurance en Afrique et au-delà. Son rendez-vous figure en bonne place de leurs agendas. A cette 5ème édition, la rencontre, organisée par la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR), ce mercredi 4 et jeudi 5 avril 2018 est en train de battre un record d’affluence, avec la participation de plus de 1000 représentants de compagnies et entités venant d’une trentaine de pays. Occasion privilégiée des compagnies d’assurances de leurs réseaux de distribution et partenaires, pour faire le focus sur les thématiques de l’heure avec des spécialistes, le Rendez-vous de Casablanca 2018 affiche un riche programme. Parmi la panoplie d’intervenants de renom Mohamed BENCHAABOUN, président du Groupe Banque Centrale Populaire (Maroc), Inga BEALE, Présidente des Lloyd’s, Toyonari SASAKI, Vice- Président de l’Association Japonaise des assureurs Vie, etc.
Autour du thème «Disruption en Assurance : Explorer, Innover, Se Réinventer », des tables rondes sur l’Open Innovation dans l’assurance et l’usage potentiel des technologies innovantes, telles que l’Intelligence Artificielle, la Blockchain, l’Internet des Objets ou le Big Data pour créer de la valeur et améliorer l’expérience-client.
La Disruption, une opportunité
Dans son allocution d’ouverture, Mohamed Hassan BENSALAH, président de la FMSAR, a défendu que cette industrie a encore un très bel avenir devant elle, tant le besoin de couverture et de sécurité ne cessera de croître. Il a toutefois, nuancé son propos soutenant que d’autres acteurs peuvent faire leur apparition et, par l’utilisation des nouvelles technologies, faire de l’assurance autrement et moins cher. Justement, il trouve qu’étant donné que l’assurance est au centre de la sécurité des individus et des biens, le secteur subit directement toutes les évolutions et les transformations que peut connaitre la matière assurable. Il a alors évoqué le cas de l’évolution de nos véhicules vers des Voitures Autonomes, des Objets Connectés qui imposent à revoir les couvertures et modèles de tarification, ou encore le cas de la médecine qui évolue au rythme des découvertes scientifiques et des nanotechnologies faisant, que l’assurance santé et l’assistance aux personnes ne seront plus guidées par les mêmes logiques. Loin de les craindre, il faudra faire avec, s’adapter, d’autant plus que plusieurs exemples aboutis, notamment en Afrique subsaharienne, montrent qu’il a été possible de faire de l’assurance autrement, grâce à la téléphonie mobile, en créant une rupture par rapport aux modèles traditionnels, a-t-il ajouté. Enfin, le président de la FMSAR a attiré l’attention sur le fait que la Disruption, qui peut sembler comme une menace pour les acteurs classiques de l’assurance … apparaît clairement comme une opportunité. De son avis , c’est l’occasion de se réinventer, de se transformer et de rester en phase avec les évolutions technologiques et les mutations de notre société.
Quant à Mohamed BOUSSAÏD, ministre marocain de l’Economie et des Finances, il a mis l’accent sur deux grands chantiers pour lesquels les assureurs peuvent accompagner les pouvoirs publics grâce à la transformation technologique. Il s’agit d’abord de la promotion d’une assurance inclusive et à inviter les professionnels à réfléchir ensemble aux meilleurs moyens pour tirer profit des possibilités qu’offre la révolution digitale en matière d’assurance inclusive. Ensuite, il s’agit de la couverture contre les risques climatiques et catastrophiques. Sur ce second volet, il s’agira d’accompagner des changements de plus en plus fréquents, on a besoin d’un cadre législatif souple qui encourage les initiatives des acteurs mais qui sécurise en même temps les assurés et les épargnants, a ajouté l’argentier du royaume.
Des marchés en rupture avec le passé
De son côté, Hassan BOUBRIK, président de l’ Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale au Maroc (ACAPS), a soutenu que dans son pays, le secteur de l’assurance fait des efforts (certes à poursuivre) dans le domaine de la digitalisation, afin d’améliorer la gestion de la relation et des services aux assurés. Il a surenchéri que : «Conscients des enjeux induits par ces évolutions, les assureurs font de l’accélération digitale l’un des axes majeurs de leurs stratégies. Ils investissent énormément dans le numérique, rachètent, nouent des partenariats avec les Insurtechs et créent leurs propres accélérateurs ou incubateurs». Rappelons que la 5ème édition du rendez-vous de Casablanca de l’Assurance est aussi une occasion pour mettre à l’honneur les startups marocaines, et qu’avec le soutien de l’APEBI(Association des professionnels marocains de l’informatique) des espaces de networking sont mis à leur disposition pour exposer leurs idées innovantes et créer les partenariats de demain. Justement, pour le président de l’ACAPS, si la disruption dans les marchés des assurances les plus développés est déjà en marche, les marchés moins matures des pays en développement ne sont pas en reste. Sur le continent africain en particulier, les nouvelles avancées technologiques devraient induire une évolution des marchés des assurances en rupture avec le passé. « Néanmoins, il ne s’agira pas nécessairement des mêmes ruptures ou enjeux que dans les pays et les marchés les plus développés », de son avis. Il n’a pas occulté des défis considérables pour les superviseurs d’assurances. A titre d’exemple, il s’est demandé « Comment, demain, un régulateur pourrait assurer une supervision adéquate d’un assureur digital localisé en dehors de sa juridiction ? Comment assurer une protection appropriée des assurés ? Qu’en est-il de la protection des données personnelles (cas de Facebook) ? Qu’en est-il de la concurrence, face à des acteurs qui détiennent l’information à travers d’autres activités ?… » … sans omettre le cyber-risque.
Sam KAMANGA, président de l’Association Tanzanienne des Assureurs (ATI), a abondé dans le même sens, non sans remercié ses pairs marocains qui ont fait élevé son pays au rang d’invité d’honneur de la rencontre.
Des débats riches et à forte valeur ajoutée
Dans les interventions de la première journée, avec un panel d’ouverture sur Disruption en assurance « Quels enjeux pour nos organisations et notre industrie ? », animé par Inga BEALE, CEO, Lloyd’s.
Bernard SPITZ, Président, Fédération Française de l’Assurance (FFA),Tom LEONARDI, EVP, Government Affairs, Public Policy and Communications, AIG, ensuite sur “Innovation disruptive et la nécessaire convergence entre les métiers de l’Assurance et de la banque », par Mohamed BENCHAABOUN, CEO, Banque Populaire, ou encore “Insurtech vs acteurs traditionnels : coopération, compétition ou coopétition ? », par Hélène FALCHIER, Directeur Général, Open CNP, Stanislas CHEVALET, Directeur général adjoint, BNP Paribas Cardif., Sébastien LOUBRY, Head of Business Development, Axa Strategic Ventures et Josep Celaya GONZALEZ, Chief Innovation Officer, MAPFRE Group., ou encore une séance sur “Le Maroc, au cœur de la transformation numérique », par Saloua KARKRI-BELKEZIZ, présidente, APEBI…
sur «Blockchain, internet des objets, intelligence artificielle, … Quels usages dans l’assurance ? », ou sur « Innovation en assurance : la vision des décideurs», sur « L’Afrique, un fort potentiel pour l’innovation ? », par Pauline ADAM-KALFON, Directrice Assurance, PwC Advisory. Claude SARCIA, Président du Directoire, Inter Mutuelles Assistance, Peter MILLER, CEO, The Institutes, Bob CROZIER, Head, Moulay M’hammed ELALAMY, Directeur Général, Saham Assurance, Rahab KARANJA KARIUKI, Directeur Général, Acre Africa Kenya, Bruno GINOUX DEFERMON, Country Director Technocentre, Orange Middle East & Africa, Rania BELKAHIA, CEO, Afrimarket, les débats ont été riches et animés.
Le jeudi 5 avril s’inscrit dans ce même sillage avec des axes tout aussi intéressants et à la page.
Par Hippolyte Gourmantier, envoyé Spécial à Casablanca
RSS