ÉDITORIAL
Président Roch, le temps presse…
La bourrasque de l’insurrection populaire du 30 octobre 2014 qui a balayé le «puissant» Blaise est derrière nous. Requiem et chaudière pour ces vaillants soldats de la révolution. Le capitaine forcé à l’exil, le pays s’est dit-on décrispé. Affranchi des goulots d’étranglements de l’ancien système. Un homme, Roch Marc Christian KABORE, porteur d’espoir, pour des millions de Burkinabé, accède au pouvoir. Après l’intermède transitoire piloté par le duo Kafando-Zida.
Méga projets
Forcé à l’exil, l’ancien président a laissé derrière lui un palais fantôme. Le nouveau locataire de Kosyam, démine les quartiers. Il a les cartes en main. Voilà trois ans maintenant. Plus qu’un simple blanc-seing que lui a délivré le peuple, Marc Christian KABORE, était perçu comme l’anesthésiste du chaos. L’économie aux mains d’une oligarchie familiale d’alors est remise sur les rails. Le régime KABORE s’y emploie. Le curseur se pose sur le pari du développement.
Pôles de croissances, construction d’un aéroport ultramoderne Donsin, d’échangeurs dans la capitale, de grands barrages hydroagricoles, d’infrastructures électriques, relance d’industries pilotes à l’arrêt, sont dans les starting-blocks. À cela s’ajoute l’attractivité du secteur minier. L’État déroule sa vision stratégique adossée sur le PNDES 2016-2020. Tout est encore dans la boite. Mais le peuple s’impatiente. «On ne mange pas les slogans et les indicateurs de croissance qu’on nous claironne» ergotent bon nombre de Burkinabés. Le rouleau compresseur du supplice hérité par l’actuel régime asphyxie. 6500 milliards FCFA seront injectés dans le pays à l’horizon 2020.
Welcome Chine populaire
Exit Taïwan ! L’empire du milieu a sorti la grosse artillerie. Au seul prix de supplanter le drapeau de l’île démocratique dans ce dernier bastion de la diplomatie taïwanaise en terre africaine. Pékin a promis de casser la tirelire. La puissance de la Chine a pulvérisé le moule du ciment. Tant pis! Le régime KABORE a tourné la page. Le peuple surtout, le monde rural, trop attaché à la grande île se tourne les pouces. Il entend tirer profit de cette retrouvaille sino-burkinabé. Pékin mesure-t-il les enjeux dans ce pays sahélien où tout est à faire?
Syndrome sécuritaire
À peine élu, le régime s’est retrouvé face à l’ennemi. Le terrorisme djihadiste. Avant Roch, le pays vivait dans un calme plat.Subitement, ça crépite.Ouagadougou et les villes de l’intérieur passent à l’échafaud de ses nouveaux bourreaux. Le système sécuritaire s’affaisse. Le verrou qui tenait la soupape a sauté. Les burkinabé découvrent ce revirement. Avec angoisse. Aculé, le pouvoir pour conjurer la tragédie que lui impose l’ennemi, sollicite la force Barkhane. Déjà le pays n’a pas fini de faire le deuil. Une centaine de morts. Qui sait ? Membre du G5 Sahel, la France lâche ses drones dans le ciel pour sortir du «guêpier» le soldat Roch Christian KABORE. Pour combien de temps cela va durer, s’interroge le burkinabé lamda.
L’ombre de Salif Diallo
Le stratège et pivot du système s’en est allé. Tout s’écroule. Salif n’est pas comme les autres. Eux aussi ne sont pas comme lui. Il était doté d’un grand art. Celui de gagner ses combats. Alliant méthode et organisation. Après sa disparition, c’est le désert. Presque. Une béquille manque au cheval de Roch. Une évidence. Le maillon faible du régime prend sa racine dans ce vide. Son compagnon de lutte, Simon Compaoré est affaibli. Les nerfs se sont assouplis. Que reste-t-il ? Le défi d’aller de l’avant pèse sur les épaules du locataire de Kosyam. Énormément.
Virage 2020
À deux ans des joutes de 2020, le peuple devra trancher entre le président sortant, Roch Kaboré et l’opposition. Décidée à le déloger du palais Kosyam. Jusque là aucune alliance sacro-sainte de l’opposition n’est perceptible. Ou déclarée haut. Le leader de l’opposition, Zéphirin Diabré, challenger de l’actuel président en 2015, n’a pas annoncé la couleur. Va-t-il s’allier avec l’ex parti au pouvoir (CDP dirigé par Eddie Komboigo) restée une redoutable machine? Fragilisé par l’absence de Salif Diallo, le parti au pouvoir, le MPP manque de «mordant». Le gourou du clergé est parti avec sa boite magique. Une grosse déprime. Il faut inventer une nouvelle alchimie. Vite, afin de garder le pouvoir. Pour un second mandat. Car, le peuple se cherche. Avant que le chômage, l’insécurité, la pauvreté ne déclenchent le syndrome de la chienlit
Par Ismael AIDARA, Directeur Editorial de Confidentiel Afrique
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