
C’est la premiere visite officielle au Royaume Chérifien du Président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat. Sous le parapluie de l’institution panafricaine, ce déplacement du successeur de la Sud- africaine, Dlamini Zuma, intervient à trois semaines seulement des discussions sur la question de la participation ou non du Polisario au prochain Sommet UA- UE prévu à Abidjan les 29 et 30 novembre 2017. L’Algérie et l’Afrique du Sud manœuvrent avec délicatesse et poussent les roues pour la participation de la RASD aux prochaines joutes UA- UE. Cette question soulève un point de friction selon plusieurs sources diplomatiques qui suivent avec intérêt les discussions. La question a été au cœur de la session extraordinaire de l’Union africaine consacrée à l’examen de la préparation du Sommet UA-UA prévue à Abidjan les 29 et 30 novembre, lundi 16 octobre au siège de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba.
Des sources évoquent la pression de l’Afrique du Sud et de l’Algérie, favorable à une participation du Polisario au raout d’Abidjan alors que bon nombre d’instances politiques et diplomatiques européennes carburent en faveur du Maroc, tout en se braquant contre le Polisario.
L’intransigeance et la neutralité de Moussa Faki Mahamat
Pour mieux cerner les entournures de ce dossier, il faut remonter au discours engagé, audacieux et réformiste du nouveau patron de la Commission de l’Union africaine. Moussa Faki Mahamat en fin connaisseur de la géopolitique panafricaine du fait d’un actif fort appréciable d’une trajectoire diplomatique étincelante, entend faire bouger les lignes. Contrairement à ceux là qui estiment à tort qu’il a un tropisme pointu envers le Polisario, Moussa Faki Mahamat n’a qu’un seul objectif. Celui de pacifier les territoires en feu et d’oxygéner les étuves à la grisaille étouffante des contingences politiques et diplomatiques qui opposent certains États africains. Moussa Faki Mahamat l’a dit et réitéré dans son allocution engagée post- élection du 30 janvier dernier dans l’antre du Center Conférence d’Addis Abeba.
<< Je me mets au service du développement africain. Sans distinction de zones géographiques, d’appartenances politiques et économiques >> affirmait-il. Moussa Faki Mahamat n’a rien contre ce grand Pays qu’est le Maroc. Sa visite ce vendredi au Maroc s’inscrit dans une logique de montrer à la face des autorités chérifiennes et du continent africain qu’il est et reste au dessus des guerres souterraines et affichées entre les pays en conflit ou en froid.
Cette audience du Président de la Commission de l’UA avec le Roi Mohamed VI participe à un dégel politique visant à mieux faire comprendre l’esprit et le corps de la position de l´UA sur la question de la participation de la RASD au sommet d’Abidjan.
Les autorités ivoiriennes, pays qui accueille le Sommet UA- UE, vont- elles oser franchir le Rubicon en refusant la participation du Polisario au Sommet UA- UE?
Signalons que la Côte d’Ivoire, ne reconnaît pas la RASD en tant que pays souverain.
Selon des informations crédibles, Pretoria a ainsi, selon des sources proches d’Alger et du Polisario, lancé un ultimatum à la Côte d’Ivoire, pour convier avant le 27 octobre 2017 tous les Etats reconnus comme tels par l’UA.
Cette position tranchée de l’Afrique du Sud qui exige la participation de la RASD à ce raout d’Abidjan serait un point de friction névralgique dans la quiétude du déroulement du Sommet UA- UE d’Abidjan. Devant cette forte tension diplomatique qui risquerait de compromettre la tenue de ce raout, le Président Moussa Faki Mahamat s’impose comme l’homme de la situation. Son calme olympien, sa sérénité et son sens élevé d’équilibrisme de la géopolitique internationale sont des atouts considérables pour rapprocher les deux parties antagonistes.
Par Ismael AIDARA, Directeur Editorial
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