De notre Envoyé Spécial à Ouagadougou Hippolyte GOURMANTIER
Ce n’est pas une surprise. Le capitaine Ibrahim Traoré a été choisi par les forces vives de la nation, pour diriger la nouvelle Transition, consécutive au putsch du 30 septembre dernier. Ce jeune officier de 34 ans est parvenu à se hisser au sommet de l’État, en renversant le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avec le soutien de ses frères d’armes du Mouvement pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR). Depuis le coup de force qui l’a porté au pouvoir, le capitaine Traoré a gagné en estime auprès des populations. Celles-ci comptent sur lui pour rompre avec la France au profit de la Russie, en matière de coopération dans la lutte contre le terrorisme. De nombreux citoyens se sont d’ailleurs réunis, aux alentours de la Salle de conférences 2000 où se sont tenues les assises, pour appeler au maintien du capitaine Traoré à la tête de l’État. Le même mouvement a été observé partout ailleurs dans le pays. Déterminés, les manifestants, dont la plupart brandissaient des drapeaux burkinabè et russe, ont vu leur vœu s’exhausser. L’ex-chef de corps du Régiment d’artillerie de Kaya, qui assurait l’expédition des affaires courantes de l’État, a été confirmé dans ses fonctions par les forces vives. Cette décision a été largement saluée par les manifestants dans les rues et des leaders de partis politiques et de la société civile. « Sur la désignation du président de la Transition, nous étions en phase avec le plus grand nombre de Burkinabè », a confié un des responsables de l’ex-majorité présidentielle, Clément Sawadogo. « Nous pensons que le nouveau Président Ibrahim Traoré pourra puiser à la source de la révolution, labourer le champ que ses prédécesseurs lui ont laissé afin de faire du Burkina un pays d’amour », a commenté l’ex-collaborateur de Thomas Sankara, Dr Jean-Hubert Bazié. Investi des pleins pouvoir pour conduire la Transition, le capitaine Traoré va évoluer dans un contexte d’insécurité généralisée au Burkina Faso. Il a promis d’aller vite dans la reprise des zones tombées dans les mains des groupes armés qui sèment la terreur dans le pays depuis sept ans.
Le capitaine Traoré a 21 mois (c’est la durée de la Transition fixée par les forces vives) pour produire des résultats sur le terrain de la lutte contre le terrorisme et rassurer les Burkinabè. Comparé à Thomas Sankara, qui avait accédé au pouvoir au même grade et au même âge, ce jeune officier constitue l’espoir de tout un peuple, à un moment où le Burkina Faso est menacé dans son existence.
L’Assemblée législative de Transition maintenue
Après sa désignation comme Président, le capitaine Traoré a signé, le vendredi 14 octobre, aux environs de 22 heures, la Charte de la Transition nouvellement adoptée. Ce document comprenant quatre titres et 27 articles éclaire sur les organes de la Transition, leur rôle et composition. Ces organes ne sont autres que le Président de la Transition, le Gouvernement de la Transition et l’Assemblée législative de Transition (ALT). Selon l’article 4 de la Charte, le Président de la Transition établit les grandes orientations de la politique de l’État et veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Il n’est pas éligible aux élections présidentielles, législatives et municipales qui seront organisées pour mettre fin à la Transition. Les participants aux assises ont convenu, que le gouvernement de Transition va être composé d’un Premier ministre et de 25 ministres au maximum. Tout comme le Président de la Transition, le chef du gouvernement n’est pas éligible aux prochaines élections. Sujet à polémique, l’ALT a été maintenue dans les organes de la Transition, au grand dam de certains Burkinabè qui appellent à sa suppression. Elle comprendra 71 membres issus des rangs des forces de défense et de sécurité, des organisations de la société civile, des partis politiques, des dignitaires régionaux. Les personnalités, qui seront retenues pour siéger à l’ALT, n’auront pas de salaire, mais plutôt droit à des indemnités de sessions. Les forces vives de la nation ont par ailleurs décidé de la suppression d’un organe, qui n’est rien d’autre que le Conseil d’orientation et de suivi de la Transition (COST), instauré dans la précédente Charte qui fondait l’action du lieutenant-colonel Damiba.
Par Confidentiel Afrique
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