GRAND FORMAT
‘’De l’huile d’argan produite à Essaouira au Maroc au beurre de karité transformé au Burkina Faso, nous voudrions positionner les femmes productrices et entrepreneures africaines en une grande plateforme de commerce en ligne’’
Confidentiel Afrique: Le Réseau nécessite des connexions à forte valeur ajoutée et des financements adéquats. Y’a-t-il des milliardaires du continent qui accompagnent et soutiennent votre structure comme le philanthrope Nigérian Aliko Dangote ou l’Egyptien Sawiris?
Béatrice Gakuba, DE AWAN-AFRIKA : Pour le moment, nous sommes en partenariat avec CTA qui nous finance avec les fonds de l’Union européenne et Accp pour le projet de «Value4HerConnect» et aussi la plateforme digitale.
En ce qui concerne les milliardaires africains, nous ne fermons pas les portes et nous attendons qu’ils co–financent nos projets.
Confidentiel Afrique: Peut-on s’attendre à une plateforme transnationale qui va permettre de truster entre les championnes agricoles africaines et celles issues d’autres régions de la planète ?
B.G.: Nos études ont montré que les femmes interrogées sur leurs besoins pour développer leurs activités commerciales sont préoccupées de deux choses: le capital et le marché.
Nos membres et nos championnes locales de l’agrobusiness sont réparties dans 33 pays africains où elles évoluent sur toute la chaîne de valeur allant de la production à l’exportation en passant par la transformation locale. Nous avons déjà 1 200 femmes inscrites et nous espérons d’ici à la fin de l’année prochaine connecter au moins 15 millions de femmes et de jeunes Africains. C’est faisable.
Pour l’instant, au nombre de 400 sur notre plateforme de networking «Value4HerConnect». Nous visons principalement les femmes entrepreneures agricoles dans la tranche des moyennes entreprises. Selon nos critères, ce sont des entreprises avec un capital à partir de 20 000 dollars et plus. Mais, pour ce qui est des membres de notre plateforme, le capital est à partir de 50 000 dollars. Nous espérons avoir d’ici la fin de l’année au moins 5 000 adhérentes en couvrant toute l’Afrique. Nous nous servons des nouvelles technologies pour fournir à nos membres des informations en ligne sur les marchés, les standards, les acheteurs, les vendeurs, les agrégateurs, les produits et les prix, mais, aussi pour leur permettre de communiquer et de commercer entre eux.
Notre première conférence les 13 et 14 juin à Nairobi, conjointement organisée avec le CTA et AWIEF, a été marquée par l’exposition de produits capables d’être compétitifs face à la production mondiale en termes de standards, de qualité, d’emballages, etc. C’est une rencontre qui a été marquée par la présence des investisseurs, des acheteurs, mais, le plus important des échanges, a été ceux des participants entre elles-mêmes. Elles ont apprécié cette nouvelle plateforme qui leur a permis de se connaitre et d’entrevoir des opportunités d’affaires, entre les produits d’Éthiopie et d’Afrique du sud, de Zambie et du Mali, etc. On parle de café, de chocolat ou de produits naturels de beauté. A ce propos, les pays d’Afrique du Nord, méditerranéens, apporteraient un avantage considérable, un lien entre l’Occident et l’Afrique sub-saharienne et des créations d’emplois des jeunes.
De l’huile d’argan produite à Essaouira au Maroc au beurre de karité transformé au Burkina Faso, le potentiel commun ne fait pas de doute.
Notre défi : Dans les prochaines années, nous voudrions nous positionner en une grande plateforme de commerce digitale en ligne pour et par les femmes africaines productrices et entrepreneures où elles pourraient vendre leurs produits entre elles et où des entreprises du continent et du monde entier pourraient s’y approvisionner. C’est le rôle de networking qui nous incombe à AWAN, avec nos partenaires présents et futurs.
Avez-vous un projet de décernement d’un prix de la ‘‘championne agricole’’ pour encourager les femmes qui sont dans le domaine agricole ?
B.G.: C’est déjà fait! Nous n’avons pas tardé à nous rendre compte que, parmi les premiers membres, un bon nombre étaient déjà performantes chez elles, sur le continent et au-delà des mers. En juin dernier, à Nairobi, quelques-unes ont reçu des prix de reconnaissance pour les efforts déployés dans les filières agroalimentaires et les progrès réalisés. La récompense a, ainsi, rendu hommage aux réussites des femmes et de leurs entreprises en Ouganda, en Namibie, en Somalie, au Kenya et en Guinée dans les catégories suivantes: jeunes en-dessous de 30 ans, économie bleue, résilience et engagement, leadership en Afrique de l’Ouest, ainsi qu’un spécial ‘‘Mama # VALUE4HER’’ décerné à Sabdiyo Dido Bashuna, Conseillère technique principale, Chaînes de valeur et Agribusiness au Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), pour son inspiration et son leadership auprès des femmes et des jeunes dans le domaine de l’agrobusiness.
En quoi la ZLECA pourrait être utile à votre plateforme ?
B.G.: La ZLECA devrait améliorer la possibilité de circuler librement et mettre fin aux tracasseries douanières, avec un gain de temps et d’argent qui sera très certainement avantageux pour les femmes d’affaires, souvent mères au foyer en même temps. Avec un label ‘‘africain’’, nous misons beaucoup sur le marché africain qui devrait permettre de générer des millions, voire des milliards de dollars de chiffres d’affaires dans les prochaines années. Mais surtout, je suis convaincue que, avec des produits non-altérés par une transformation industrielle excessive, l’Afrique peut nourrir l’Afrique, ainsi que la diaspora africaine et les amoureux de l’Afrique dans le monde. La femme africaine a des talents inégalés dans ce domaine.
Nous mettons beaucoup d’espoir dans cet accord. Nous avons tous vu les chiffres avancés et qui sont impressionnants. Si le commerce intra-africain grâce à la ZLECA va augmenter de 17% à 60 % d’ici 2021, comme il a été déclaré par l’Union africaine, nous pensons qu’au moins la moitié devrait être pour et par les femmes en termes de bénéfices et de production. Les femmes représentent près de 50% de la population africaine, donc, leur part dans l’économie devrait être proportionnelle ou proche de ce pourcentage. La ZLECA va faciliter le commerce de nos membres entre elles-mêmes, avant d’exporter, sachant que beaucoup d’entre elles sont aussi depuis longtemps exportatrices en dehors du continent.
Propos recueillis par Ismael AIDARA
BIO EXPRESS
She is amongst the pioneers of AWAN – EA members Export group that started in 2004 when she was the founder and owner of Rwanda Flora.
In 2018 she led successful negotiations with CTA for #Value4Her project that covers AACP countries. At present AWAN – Afrika is an important partner of CTA for at #Value4Her and #Value4Her Connect platform; the #1 digital platform for women in agribusiness in the continent.
Beatrice Gakuba is a member of a high panel of judges for recruiting Directors of departments at The Organisation Internationale pour la’Francophone (OIF) since 2017
After a 25, year career in poverty alleviation and integrated development with various United Nations Agencies and other Development organizations, Ms. Gakuba returned to her native Rwanda in 2004.
She then started one of Rwanda’s most thriving businesses and has been hailed by international leaders as an example of the potential success of entrepreneurship in economically revitalizing economies in African countries.
In 2005 She was appointed Chairperson of the board of Rwanda Air making her the first African female to chair the board of a national airline
Beatrice Gakuba is Food security and Nutrition Expert, Senior Content Adviser in Agribusiness, Social innovator, and a seasoned entrepreneur. She is very passionate about issues related to women in Agribusiness and economic empowerment.
Most significant recognitions:
Remarks by the President of The World Bank, Dr Paul Wolfowitz, at United Nations 2005 World Summit; The Story of Beatrice Gakuba: ”In Rwanda I met a remarkable woman whose hard work and determination symbolize the talents and dreams of millions of Africans.
Beatrice Gakuba left a comfortable life in the West to start a flower-growing business in her native Rwanda. Against enormous odds, her small farm grew, creating jobs for nearly 200 rural women. When I asked Beatrice why she decided to take on such a daunting challenge, she replied «I came here to grow beautiful flowers on the ashes of genocide.» Her biggest obstacle to creating even more jobs is not a lack of skilled workers or entrepreneurial spirit; it is a weak infrastructure that makes electricity unreliable and transportation unaffordable…
…As we gather here today, let us not forget the Beatrice Gakubas of the world, who stand poised to transform their countries.”
Ms. Gakuba has also spoken at numerous international conferences: on a Presidential panel for UNIDO General Assembly in Vienna in 2012, at the Women’s Economic Empowerment a Smart Economics summit held in Berlin in February 2007, organized by the Ministry of International Cooperation of Germany. During the dinner gala she was recognized alongside Mrs. Ngozi Iwela, the former MD of the World Bank and Minister of Finance of Nigeria as being among the top leaders of promoting Smart Economics for women” in the world.
She has also made presentations at the World Bank/IMF General Assembly in Singapore; World Bank Forum on the role of Science and Technology in Private Sector Development (Washington DC); the role of Science and Technology in Poverty Alleviation organized by the African Development Bank African Private Sector Development and the role of Agribusiness (Palermo, Italy) and others. The role of the Diaspora in developing Africa (Brussels) and many more.
Ms. Gakuba has also featured in various documentaries (Rwanda Rising and UN in Action) and international media features such as CNN (Spanish and Portuguese), BBC, TV5, TPA PBS and other international radio RFI, DW …
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