À trois jours seulement du Tera meeting parti pour être l’apothéose, le Premier ministre Ousmane Sonko s’est décidé d’aller en congé aux relents de pause stratégique ou de signal d’alerte au sommet de l’État crispé depuis plusieurs mois. Un vent de malaise traverse la gouvernance Diomaye- Sonko et alimente les conjectures d’un divorce en téléchargement mais têtu. Des mains se cachent derrière cette inconfortable situation et pas des moindres de Bissau à Paris en passant par Abidjan et Marrakech selon des informations crédibles exclusives parvenues à Confidentiel Afrique. Dessous d’une ligne de friction
C’est ce samedi 8 novembre 2025 que le Premier ministre Ousmane SONKO ira au charbon pour dire ses vérités crues à ses troupes en plein branle- bas. L’ex- farouche opposant du régime Macky Sall est réputé teigneux, transpirant et ingénieux. Son style est assez révélateur. Méthode, organisation et puissance de sa communication politique envers ses ultra- partisans et couches populaires en sont ses principaux marqueurs. Ce Tera meeting cache bien un faisceau d’éléments qui risquent de s’acheminer vers un clash. Le tandem Diomaye-Sonko en a beaucoup souffert. Des sources, généralement bien informées, ont confié en exclusivité à Confidentiel Afrique des « manœuvres très poussées d’Alassane Dramane Ouattara, Umaru Sissoko Emballo et Macky Sall visant à dynamiter la quiétude du tandem Diomaye-Sonko pour des intérêts calibrés et jeux d’influence ”. Que se passe-t-il réellement au sommet de l’Etat et particulièrement avec Ousmane Sonko?
Congé du Premier ministre, pause stratégique ou signal d’alerte d’un grand malaise
Fait inédit dans l’agenda républicain de voir un Premier ministre Ousmane Sonko aller en repos sabbatique en dehors des vacances gouvernementales. Ni les observateurs, ni les officines de la capitale, voire les baromètres du pouvoir coutumiers des confidences n’en connaissaient les détails. Après plus d’un an et demi à la Primature, marqué par une exposition publique intense pour redresser un pays en crise profonde, le chef du gouvernement marque une pause. Faut-il y voir un simple besoin de récupération ou l’annonce d’un réel changement dans les usages institutionnels ?
La première absence de Sonko était passée inaperçue, même au sein du Conseil des ministres, avant qu’un signe de fatigue ne soit visible dans une apparition vidéo sur les réseaux sociaux. Cette fois, le Premier ministre prend les devants : lors du Conseil du 6 novembre, il annonce son congé, sans préciser la durée. Cette transparence laisse place à la question : la pause de Sonko neutralise-t-elle les spéculations ou révèle-t-elle, en creux, les tensions et les incertitudes à la tête de l’appareil d’État ? Traditionnellement, les congés du gouvernement sénégalais sont organisés de façon groupée, souvent en août ou septembre, selon les directives présidentielles et les calendriers ministériels. Mais le Président Diomaye Faye, lui-même, n’a jamais institué de congé gouvernemental. Lors de sa récente retraite dans le Saloum ( centre du pays, Sénégal), il avait été rappelé en urgence par les conséquences des inondations et de la montée des eaux à Thiaroye sur mer. Le Premier ministre avait, jusqu’ici, renoncé à toute vacance officielle par respect des instructions de l’Exécutif. Pourquoi ce break administratif, et à quel moment stratégique ? S’agit-il d’une rupture dans la gestion tripartite du pouvoir, ou d’une adaptation aux défis actuels ?
Pendant ce temps, le secteur gouvernemental devrait demeurer à son poste, et les regards se tournent vers l’événement politique majeur du week-end : le Tera-meeting du Pastef, orchestré samedi à l’Esplanade du Stade Léopold Sédar Senghor. Sonko y annonce un tournant politique dans un contexte marqué par des interrogations sur la solidité du sommet de l’État après des périodes de crise et d’espoir.
Les grandes manœuvres sur l’axe Bissau- Abidjan’ Marrakech et Paris
Le climat politique s’est complexifié un an après l’élection du duo Diomaye-Sonko, emblème de la rupture après les séquences tumultueuses qui ont traversé le Sénégal. Les réseaux diplomatiques s’activent et se multiplient. De Bissau à Paris en passant par Abidjan et Marrakech, les manoeuvres tournent à plein régime. Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, il est établi que les communications entre Emballo Sissoko Omar et Diomaye Faye sont devenues quasi-régulières, signe de nouveaux équilibres régionaux. Mais les intérêts de Emballo convergent avec ceux de son protecteur et mentor Macky Sall. Sur le plan politique interne, Macky Sall, ex-président au bilan contesté, multiplie de son côté les tentatives de rapprochement avec Diomaye Faye. Infructueuses jusqu’ici. La dernière remonte à fin août 2025 en marge notamment de la dernière visite parisienne du chef de l’État Diomaye Faye à Paris, invité par le Mouvement des entreprises françaises. Que cherche Macky Sall ? Son objectif : anticiper les suites d’un projet de loi sur sa mise en accusation, potentielle extradition et jugement devant la Haute Cour de Justice, alors que les scandales financiers sont florès depuis la fin de son mandat début avril 2024. Bon nombre de ses alliés et dignitaires croupissent en prison. Macron et Alassane Ouattara sont aussi en embuscade soufflent des sources autorisées. Les deux se tiennent et veulent à tout prix tirer d’affaires leur ami en commun Macky Sall, lequel fut un bon serviteur à leur desiderata politique durant son magistère. Paris et Abidjan joue sur l’accordéon Diomaye et manoeuvrent pour isoler Ousmane SONKO du centre de gravité de sa puissance et célérité au cœur du pouvoir.
Face à ces manœuvres, faut-il attendre une clarification du pouvoir ou un durcissement des rapports au sein de la coalition au sommet ? L’annonce de congés du Premier ministre, la tenue d’un meeting stratégique, les pressions internes et externes… toutes ces séquences posent la question : l’État sénégalais entre-t-il dans une nouvelle ère de gestion politique marquée par la transparence et la visibilité, ou assiste-t-on à la résurgence des luttes d’influence traditionnelles, entre stratégie du retrait, agenda caché et recompositions feutrées ?
Par Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)


