Plus de 50 millions de dollars et de l’armement pour la libération du général émirati à la retraite Joumoua Ben Maktoum Al Maktoum, otage de la branche armée djihadiste Al- Qaida, Jnim : “Le Sahel devient la nouvelle arène où diplomates, militaires ou businessmen du Golfe sont considérés comme des proies de choix” Exclusivité de Confidentiel Afrique qui livre les dessous de ce new deal dans les entrailles chaudes et juteuses du Sahel Security.
Au cœur du Sahel incandescent, le 30 octobre 2025 marque la libération spectaculaire d’un général émirati à la retraite, deux de ses accompagnateurs arabes, ainsi que plusieurs Maliens, dont un ancien député, tous enlevés par le JNIM- la franchise sahélienne d’Al-Qaida- enlevés presque un mois jour pour jour, le 28 septembre 2025. Cette opération, orchestrée dans un silence diplomatique pesant, laisse peu de place à l’ambiguïté : la rançon colossale, estimée à plus de 50 millions de dollars, aurait été versée par les Émirats arabes unis, assortie selon des sources sécuritaires confidentielles, de la remise d’armements dernier cri au groupe terroriste. Selon des sources autorisées exclusives parvenues à Confidentiel Afrique, les nuits pour la libération du général émirati à la retraite ont été laborieuses, marquées parfois par des envolées d’humeurs désagréables. » Les négociations n’ont pas été du tout faciles et il fallait trouver les bons procédés pour éviter de contrarier les intérêts » glisse à Confidentiel Afrique une source proche du dossier.
“Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (CSI ou JNIM), rodé désormais à la logistique du rapt haut-de-gamme, n’en est pas à son premier coup ” commente, en exclusivite, pour Confiddentiel Afrique une source sécuritaire sahélienne qui fait remarquer que “jadis, les otages étaient des cadres d’ONG européens, des missionnaires ou des journalistes. Désormais, la franchise jihadiste cible des diplomates arabes et des notabilités locales, dans une montée en gamme révélatrice d’un nouveau climat.”
De l’argent en devises et de l’armement en échange
Le modus operandi dans cette affaire de libération du général émirati à la retraite donne la confirmation brutale d’une économie de la prise d’otage. Chaque versement massif vient doper le marché sahélien, injectant des fonds et des armes dans l’écosystème du banditisme et du radicalisme. Les transactions occultes entre États, intermédiaires et milices, loin d’apaiser la région, la précipitent dans un cercle vicieux : l’instabilité devient plus rentable que la paix” s’en inquiète t-il tout en commentant que “surtout, ce virage stratégique annonce des lendemains incertains. Jadis relayé par la presse internationale quand un humanitaire occidental était enlevé, le Sahel devient la nouvelle arène où diplomates, militaires ou businessmen du Golfe sont considérés comme des proies de choix.”
La rançon faramineuse de plus de 50 millions de dollars américains, selon nos recoupements, des Émirats change la donne : pour le JNIM et consorts, chaque otage arabe vaut désormais son pesant de dollars et de mortiers. Le spectre d’une compétition entre capitales pour le rachat de leurs élites plane dangereusement, tandis que le profil des victimes s’élargit, fracturant la solidarité internationale et minant la résilience locale.
Ce deal, silencieux car gênant à l’heure de la lutte mondiale contre le terrorisme, expose les contradictions : la lips diplomatique sur qui paie quoi; l’alimentation du front armé par les fonds et le matériel venus de gouvernements pourtant alliés au Mali; la fragilisation du tissu social malien, où la peur s’installe chez les cadres, leaders religieux ou élus, désormais potentiels “monnaie d’échange” pour les groupes armés.
La libération du général émirati et ses compagnons, arrachée à prix d’or et de fer, révèle la métamorphose du marché du kidnapping au Sahel : les otages valent plus cher, leurs profils se diversifient, et rien n’indique que l’économie du rapt soit près de se tarir. La région se retrouve prise au piège d’une logique où l’argent et les armes deviennent la clef d’une paix éphémère, au détriment de toute justice et toute stabilité durable. Dans ce jeu opaque, le Sahel paye cash le prix de la diplomatie en crise et d’une guerre devenue business – pour ceux qui tiennent encore les clés du silence.
Par Oussouf DIAGOLA et Hugues DESORMAUX (Confidentiel Afrique)


