Une victoire pour l’entrepreneur franco- sénégalais, Abbas JABER, patron du groupe agro- industriel Advens (Geocoton). La Commission européenne vient de valider une aide française de 167,8 millions d’euros à Corsair, mais impose des contraintes strictes pour préserver la concurrence. Abbas Jaber, actionnaire de référence de la compagnie aérienne Corsair à hauteur de 40% blinde ses cartes dans un contexte d’embellie financière de la compagnie dont le chiffre d’affaires a de nouveau progressé à 712 millions d’euros.
Cette décision de la Commission européenne annoncée le 23 décembre 2025, permet à la compagnie aérienne française de se restructurer tout en limitant son expansion, notamment à Paris-Orly. Corsair, spécialisée dans les liaisons vers l’Outre-mer, paie ainsi le prix de cette survie financière soutenue par l’État.
L’aide se compose d’une annulation de 80 millions d’euros de dettes issues d’un prêt de 2020 et d’un financement supplémentaire de 87,8 millions d’euros. Ce plan révisé, notifié en 2023 après des difficultés aggravées, vise un retour à la viabilité à long terme d’ici la fin de la restructuration. Bruxelles avait enquêté depuis février 2024 pour s’assurer du respect des règles sur les aides d’État.
En juillet dernier, Corsair avait finalement annoncé le renoncement de Brazzaville, remplacé par un investisseur privé, dont le groupe n’était autre que Abbas Jaber à la tête du conglomérat stratégique agro- industriel Advens. Cette entrée dans le capital de la compagnie spécialisée dans les liaisons vers l’outre-mer a révélé, avait été révélée le 9 septembre, à hauteur de 15 millions d’euros, pour 40 % du capital.
L’entrepreneur Abbas Jaber, nouvel actionnaire de référence de Corsair, blinde le dispositif
Ce Franco-Libano-Sénégalais, 66 ans, historiquement actif dans le négoce et le coton au sud du Sahara, avec cette décision de renflouer les caisses de Corsair prend de l’épaisseur et voit ses ambitions se concrétiser. Abbas Jaber a investi dans la meunerie, et s’est ouvert dans les solutions d’assurance et les équipements solaires à destination des cultivateurs africains. Le PDG de Corsair, le français Pascal de Izaguirre, affirmait que l’arrivée du franco- sénégalais Abbas Jaber était une bonne bouffée d’oxygène dans le recentrage de la vision stratégique de ladite compagnie.
Toutefois, Corsair doit réduire ses rotations de vols et libérer des créneaux horaires (slots) à Paris-Orly, aéroport saturé et stratégique pour les routes vers l’Outre-mer. Ces slots reviennent prioritairement à des concurrents comme Air Caraïbes ou French Bee, sans aides publiques similaires, pour rétablir l’équilibre concurrentiel. L’expansion est interdite sur de nouvelles destinations non prévues dans le plan validé, avec un focus sur les lignes rentables vers Antilles, Guyane, Réunion et Mayotte
Renforcement de la flotte Corsair et reprise des lignes
La compagnie a déjà arrêté sa ligne Paris-Montréal pour se concentrer sur ses axes cœur, contribuant à un bénéfice net de 15,2 millions d’euros en 2024-2025 malgré une baisse des passagers. Ce recentrage s’accompagne d’une modernisation de la flotte vers des Airbus A330neo, réduisant les coûts. Les contraintes limitent la croissance, favorisant les rivaux sur Orly.
Cette approbation s’inscrit dans un contexte de soutiens publics répétés aux compagnies desservant l’Outre-mer, comme en 2020 pour 106,7 millions d’euros supplémentaires. Bruxelles veille à ce que l’argent public n’écrase pas la concurrence, protégeant un marché clé pour les territoires ultramarins. Corsair émerge plus robuste financièrement, mais avec un réseau réduit.
Au lendemain de l’annonce du feu vert de Bruxelles, Corsair n’a pas communiqué de liste officielle de lignes « supprimées » pour 2026. Au contraire, la compagnie a récemment confirmé le maintien de ses axes stratégiques. Dès septembre 2025, Corsair anonncait le renforcement de son programme sur ses destinations historiques. Les « réductions de rotations » imposées par Bruxelles semblent porter sur le plafonnement de la croissance plutôt que sur une coupe sombre dans le réseau actuel : avec jusqu’à 13 vols par semaine vers Pointe-à-Pitre et 10 vers Fort-de-France; les liaisons vers La Réunion, Mayotte et l’Île Maurice sont maintenues.
Concernant la desserte Afrique, la compagnie programme un vol quotidien vers Abidjan, et des fréquences régulières vers Bamako (jusqu’à 6/semaine) et Cotonou (jusqu’à 5/semaine).
Si aucune ligne n’est officiellement supprimée, la « réduction » demandée par Bruxelles se matérialise par la cession de slots à Paris-Orly. Corsair doit rendre des créneaux horaires qui seront réattribués à des concurrents. Cela signifie que Corsair ne pourra pas augmenter ses fréquences sur des jours de forte demande (week-ends, vacances scolaires) autant qu’elle le souhaiterait. Par ailleurs, la compagnie s’est engagée à limiter sa flotte à 9 appareils (tous des Airbus A330neo). Cette limite physique de la flotte entraîne mécaniquement une réduction du nombre total de rotations possibles sur l’année par rapport à un scénario de croissance libre.
« Nous terminons l’année avec un résultat tout à fait robuste. Notre résultat net est de +15,2 millions d’euros, soit une amélioration de 14,1 millions d’euros. Concernant le résultat d’exploitation, nous enregistrons une très forte progression puisque ce résultat est de +26,4 millions d’euros, soit une amélioration de 23,4 millions d’euros. Le chiffre d’affaires a de nouveau progressé à 712 millions d’euros alors qu’il était de 701 millions d’euros l’année précédente » a rassuré le PDG de la compagnie aérienne Corsair, Pascal de Izaguirre..
Par Oussouf DIAGOLA et Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)


