
Sa radiation des listes électorales avec comme conséquence directe son inéligibilité avait fait l’effet d’un tonnerre dans le landerneau politique ivoirien. L’annonce de sa démission, tôt ce lundi ce matin, de la présidence du parti PDCI-RDA qui portait sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025, a tout aussi retenti comme une bombe dans la capitale ivoirienne et les chancelleries occidentales.
Le candidat de l’opposition à l’élection présidentielle ivoirienne, l’ex- banquier international Tidjane Thiam a annoncé sa démission de la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale formation d’opposition, tout en assurant vouloir continuer de mener la bataille pour la présidentielle d’octobre prochain, au lendemain de sa radiation de la liste électorale.
« Dans l’intérêt du parti, j’ai décidé de remettre entre vos mains, à vous les militants, mon mandat de président du parti », a déclaré M. Thiam dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux dans laquelle il est vêtu d’une chemise en pagne imprimé au logo du parti.
Conformément aux textes du parti, l’intérim devra donc être assuré par le doyen Ernest N’Koumo Mobio. Ce dernier a lancé « un appel à la cohésion, la sérénité et la discipline » et convoqué une réunion du bureau politique du parti dans la journée de ce lundi 12 mai 2025 à Abidjan au regard « de l’urgence liée à la situation politique ».
Depuis plus d’un mois, l’opposant au régime d’Alassane Ouattara vit en dehors du pays. Sa déclaration signifie son retrait de la bataille pour la présidentielle même s’il assure qu’elle ne « change rien à l’engagement » qu’il a pris « en décembre 2023 de conduire personnellement le parti (PDCI-RDA) à la victoire en octobre 2025 ».
« Je sais qu’après m’avoir élu en 2023, vous m’accorderez de nouveau votre confiance », a ajouté dans sa déclaration celui qu’on appelle désormais affectueusement Tithi, laissant entendre qu’il compte être de nouveau élu à la tête du parti une fois l’imbroglio juridico-administratif de la question de sa double nationalité résolue.
En effet, son élection à la tête du PDCI est contestée en justice par une militante du parti qui estime qu’il n’était pas ivoirien au moment du scrutin en décembre 2023. Le 22 avril dernier, la justice ivoirienne l’a radié de la liste électorale, estimant qu’il avait perdu sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription en 2022. Or, l’article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960, indique que l’acquisition d’une autre nationalité entraîne la perte de la nationalité ivoirienne.
La question de la nationalité empoisonne le débat politique en Côte d’ivoire depuis 2010. « Alors que l’on était en droit d’espérer des élections inclusives, transparentes et apaisées, force est de constater que la radiation injustifiée du candidat du PDCI vient s’inscrire dans la logique de l’élimination des leaders des principaux partis politiques de l’opposition pour se garantir des élections sur mesure et une victoire certaine », a déclaré M. Thiam dans son allocution.
Trois autres figures de l’opposition ayant annoncé leur intention d’être candidats sont absentes de la liste électorale, en raison de condamnations judiciaires. Il s’agit de l’ancien président (2000-2011) et opposant Laurent Gbagbo, de son ancien bras droit Charles Blé Goudé et de l’ancien leader, proche collaborateur du président Ouattara et ex- Premier ministre Guillaume Soro.
Le président Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis 2011, s’est dit tout dernièrement « désireux de continuer à servir son pays », ce qui fait dire à beaucoup d’observateurs que “la déclaration de sa candidature pour sa propre succession est une affaire conclue qui attend le bon moment pour être annoncée”.
Par Oussouf DIAGOLA et Hippolyte GOURMANTIER (Confidentiel Afrique)
RSS