Au Sénégal, certains fuient la chaleur accablante du mois de septembre pour trouver refuge sous des cieux plus cléments. D’autres- à l’instar du journaliste Madiambal Diagne- semblent surtout fuir l’œil prégnant de la Division des investigations criminelles (DIC). L’intéressé, patron d’un groupe de presse est réputé pour ses chroniques politiques a braqué cette fois contre lui l’appareil sécuritaire de l’État. Le ministre de l’Intérieur Me Bamba Cissé, nouvellement nommé vient de lancer un mandat d’arrêt international contre lui. Détails
Madiambal Diagne a réussi l’exploit de “quitter le pays dans des circonstances non encore élucidées”, tournant en dérision aéroports, douaniers et autres vigiles censés verrouiller les frontières. Voilà qui place l’État dans la posture humiliante d’un hibou croyant veiller la nuit alors que les souris dansent et s’échappent par la grande porte. Le tout nouveau sécurocrate du gouvernement Sonko, l’avocat Me Bamba Cissé marque son autorité hausse le ton et braque l’appareil sécuritaire de l’État contre le journaliste. Déjà, les commissaires de la Dic et du Commissariat spécial à l’aéroport ont été dans la soirée relevés. L’une des epouses du fugitif, gérante de la société impliquée dans le dossier Ellipse, a été interpellée et mise en garde à vue tout comme son marabout et deux de ses enfants.
Le « fugitif » a été débarqué manu militari d’un avion dans la nuit du 23 au 24 septembre- un épisode théâtral qui aurait ravi un scénariste de série policière à petit budget. Le temps de reprendre son souffle, Diagne annonçait, bravache, qu’il se trouvait déjà en France, non pour fuir mais pour “préparer sa défense” avant de revenir, chevalier blanc, “faire face à [ses] responsabilités”. Traduction libre : régler ses arrières avant de tenter un retour à haut risque.
Brûlot du PicardGate
Dans son sillage, l’affaire traîne un parfum d’argent pas très clair. La CENTIF, chien de garde financier, cite lourdement Ellipse Projects International, société mise en cause dans un rapport qui brûle les doigts de ceux qui l’ouvrent. Un méga scandale révélé en exclusivité par Confidentiel Afrique dans sa parution du 13 mars 2025 et dont l’entrepreneur français Olivier Picard en est le métronome de ce gigantesque « banditisme » financier. Or, quelle coincidence : l’une des épouses de Diagne en est gestionnaire d’après la CENTIF. La voici, elle, sommée de s’expliquer en garde à vue, en compagnie du marabout familial et de deux rejetons emmenés pour témoignages forcés. Le feuilleton mêle ainsi argent, famille, spiritualité et désormais, diplomatie internationale. Netflix peut bien prendre des notes.
Pendant que Paris sert de refuge provisoire au journaliste en cavale, Dakar peine à digérer l’affront. Peut-on encore vanter un appareil sécuritaire performant lorsque l’un de ses plus illustres contempteurs se volatilise, puis fanfaronne depuis l’Hexagone ? Le paradoxe est cruel : un État qui a l’habitude de surveiller ses opposants sous la loupe se retrouve floué par un homme qu’il pourchasse en affichant son absence.
Reste à savoir si le célèbre journaliste Madiambal Diagne tiendra parole en revenant “dans quelques jours”. Le pays, qui a déjà vu bien des retours manqués et des promesses envolées, prend cette annonce avec le cynisme de rigueur. Au fond, peu importent ses voyages : l’essentiel se joue dans les dossiers de la DIC, où les héros de la prolongation n’ont rien de pittoresque. Quand le projecteur de la justice est braqué sur
Par Hugues DESORMAUX (Confidentiel Afrique)


