«Je condamne fermement la répression des manifestations qui ont fait des morts au Tchad. J’appelle les parties au respect des vies humaines et des biens et à privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise », a tweeté ce jour le Président de la Commission de l’Union africaine, le diplomate tchadien Moussa Faki Mahamat. Un message clair, audacieux qui a valeur symbolique dans un pays à l’état épileptique. La sortie du patron de la Commission de l’Union africaine est sans appel et remet les choses à leur juste place.
À l’évidence, l’Union africaine était attendue si on sait que c’est elle qui avait décidé d’accompagner le Conseil militaire de transition dirigé par le fils du Président défunt Mahamat Idriss Déby après la mort du défunt Maréchal Idriss DEBY ITNO le 20 avril 2021. Cette décision avait suscité bien des débats car la junte avait foulé au pied les régles démocratiques. L’Ua est passée à la vitesse supérieure en blindant sa position. L’organisation panafricaine dirigée par Moussa Faki Mahamat est devenue intransigeante. Son Conseil Paix et Sécurité a rappelé, qu’aucun membre du CMT ne pourra être candidat à la fin de la transition, « et s’en tient toujours à une seule transition de 18 mois ». C’est ce qui explique certainement l’absence de l’Union africaine à la deuxième cérémonie d’investiture de Mahamat Déby. Moussa Faki Mahamat, ancien Premier ministre du Tchad et emblématique patron de la diplomatie tchadienne avant de monter sur la tour d’Addis- Abéba fin janvier 2017, qui a pesé de tout son poids en activant son carnet d’adresses dès les premières heures de la disparition de son compagnon de lutte, afin de sauver les derniers meubles, avait très tôt averti les militaires au pouvoir en leur montrant le chemin royal, celui du sursaut et de l’honneur, mais surtout en appelant à une solution pacifique à la crise. Ses conseils, malheureusement sont tombés dans la sourde oreille de la junte militaire tchadienne, qui a décidé de placer sous son coude le »Plan Marshall » de sortie de crise proposée par le diplomate respecté Moussa Faki Mahamat. Sa voix compte sur la scène internationale.
Chienlit d’un régime répressif
L’Union européenne qui avait fait part de sa «préoccupation » concernant les décisions prises au Tchad «pour prolonger la transition et de permettre au chef de la junte militaire de briguer la présidence », n’a, elle aussi, pas été entendue.
Dès lors, Mahamat Idriss Déby et ses souteneurs sont les seuls responsables de la tuerie de ce jeudi 20 octobre 2022 au Tchad, qui a fait plus d’une quarantaine de morts et des centaines de blessés. Si la junte militaire au pouvoir avait respecté son engagement de faire une transition de dix huit mois et de partir tranquillement, ce carnage d’une violence inouïe serait évité.
Selon des sources crédibles parvenues à Confidentiel Afrique, des organisations de défense des droits de l’homme mettent depuis cet après-midi meutrier la main sur la copie de saisine à adresser à la Cour Pénale Internationale pour homicide vontaire. Sans exagérer, ce qui s’est passé ce jeudi à NDjaména et dans plusieurs villes du pays est un véritable drame qui risque de précipiter la chute du Président du PCMT. La marmite est trop pleine de frustrations exacerbées et de clivages intenables.
Par Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)
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