
Confidentiel Afrique: Confirmez-vous que le marché de la Zone économique spéciale attribué à votre holding Strategos Group est évalué à près de 126 millions de dollars ?
Luc Gérard Nyafé, PDG du Groupe Strategos:
Le marché n’est pas évalué à 125 millions de dollars USD. Aujourd’hui Mauluku est un terrain vague, marécageux, pour le transformer en Zone economique spéciale, l’aménageur choisi devra investir 125 millions de dollars USD pour habiliter le site, faire des routes, y amener de l’électricité etc…. donc, c’est une prise de risque pour l’aménageur, aujourd’hui, le marché n’existe pas, car, il faudra le créer et chercher des investisseurs prêts à s’y installer. S’ils ne viennent pas, le risque et les pertes seront pour Strategos. C’est une différence énorme entre une obligation d’investir et un marché.
Confidentiel Afrique: Dans le pipe line du financement on parle de la Banque mondiale. Quelle est la structuration du véhicule de financement ?
Luc Gérard Nyafé, PDG du Groupe Strategos:
Pour ce qui est de la Banque Mondiale, cette institution n’a aucune obligation d’investir. Selon certaines sources, cette institution a financé les études menées par l’État Congolais et le travail préliminaire depuis 2008, qui a abouti à un appel d’offre et c’est elle qui aurait recommandé à l’État congolais de passer par un conseiller en transaction internationale pour l’attribution du marché. Mais, cela n’a rien à voir avec Strategos. Nous n’avons pas de relation avec la Banque Mondiale sur ce projet. Aujourd’hui l’aménageur est une holding à 100% du groupe Strategos et, c’est à elle à structurer le financement, que ce soit sur fonds propres ou via des partenaires.
Vous affirmez avec fermeté que le processus d’attribution de ce marché en tant société aménageur ne souffre d’aucune irrégularité et pour éviter la prééminence d’un conflit d’intérêt, vous vous êtes retiré, mais c’est toujours votre société Strategos qui tient les cartes. Comptez-vous travailler avec des entreprises locales pour une meilleure redistribution inclusive des retombées financières ?
Personne ne peut parler d’irrégularités dans le processus, car les étapes et la méthodologie d’attribution sont très claires. D’ailleurs ce n’est pas l‘État congolais qui choisit l’aménageur indépendamment, mais suite aux recommandations d’une entreprise chargée de mener à bien le processus. Ce n’est que par souci d’éviter les conflits d intérêts futurs potentiels et bien que je n’ai aucune fonction exécutive ou ni pouvoir décisionnel en RDC que pour tous mes investissements existants en RDC qui datent de 2015, de 2016 et de 2017. Je me retire de la gestion directe de ses investissements et en confie la gestion à des professionnels indépendants, rapportant à un conseil d’administration aussi indépendants. Comme cela se fait partout dans le monde. Je vous mets au défi de trouver d’autres personnes qui agissent ou ont agi avec la même transparence.
Il est évident que si nous investissons en RDC, nous travaillons avec des entreprises locales. Sinon avec qui? Vous parlez de retombées financières… lesquelles? Il faudra créer ce marché, et attirer des industries etc… pour espérer avoir des retombées. Et s’il y en a, ces industriels qui arrivent construiront avec des entreprises locales, engageront du personnel local, consommeront des produits locaux etc… Par contre, s’il n y en pas, qui va assumer le risque? Je suis très surpris du degré de méconnaissance des gens sur ce que représente la construction d’une zone industrielle ? Ce risque que normalement doit prendre l‘État congolais est transférer à un privé.
Donc, vous avez délégué vos pouvoirs à un Directeur général sur place ?
C’est déjà le cas. La RDC représente moins de 3% de notre chiffre d’affaires.
Quelle est la durée de concession et la date opérationnelle de la Zone économique spéciale?
La concession est de 25 ans. La date opérationnelle dépendra de la mise à disposition des terrains qui est du ressort de l’Agence ZES. Pour rappel, la RDC essaie de démarrer sa première zone franche depuis 2008.
À lire dans le bimensuel confidentiel Telex Confidentiel Afrique à paraître le 25 février en partenariat avec Enjeux Africains de François Katendi ‘’ la Grande Enquête ‘’ sur les dessous de la Zone économique spéciale de Maluku
Propos recueillis de Bogota par Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)
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