Dans les allées de la bâtisse présidentielle de Niamey, au lendemain du limogeage du ministre des Finances, Hassoumi Massaoudou, point trait de crispation sur les visages des occupants. Au contraire, l’ambiance était bon enfant. Dans sa quête de vérité pour en avoir le cœur net sur les véritables raisons du départ du désormais ex-argentier de l’État, Confidentiel Afrique a pu démêler l’écheveau avec des confidences bien sourcées recoupées auprès du haut etablishment politique de premier plan du parti au pouvoir. Des sources ont révélé à Confidentiel Afrique, que le limogeage de l’ancien ministre nigérien des Finances, Hassoumi Massaoudou ne serait aucunement lié à l’affaire du contrat (PPP) de marquage des produits d’hydrocarbures signé avec le Bureau Veritas-SIPCA et dont certains médias locaux en ont fait largement écho ces derniers jours.
<< Sur le plan de la gestion de son département, le ministre Massaoudou est irréprochable et son magistère est d’une satisfaction inestimable aux yeux du Chef de l’État>> avoue un proche du Président. Idem chez les membres du gouvernement qui apprécient son travail et sa rigueur, poursuit la source. Selon des informations recoupées auprès de l’entourage immédiat du Président Issoufou Mahamadou, le départ de Hassoumi Massaoudou est plus lié au franchissement du seuil de la ligne disciplinaire tracée par le parti au pouvoir (PNDS-Taraaya). La décision du limogeage de l’ancien ministre des Finances est intervenue seulement après plusieurs médiations avérées infructueuses auprès de ce dernier en vue de se conformer à la ligne du parti. On apprend dans la même veine, que le Chef de l’État Issoufou Mahamadou, a dépêché deux ténors du cabinet présidentiel et trois personnalités du « clergé des 14 » pour raisonner le ministre Massaoudou, de ne pas piétiner la prééminence textuelle directoriale du parti. Le Président Issoufou dans sa magnanimité et son attachement à la préservation de l’unité du PNDS-Tarraya, n’était point dans la posture de contrarier celui que l’on considère comme l’un de ses plus fidèles proches lieutenants politiques. Ce qui explique la mission au pas de charge des missi dominici nocturnes du Président Issoufou au domicile de Hassoumi Massaoudou. Ce dernier devant la médiation des 3 plénipotentiaires du « clergé des 14 » et deux membres du cabinet présidentiel, après échanges, a pris l’engagement de se conformer à la ligne du parti et même affirmé séance tenante aux visiteurs qu’il n’en parlerait plus. Coup de théâtre! L’ancien ministre des Finances, en rajoutera une couche, brûlant de facto, l’agreement fait aux plénipotentiaires du président et du parti, multipliant ses réunions secrètes et visites politiques de proximité. Ce non respect des engagements du ministre, perçu comme la goutte de trop, a poussé le Président à prendre la décision de faire éjecter du gouvernement Massaoudou Hassimou. « J’avoue que le Président Issoufou est peiné par ce départ. Mais il a pris cette décision pour restaurer le climat de cohésion, d’unité du parti » glisse un officiel consulté par Confidentiel Afrique. D’ailleurs, le Chef de l’État s’en est ouvert à des proches sur la peine qu’il ressentait après le départ de Massaoudou Hassoumi. Avant la défenestration du ministre Massaoudou, une bonne pile de fiches de renseignements grouillaient sur la table du Président, alertant ce dernier, sur les risques d’une fragilité que pourrait occasionner la dissonance des positions frontales à l’intérieur du parti. Toutefois, le cas Massaoudou peut se révéler à priori intéressant, pour la simple raison qu’il constitue un sérieux signal pour les fortes prétentions affichées ou pas encore, que l’agenda politique du Président Issoufou Mahamadou est en cours d’exécution. À cadence feutrée et en douceur. Le Président Issoufou Mahamadou allie l’intelligence politique et la stratégie pour faire-valoir son agenda politique successoral. Dans la forme rigoriste des règles de l’art en cours au sein du PNDS-Taraaya. À défaut de ne pas parrainer Mohamed Bazoum, le puissant « sécurocrate » du Niger et actuel président du parti au pouvoir, comme candidat du PNDS aux joutes présidentielles prochaines, même s’il tient les cartes en main, pour des calculs de calibrages d’ordre politique et stratégique, le Président Issoufou pourrait sortir le grand jeu avec l’apparition du 3ème larron, au profil plus fédérateur, rassembleur, moins clivant, mais surtout technopolitique. Cette option lui permettrait de s’éloigner du syndrome des longs couteaux d’un dauphinat à problèmes. Qui sait ? Urbi orbi, selon plusieurs indiscrétions recueillies par Confidentiel Afrique, le Chef de l’État et l’ancien ministre Massaoudou Hassoumi entretiennent toujours des rapports cordiaux. Nos informations renseignent même que l’ancien ministre des Finances avant de prendre quelques jours sabbatiques, juste au lendemain de son limogeage, aurait pris le soin d’en informer le Président Issoufou. Depuis quelques jours, des sources crédibles parvenues à Confidentiel Afrique, évoquent l’imminence d’une retrouvaille entre Issoufou Mahamadou et l’ex-argentier de l’État. Ce tête-à tête, qui devrait intervenir dès le retour du Président nigérien du Sommet d’Addis Abeba, est le fruit d’intenses tractations en coulisses d’une poignée de fidèles parmi les fidèles du Chef de l’État, qui souhaitent le retour en grâce de Hassoumi Massaoudou.
Par Ismael AIDARA, Directeur Éditorial
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