Selon les informations rendues publiques par ICIJ, l’homme d’affaires congolais, une des plus grosses fortunes du continent, Sinidika Dokolo et son épouse Isabel Dos Santos (42ans) et fille de l’ancien président d’Angola, auraient profité de l’État angolais via un système de financement des plus sophistiqués.
La société publique, Sodiam chargée de la production et la commercialisation des diamants du pays, aurait été utilisée pour financer les affaires du couple qui a secrètement acheté en 2012 le joaillier suisse De Grisogono, pour 25 millions d’euros. Masqué par un montage financier en cascade, M. Dokolo n’apparaît pas directement révèle que sa holding suisse, Exem Holding AG, est actionnaire unique d’une société enregistrée aux Pays-Bas, Melbourne Investments BV, utilisée pour acquérir 50 % des parts de Victoria Holding Limited. M. Dokolo, qui n’a initialement investi que 4 millions de dollars (3,6 millions d’euros) s’est rémunéré à travers une de ses sociétés de conseil établie aux îles Vierges britanniques : 5 millions de dollars en honoraires pour avoir facilité le rachat de De Grisogono.
Sodiam a dû commencer par emprunter 120 millions de dollars à la banque BIC, dont Isabel dos Santos détient des parts, avant d’injecter plus de 130 millions d’euros dans Victoria Holding Limited, une société maltaise utilisée pour racheter le capital du joaillier genevois De Grisogono avec un sombre «investisseur privé», probablement Sindika Dokolo, qui aurait apporté 104 millions de dollars.
L’enquête dément les affirmations de l’avocat américain de Sindika Dokolo qui soutient que son client «a investi ses propres fonds, environ 115 millions de dollars en capital» dans le rachat de De Grisogono avec des documents qui situeraient son investissement à environ 90 millions de dollars, issus de quatre prêts accordés par la banque BIC. La société publique angolaise, elle, va se résigner à injecter chaque année les 20 à 30 millions d’euros nécessaires pour éponger les dettes de la maison genevoise, qui enregistre des pertes cumulées de plus de 110 millions d’euros, de 2011 à 2016. Même le ministère des finances angolais va investir 12,5 millions de dollars dans De Grisogono, qui continue malgré tout à perdre de l’argent.
Très en colère par ces révélations, Sindika Dokolo dénonce : «l’un de nos cabinets d’avocats, PLMJ, avait déjà été hacké dès 2015. On savait que plusieurs de nos sociétés ont été ciblées par un hacker portugais, ces documents ont été gardés et sont instrumentalisés aujourd’hui pour faire main basse sur nos avoirs à l’étranger.» Il faut noter que le gouvernement angolais, a entrepris, il y a une semaine environ une tentative de mettre la main sur les biens qu’il soupçonne mal acquis par plusieurs personnalités proches de l’ancien président José Ediardo Dos Santos. Pour son gendre, donc le gouvernement «se sert de la presse pour manipuler l’opinion et les gouvernements.»
Par Oussouf DIAGOLA, Grand Reporter à Paris
RSS