SÉCURITÉ EN AFRIQUE
Relations entre Union africaine et Nations Unies
PAR MOUSSA FAKI MAHAMAT,
Président de la Commission de l’Union africaine
Les relations entre l’Union africaine (UA) et l’organisation des Nations unies (ONU) ont été consolidées en avril 2017 par la signature du cadre commun pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité et en janvier 2018, par celle du Cadre pour la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Afrique et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ces accords ont fait passer le partenariat existant au niveau supérieur, c’est- à-dire à une collaboration plus étroite, des échanges et des consultations plus réguliers.
Une des mesures de cette interdépendance inextricable est que l’Agenda 2063 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont été harmonisés, en s’appuyant sur un engagement déjà solide, même si l’on aura besoin de davantage de dynamisme et d’élan pour atteindre les objectifs fixés pour 2030.
Les deux organisations restent unies dans la recherche de la paix et de la stabilité sur le continent, deux facteurs cruciaux pour assurer le développement de l’Afrique. En dépit de résultats concrets, le terrorisme et l’extrémisme violent sont toujours de sombres menaces pour l’Afrique, tout autant que pour la paix et la sécurité dans le monde. Vu ses responsabilités mondiales, il est indispensable que l’ONU se serve des contributions de ses États membres pour appuyer les opérations de maintien de la paix menées par l’UA. Puisque le thème de l’UA pour 2020 met l’accent sur « Faire taire les armes en Afrique », il y a là une opportunité de renouveler et améliorer le partenariat UA-ONU en faveur de la paix, la stabilité et le développement sur le continent.
Pour sa part, l’Union africaine a continué à faire preuve de son engagement envers l’accroissement des contributions de ses États membres, notamment en faveur du Fonds pour la paix de l’UA. Ce fonds améliorera l’efficacité de l’Union et renforcera l’unité africaine sur le continent et à l’échelle mondiale. Mettant l’accent sur la solidarité, l’égalité et la responsabilité, le cap qui a été fixé en vaut la peine puisqu’il vise à trouver « des solutions africaines aux problèmes africains », selon l’expression consacrée.
Afin d’assumer sa responsabilité de premier garant de la paix et de la sécurité sur le continent et dans le monde en général, il est pourtant essentiel que l’ONU collabore étroitement avec l’UA, entre autres dans la région des Grands Lacs, le Sahel, le bassin du lac Tchad, la Corne de l’Afrique, la République centrafricaine, le Soudan du Sud et la Somalie. Si cette collaboration était renforcée, cela contribuerait à consolider des succès récents. Par exemple, le 6 août 2019, le président du Mozambique, Filipe Nyusi, et le chef de la Renamo, Ossufo Momade, ont signé un accord historique pour cesser les hostilités et poser les bases de la paix. Dans le même esprit, le 10 août 2019, les leaders de l’armée et de l’opposition au Soudan ont signé un accord de partage du pouvoir à Khartoum. Tout cela constitue une évolution positive. Il est essentiel que l’ONU collabore étroitement avec l’UA.”
Bien sûr, le réchauffement climatique demeure une question préoccupante pour l’Union. Alors que l’Afrique reste le continent qui produit le moins de gaz à effet de serre, c’est la région la plus affectée par le changement climatique. Les sécheresses, les inondations et les ouragans frappent l’Afrique fréquemment et intensément. Les dégâts causés actuellement par El Niño au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe ont vivement rappelé la menace que représentent de telles catastrophes naturelles. Sur les dix pays du monde qu’on considère comme les plus menacés par le réchauffement climatique, sept sont africains : la Sierra Leone, le Soudan du Sud, le Nigeria, le Tchad, l’Éthiopie, la République centrafricaine et l’Érythrée. Des efforts sont en cours, à travers l’organisation du NEPAD, pour aider douze États membres à élaborer des propositions de projets portant sur l’adaptation agricole et le réchauffement climatique, susceptibles de recevoir le soutien financier du Fonds vert pour le climat. Mais l’ONU et les parties prenantes concernées ont un rôle à jouer pour aider l’Afrique à accéder aux financements mondiaux liés au climat.
Il ne fait aucun doute que le multilaté- ralisme et les institutions multilatérales sont aujourd’hui remises en question. Le monde assiste à l’essor d’un extrémisme politique de droite, au ralentissement de la croissance économique, au creusement des inégalités et de la pauvreté, ainsi qu’à une fragilité des États. Ces défis exigent des efforts plus concertés et une meilleure collaboration entre l’Union africaine et les Nations unies pour s’attaquer efficacement aux questions mondiales d’intérêt commun.
Source : METRO UN en Page 7 numéro du 18 Septembre 2019
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