Confidentiel Afrique : Quel regard portez-vous sur le processus électoral ?
Florent Geel, Directeur Afrique de FIDH: La FIDH attend le résultat officiel du scrutin mais d’ores et déjà quelques incidents ont été rapportés. Les nombreux observateurs internationaux sur place nous diront si ces événements sont de nature à remettre en cause le scrutin mais selon les informations publiques disponibles il s’agirait d’une dizaine de bureau de vote sur presque 800 ce qui semble relativement marginal. Par contre, les informations faisant état de 3 blessés par balles sont plus inquiétantes et la lumière devra être faite sur les circonstances de ces violences : utilisation de la légitime défense ou abus de la force ? Les appels à la désobéissance civile, même s’ils n’ont pas été suivi, sont un signe que les acteurs politiques ne sont pas sereins. Il faut dire que l’opposition, très divisée, n’a pas été en mesure de se rassembler pour affronter le président sortant et contrer une stratégie de terrain que le candidat Azali à mise en œuvre de façon semble-t-il très efficace. Avec l’adoption de la nouvelle constitution, très décriée mais adoptée massivement, ilest certain que le président Azali a imposé son timing et ses sujets.
Confidentiel Afrique: Qu’attend la Fidh des nouvelles autorités qui seront élues?
Florent Geel: Nous attendons surtout des actes et de la permanence. La libération de certains prisonniers, notamment de la société civile, nous apparaît nécessaire et urgent. Ce serait un signe d’apaisement et un geste fort après les tensions de ces derniers mois. Ensuite, il y a des chantiers importants qu’il faut mener dans la durée : améliorer la justice, les droits économiques et sociaux, et surtout régler les tensions et violences politiques générées par l’organisation institutionnelle de l’Union. L’accord de 2001 a permis de gérer cette tension pendant un temps. La nouvelle constitution se veut être une nouvelle étape pour l’unité de l’Union, mais l’on perçoit que certains groupes veulent des garanties. Il faut selon moi leur apporter ces garanties. Un travail sérieux pour améliorer l’état de droit aux Comores peut apporter ces garanties. Le débat politique devrait alors être plus serein. Quelque soit l’issue du scrutin, les nouvelles autorités devront poser des actes concrets en matière de droits humains, de réformes démocratiques et de poursuite de l’amélioration des services de bases et du développement économique au profit des populations. Tous les candidats devraient s’engager sur ce point. Nous discuterons pour notre part avec les nouvelles autorités sur tous ces points et essayerons d’obtenir des engagements. Le président Azali s’est engagé pour sa part sur de telles mesures, si c’est lui qui est élu nous évaluerons la réalisation de ses promesses. Si c’est un membre de l’opposition nous ferons ce même travail de demande d’engagement et d’évaluation des résultats. La Fidh ne souhaite pas donner de leçons mais les décideur.e.s ont toujours besoin d’organisations indépendantes qui osent leur rappeler leurs promesses tout en étant réalistes sur les réelles marges de manœuvre des États dans un contexte international dégradé. Mais des avancés sont possibles et nécessaires.
Propos recueillis par Mamadou Moussa BA, Envoyé Spécial de Confidentiel Afrique à Moroni.
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