«CBI SA a bénéficié en 2016 de ICD d’une ligne de financement de 17 millions d’Euros pour le lancement des PME/PMI entièrement utilisée »
Propos recueillis par Ismael AIDARA à Ouagadougou
Confidentiel Afrique : Depuis son lancement le 15 juillet 2015, CBI Baraka, la Branche de CBI SA dédiée à la Finance Islamique, première sur le marché du Burkina, vient d’enrôler dans ses livres plus de 6000 clients, que représente pour vous cet engouement spectaculaire quand on sait que le concept de ce mode de financement est nouveau dans le pays ?
Soré Sylvie KINDA : CBI BARAKA, Branche Islamique de CBI SA est une des innovations majeures du Groupe Coris au Burkina Faso. Ella a été lancée en Juillet 2015. CBI BARAKA a certes bénéficié de l’avantage du pionnier, mais, ce qu’il faut noter, est que la branche Islamique vient combler un vide en répondant aux attentes d’accès à une solution de financement basée sur les principes de l’Islam des Burkinabès. CBI Baraka est un système alternatif qui vient compléter le système conventionnel en offrant des opportunités pour le financement de l’économie, la relance de l’emploi, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie des citoyens, en un mot, le développement de notre pays. On peut même affirmer que les produits de la Finance Islamique sont adaptés aux valeurs africaines et aux besoins de croissance des pays africains. C’est pourquoi les Burkinabés ont adhéré massivement et rapidement dès le lancement de la solution.
Quels types de produits proposez-vous à la clientèle ?
Plusieurs produits et services sont offerts à la clientèle. Ces derniers ont fait l’objet d’analyse par le Conseil de conformité interne qui atteste de leur conformité aux principes et règles de la Finance islamique et sont conformes aux dispositions de l’instruction n°004-05-2018 relative aux caractéristiques techniques des opérations de finance islamique et sont donc offerts à nos guichets Wadi’a (compte de dépôts à vue) qui est un compte à vue destiné aux personnes physiques et aux personnes morales. Le compte Wadi’a ne donne lieu ni à perception, ni au paiement d’intérêts.
La Moudaraba (compte d’Investissement ) qui est sous forme soit de compte d’épargne ou soit de dépôt à terme offert au marché cible. Le principe de rémunération proposé est basé sur la règle de partage à terme des profits réalisés dans les Investissements. Une clef de répartition des bénéfices est convenue à l’avance entre la banque et l’investisseur.
La Mourabaha financement qui est une formule de financement islamique offerte aux clients pour les besoins d’acquisitions de biens. Par cette formule, la banque achète des marchandises auprès des fournisseurs et les revend au client. Le coût d’acquisition et la marge appliquée par la banque sont connus d’avance par les deux parties.
La Ijara financement est le produit par lequel la banque propose un contrat de location avec acquisition. Le bien est loué pour une période déterminée avec possibilité d’acquisition à terme par le client. Le coût de location est échelonné sur la période.
Il faudra noter qu’à côté de ces produits, il existe bien d’autres produits (Istina’a, Moucharaka, Moudharaba, Salam) et en fonction de la demande formulée par nos clients, nous essayons avec l’aide de notre Comité Charia d’y répondre en apportant des solutions adaptées. Egalement sont disponibles tous les services bancaires qui respectent les principes et règles de la finance Islamique. La finance Islamique est une finance éthique, responsable et non-spéculative. Elle s’adresse à tous ceux qui souhaitent investir, épargner, prêter ou emprunter de manière éthique et conforme au code moral de la finance islamique.
Y’a t’il une attractivité progressive de CBI Baraka du côté du secteur privé burkinabé ?
La Finance Islamique est une finance éthique, responsable et non-spéculative. Elle s’adresse à tous ceux qui souhaitent investir, épargner prêter ou emprunter de manière éthique et conforme au code moral de la finance islamique. L’islam ne s’oppose pas mais, au contraire, encourage le profit comme le revenu d’un effort d’entreprise et d’un capital investi. Ce principe directeur est la preuve si besoin en est, que ce nouveau mode de financement est un terreau fertile pour les entrepreneurs. Aussi vrai que de nombreuses personnes viennent par conviction religieuse, mais nous avons également plusieurs qui sont plutôt attirés par la souplesse qu’elle offre et la clientèle est composée aujourd’hui de toutes les catégories (Particuliers, Entrepreneurs, Associations, institutionnelle) sans distinctions aucunes.
Des lignes de financement provenant des guichets d’institutions islamiques ont été mises à la disposition de Coris Baraka pour financer l’économie, où en êtes-vous avec l’utilisation de ces ressources et peut-on s’attendre à l’injection dans Coris Baraka d’autres lignes de financement à court et moyen termes ?
Dès le démarrage de ces activités, CBI SA a bénéficié en 2016 de ICD d’une ligne de financement de 17 millions d’Euros pour le financement des PME/PMI qui a été entièrement mise à la disposition de la clientèle. Une seconde ligne est en cours qui devra permettre de faire bénéficier davantage de PME/PMI. En outre, CBI bénéficie de la part d’ITFC, également filiale de la BID, de lignes pour l’accompagnement de ses clients dans le cadre du financement du Commerce International.
Après l’ouverture en mai dernier d’une Branche islamique à Coris Mali, Coris Bank Baraka ambitionne de se déployer dans ses autres filiales bancaires, comment comptez-vous y déployer ?
C’est un processus qui a été amorcé comme vous le savez et qui a conduit au lancement officiel des activités de la seconde Branche Islamique du Groupe le 03 Mai 2018 au Mali. Après le Mali, ce fut le tour du Sénégal le 29 Mai, le Bénin le 05 Juin et la Côte d’Ivoire le 22 Juin. Les dispositions nécessaires sont en cours pour le Togo et bientôt au Niger. Ce qu’il faut noter, c’est que par le Biais du partenariat que nous avons noué avec ICD, la Société Islamique pour le Développement du Secteur privé et filiale de la Banque Islamique du Développement(BID), les produits et services conformes aux principes et règles étaient déjà disponibles dans ces guichets dès Octobre 2017.
Parlez-nous de cet ambitieux projet de lancement d’une filiale Full Islamic ?
Avec le pari réussi de la mise en place des Branches Islamiques et à la faveur de l’adoption du cadre règlementaire par la BCEAO, l’ambition à moyen terme du Groupe Coris est d’aller effectivement vers des filiales Full Islamiques avec un déploiement progressif dans les pays à fort potentiel. Aussi, les Branches Islamiques constituent une étape intermédiaire qui va nous permettre de connaître le marché de cette offre alternative.
L’ambition à moyen terme du Groupe Coris est d’aller effectivement vers des filiales Full Islamiques avec un déploiement progressif dans les pays à fort potentiel.
Les actifs de la finance Islamique pourraient représenter 3000 milliards de dollars à l’échelle mondiale d’ici 2020 contre plus de 2000 milliards de dollars actuellement, est-ce à dire que ce mode de financement devrait être l’avenir de la finance mondiale dans les années à venir ?
L’industrie de la finance Islamique a bien résisté au choc de la crise dite des « subprimes ». Les fondements même de la finance Islamique constituent un rempart solide face aux bulles spéculatives. En effet, la plupart des instruments financiers à l’origine de cette crise, à savoir les créances hypothécaires de mauvaise qualité et leurs dérivés sont prohibés en finance islamique. Ainsi, les produits de la finance islamique sont des alternatives sûres pour les investisseurs qui veulent se prémunir des éventuelles explosions de ces bulles spéculatives.
Par ailleurs, les pays du Golf où les liquidités sont importantes sont favorables aux investissements dans l’industrie de la finance Islamique. Au regard de ce qui précède, nous pouvons affirmer que l’augmentation des actifs de la finance islamique constatée est tout à fait logique et ira crescendo.
BIO EXPRESS
Titulaire d’un master en commerce international de l’IAE de Lyon 2 et d’un Master en Finance Islamique du London School of Modern Studies est la Directrice de la Finance Islamique auprès du Groupe Coris.
Cumulant plus de 15 années d’expérience professionnelle dans le domaine financier, elle a occupé différents postes à hautes responsabilités au sein de Coris Bank International SA et auprès de plusieurs institutions financières du Burkina Faso avant d’être portée à la tête de la Direction de la Finance Islamique du Groupe Coris. Rompue au travail bien fait, Madame Soré Sylvie KINDA fait partie des pionnières qui œuvrent pour le développement de la Finance Islamique en Afrique.
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